La justice examine la demande d’évacuation du lycée parisien occupé par des migrants

Le conseil régional a saisi le tribunal administratif, qui examinait vendredi 29 avril au matin sa demande d’évacuation immédiate d’un lycée du 19e arrondissement de Paris occupé par des migrants.

Une évacuation pourrait avoir lieu « dans les heures qui suivront » la décision, avait annoncé mardi le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, lors de la séance des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale.

« Un levier pour entamer une négociation »

Le lycée Jean-Jaurès, en travaux, a été investi dans la nuit de jeudi à vendredi par 150 migrants, rejoints depuis par plusieurs dizaines d’autres, selon le collectif La Chapelle debout qui les soutient. Ces migrants viennent du campement sauvage situé sous le métro aérien de la station Stalingrad (nord-est de Paris), plusieurs fois démantelé ces derniers mois mais qui se reconstitue régulièrement et comprend quelque 400 personnes.

Les migrants ont accroché des banderoles sur les façades de l’établissement pour demander des papiers. « Le but [de l’occupation] est de mettre Anne Hidalgo [la maire de Paris] face à ses déclarations, quand elle dit qu’Angela Merkel a sauvé l’honneur de l’Europe en accueillant des réfugiés. Si elle a honte, qu’elle ouvre des gymnases, des endroits pour les accueillir dans des conditions dignes. Cette action est un levier pour entamer une négociation », a expliqué Valérie Osouf du collectif La Chapelle debout.

Romain du collectif United migrants expliquait dans les colonnes des Inrocks, dimanche, que les migrants s’étaient réunis entre eux « épaulés par le collectif Chapelle debout », pour clarifier leur demande : un toit, et accélérer les demandes d’asile. « Ils veulent que ce soit un lieu de lutte mais pas un lieu suroccupé. » Les associatifs tiennent à expliquer que le lieu est vaste et que l’idée n’est pas de le remplir, pour éviter les débordements.

« Occupation sauvage »

« C’est une occupation illégale, ce lycée était en processus de réfection. Cette occupation illégale va entraîner des retards pour le chantier », a déclaré un porte-parole du conseil régional. « On a porté plainte contre d’éventuelles dégradations, on ne sait pas s’il y en a », a-t-il précisé. La veille, Valérie Pécresse, présidente Les Républicains de la région Ile-de-France, avait dénoncé une « violation de la propriété privée » et annoncé déposer plainte, « parce qu’on ne peut pas aujourd’hui, dans la République, s’approprier un bien public qui doit être mis à disposition de lycéens », mettant en avant que « 10 % des lycées » à Paris « sont en sureffectif ».

Le préfet d’Ile-de-France et préfet de Paris, Jean-François Carenco, a également « dénoncé très fermement [cette] occupation sauvage ». « Dans ce pays, c’est la loi qui commande, pas la force. Ils s’attaquent à un établissement, non pas vide mais en travaux. C’est une honte ! La France est une terre d’asile, mais pas une terre de pagaille », s’est-il indigné, estimant que « ces gens sont manipulés » par des collectifs.

L’an dernier le lycée Jean-Quarré, ce week-end le lycée Jean-Jaurès en plein travaux’ pour le maire (socialiste) du XIXe, François Dagnaud, l’Etat aurait dû « anticiper » et éviter cette nouvelle « occupation sauvage » d’un établissement scolaire. Dès vendredi, il a fait sienne la demande d’évacuation de la région et de la préfecture, soulignant que « les jeunes Parisiens ont besoin de ce lycée ».

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Les campements sauvages de migrants se sont multipliés à Paris depuis un an. Depuis le 2 juin, les forces de l’ordre ont procédé à 18 opérations qui ont permis, selon le ministre de l’intérieur, l’évacuation de 6 700 migrants hébergés dans 55 centres spécialisés.

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