Le Boléro de Ravel crescendo le plus célèbre du monde est tombé dans le domaine public

Le Boléro de Ravel crescendo le plus célèbre du monde est tombé dans le domaine public

«
On a coutume de dire qu’une exécution du Boléro commence toutes les dix minutes dans le monde. Puisque l »uvre dure 17 minutes, elle est donc jouée à tout moment quelque part
», explique Laurent Petitgirard, compositeur et président de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem).

«
Et on peut penser qu’on va l’entendre encore plus à présent, dans des publicités ou dans des films
», ajoute-t-il.

Composée en 1928 et créée le 22 novembre de la même année à l’Opéra Garnier à Paris l »uvre symphonique est, à l’origine, une musique de ballet commandée par la danseuse russe Ida Rubinstein, amie et mécène de Ravel.

Aussitôt saluée par la critique, le Boléro connaîtra rapidement un succès planétaire même si sa mélodie uniforme et son rythme répétitif en crescendo ont dérouté, plus d’un mélomane. Ses détracteurs le disent lancinant, voire agaçant.

L’histoire dit qu’à une de ses premières représentations, une vieille dame cria « au fou » et que Ravel hochant la tête, dit à son frère : «
En voilà une qui, au moins, a compris
».

Le Boléro fut édité pour la première fois en 1929 par les éditions Durand et sa première interprétation en concert (sans chorégraphie associée) eut lieu salle Gaveau, à Paris, le 11 janvier 1930.

«
C’est une écriture simple et directe sans la moindre tentative de virtuosité
», disait de son uvre le compositeur français, mort en 1937. «
C’est une pièce expérimentale, une mécanique de précision et une démonstration de génie
», résume Laurent Petitgirard, qui a dirigé le Boléro comme chef d’orchestre.

Ancien condisciple de Ravel, le compositeur français Florent Schmitt critiqua, lui, à plusieurs reprises le Boléro «
erreur unique dans la carrière de l’artiste le moins sujet à l’erreur
».

Imbroglio juridique

En près de 90 ans d’existence, l »uvre a été jouée par les plus prestigieux orchestres du monde, sous la baguette des plus grands chefs (Arturo Toscanini, Seiji Ozawa, Claudio Abbado, Pierre Boulez’).

Elle a aussi inspiré une multitude de chorégraphies, la plus connue étant sans doute celle créée par Maurice Béjart, en 1961, pour le Ballet du XXe siècle.

‘uvre de tous les records, le Boléro est resté jusqu’en 1994 à la première place du classement mondial des droits d’auteurs. Elle était encore en 103e position en 2015.

De quoi susciter quelques convoitises d’autant que Maurice Ravel, qui était célibataire, est mort à 62 ans sans descendance.

Après le décès en 1960 de son frère Edouard, son seul héritier, s’ouvrit une période de procès à répétition visant à faire main basse sur le pactole que représentaient les droits d’auteurs générés par les uvres de Ravel.

Un rocambolesque imbroglio juridique où se mêleront, au fil des années, la masseuse d’Édouard Ravel, Jeanne Taverne, son mari chauffeur et factotum, Alexandre, des petits-neveux du compositeur ou encore un directeur juridique de la Sacem.

Il faut dire que l’affaire est plutôt juteuse, la totalité des royalties versées depuis 1960 aux ayants droit et autres éditeurs étant estimée entre 400 et 500 millions d’euros, dont une cinquantaine de millions pour le seul Boléro, selon diverses estimations.

Des droits qui cesseront d’être versés à partir de dimanche, date à laquelle le Boléro appartiendra à tous.

France Musique consacre une journée spéciale mardi 3 mai.

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