Rachat de médias par SFR , vieilles recettes nouveau pari pour Patrick Drahi

Rachat de médias par SFR , vieilles recettes nouveau pari pour Patrick Drahi

Le Monde
| 27.04.2016 à 11h35
Mis à jour le
27.04.2016 à 11h56
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Par Sandrine Cassini

L’histoire bégaie. Seize ans après Jean-Marie Messier, qui, à la tête de Vivendi en’2000, chantait les louanges du mariage des contenus et des réseaux, au tour de Patrick Drahi de prendre le train de la convergence. Prenant de court ses concurrents français, l’homme d’affaires va faire de SFR le «’premier opérateur de contenus’». Ses clients ne le choisiront plus pour son réseau ou ses prix, mais pour ses séries ou ses matchs de foot. Pour satisfaire ses clients, Patrick Drahi bouscule l’ADN de SFR et de ses équipes, qui ­devront apprendre à travailler avec celles de NextRadioTV, de Libération et de L’Express.

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A l’origine de ce virage à 180 degrés : une vision de l’avenir des télécoms. Patrick Drahi considère que, demain, tous les réseaux seront équivalents. Les contenus seront le seul moyen de se différencier. Le patron de SFR est aujourd’hui le seul dans l’univers des télécoms en France à faire ce pari. Orange, qui s’est brûlé les ailes il y a quelques années en s’improvisant éditeur de chaînes de football, ne veut plus entendre parler de convergence. Son PDG, Stéphane Richard, explique en privé combien il est difficile de rentabiliser ces fameux contenus exclusifs, qui sont peut-être capables d’amener de nouveaux clients, mais coûtent un argent fou.

D’hasardeuses aventures éditoriales

En déboursant 360 millions d’euros pour le championnat anglais de football, Patrick Drahi ne manquera pas de se confronter à cette difficile équation. Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire à titre individuel du Monde) comme Bouygues Telecom préfèrent aussi se concentrer sur leur métier plutôt que de tenter de hasardeuses aventures éditoriales.

L’avenir donnera-t-il raison à Patrick Drahi » Outre-Manche, la convergence se banalise. En’2012, BT Group a acheté des matchs de Premier League et lancé ses propres chaînes. Sky, l’équivalent britannique de Canal+, a fait le chemin inverse en proposant des abonnements Internet. Venus d’univers différents la téléphonie et la télévision , BT Group et Sky sont désormais en concurrence frontale. Pour BT Group, l’essai reste à transformer sur le plan économique. BT Sport perd 600’millions d’euros, selon les experts. Pour sa défense, son directeur général, Gavin Patterson, fervent supporter de Liverpool, explique qu’il vaut mieux regarder les chiffres globaux, en particulier le nombre de clients, qui n’a cessé de croître. En Espagne, le modèle de Telefonica, acquéreur de matchs de foot, doit encore faire ses preuves.

En toile de fond de cette volonté des opérateurs d’embrasser un nouveau métier, l’essor des géants du Net. YouTube, Facebook, mais surtout Netflix, sont accessibles depuis n’importe quel écran. Sur son téléviseur connecté, le téléspectateur n’a même plus besoin de sa box. Il lui suffit de brancher sa clé Chromecast (développée par Google), pour accéder directement à Internet. L’uberisation rampante menace donc les opérateurs. Un danger que ­Patrick Drahi pourrait vouloir éviter.

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