Viol sur mineure à Douai, 10 ans de prison pour l’oncle incestueux

Viol sur mineure à Douai, 10 ans de prison pour l'oncle incestueux

Doit-on condamner un homme sur la base des simples faits qui lui sont reprochés, ou lui faire payer à retardement tout ce qu’il a pu commettre auparavant
Ce même s’il s’agit de choses pour lesquelles il a déjà été condamné, ou pour d’autres qui ne le seront jamais, parce que prescrites.

Il semble que le jury ait opté pour la seconde solution, en allant au-delà des réquisitions de Madame l’avocat général Julien-Rama, qui avait demandé 7 ans.

Il faut dire que le contexte est lourd. Rarement dans un prétoire, on aura vu ici un homme avoir, au cours de sa vie, accumulé, a priori, autant de délits et de crimes sexuels.

Car R. D., dont nous tairons le nom pour protéger ses victimes, n’a pas abusé que d’une seule personne. Outre le viol commis, et reconnu par lui, sur sa nièce, on pourrait aujourd’hui lui en imputer au moins trois ou quatre autres. Plus tous les attouchements. Soit au bas mot une quinzaine de victimes, si l’on en croit les témoignages, certes tardifs, qui se sont accumulés lundi et mardi, à la barre. Et sans parler des personnes qui, bien que victimes, ont préféré rester murées dans leur silence.

« La chappe de plomb »

Seulement voilà, justement, les victimes se sont tues. La fameuse loi du silence, dans les familles. «
La chappe de plomb
», comme cela a pu être dit à plusieurs reprises au cours des audiences. Le fait que, chez certains, et quel que soit leur statut social, on parle de tout et de rien. Et surtout jamais de ce qui fâche ou dérange. Cela devient, comme l’a dit Mme Julien-Rama, dans ses réquisitions, «
Un secret enfoui
».

Et puis, un jour, la dalle de béton explose. Une ose parler. Dire ce qu’elle a subi. Dire que, depuis, la vie est parfois insupportable. En tout cas bien difficile. Et les langues se délient. D’autres disent. Alors le cumul de ces déclarations devient vite effrayant.

Sur les faits reprochés, tout semble clair. Le lieu, l’époque pas évident après autant d’années de retrouver une date précise. Le déroulement des faits. Même si l’accusé affirme ne pas se souvenir. Parce que sa victime, elle, n’a rien oublié. Et en souffre encore aujourd’hui.

Naufrage collectif

Pour Mme l’avocat général, le viol est établi. Il faut entrer en voie de condamnation. Reste le quantum de la peine. Dans ce dossier, R. D. risquait 20 ans. Elle en réclame 7. Car, à moins, il ne serait pas accessible à des mesures de surveillance judiciaire, vu qu’en 2017, son suivi actuel prendra fin. Et que la création de cette mesure est postérieure aux faits commis.

Me Maxence Denis, au nom de la défense rappelle que son client a déjà été condamné trois fois pour des faits d’agressions sexuelles, en 2001, 2002 et 2004. Et qu’il a payé ses dettes. La fellation, antérieure à ces dates Il l’a reconnue. Les autres victimes, ou supposées telles Elles n’ont pas déposé plainte. Tout cela est aujourd’hui prescrit, et ce n’est pas son client qui les a empêchées de le faire. Il reconnaît à la victime ce statut. Mais assure aussi que son client ne peut pas être «
considéré comme coupable de tout. » L’unique responsable de ce naufrage collectif. Alors, 7 ans, cela fait beaucoup. Pour une affaire qui, finalement aurait pu être correctionnalisée. Et puis, 23 ans après les faits, il estime que son client n’est plus le même. D’ailleurs, depuis 2007, il n’a plus eu affaire à la justice. Et regrette ses agissements passés. Le jury a finalement opté pour 10ans. Solde de tout compte

Leave A Reply