Wattrelos , le nouveau site industriel de La Redoute est en train de prendre vie

Wattrelos , le nouveau site industriel de La Redoute est en train de prendre vie

Dans le ronronnement des machines, des cartons circulent déjà sur les convoyeurs. Un coup d »il sur le code-barres n’éclaire pas sur ce qu’il y a dedans. Un t-shirt, un pantalon «
Ce sont des boîtes fictives
», précise Patrice Fitzner, le directeur de la logistique de La Redoute. Des cartons juste lestés pour se plier aux derniers réglages de cette incroyable machine. «
Nous sommes en phase de test depuis un mois et demi. Mais la semaine prochaine, nous aurons les premières réceptions de marchandises de nos fournisseurs.
» Comme la première respiration d’un nouveau-né’

La voilà donc Quai 30, cette nouvelle usine à colis de La Redoute, baptisée ainsi car elle est au 30 de la rue de Chardonnet. Voulue par les repreneurs de l’entreprise, elle s’est imposée par la réalité d’une Martinoire obsolète, outil pionnier quand elle fut construite, complètement dépassée à l’heure où la rapidité du e-commerce ne conçoit pas qu’il faille deux jours pour préparer un paquet.

Un quart d’heure du clic à l’emballage

«
Quand on sera au rythme de 3500 commandes par heure, il ne faudra que 2 heures pour la préparer.
» Mais l’outil dont s’est dotée La Redoute peut en principe ne mettre qu’un quart d’heure entre le dernier clic d’un client et la mise sous emballage, prêt à partir.

La productivité, elle ne vient plus seulement des hommes, mais des algorithmes qui gouvernent ce vaste automate dont il faut imaginer pour quelques jours encore le fonctionnement. Il avale les cartons, venant directement des grands ports de Zeebruge et Dunkerque. Contrôle, tapis roulant. Et voilà les boîtes à peine touchées par des hommes qui s’en vont avec ce qu’on appelle le Miniload dans la case que la machine leur a attribuée parmi 500 000 emplacements d’une étagère version XXXL (pour 300 000 références, deux fois plus qu’à la Martinoire).

C’est là que la marchandise attend qu’on ait besoin d’elle. Un article manque La machine, encore elle, apporte le carton, l’ouvre, et l’ouvrier le déverse dans l’une des 270 000 boîtes du Multishuttle. Elles sont bien rangées, mais c’est un ballet incessant, la machine apportant les bacs contenant telle ou telle référence vers l’opérateur qui pioche un article et le met dans une pochette.

Finie l’époque où les salariés poussaient des chariots pour aller prendre des marchandises : ce sont elles qui viennent à lui. Une pochette par vêtement, qui converge avec ses voisines jusqu’aux postes d’emballage, où l’on place tous les articles dans un sac, prêt à être expédié. Ce gigantesque assemblage de mécanique et d’électronique semble irréel Dans quelques jours, la révolution à La Redoute sera en marche.

Quai 30 en chiffres

42000

Le nouveau site de préparation de commandes s’étend sur 42000 m² contre 160 000 pour la Martinoire. Mais là, toute la hauteur est utilisée.

2

Une commande mettra 2 heures à être préparée. Mais au plus court, il peut ne se passer qu’un quart d’heure entre le dernier clic et l’emballage.

3500

En rythme de croisière, Quai 30 pourra préparer 3500 commandes par heure, sur 14 heures par jour et 7 jours par semaine.

500000

Pas de stocks intermédiaires entre le fabricant et Quai 30 : sur site, on peut entreposer 500000 cartons, pour 300000 références de produits.

50

Le coût de Quai 30, c’est 50 millions d’euros. Les aménagements pour l’ergonomie des postes a représenté 1 million de plus qu’un outil standard.

550

Dans la direction industrielle, il y aura en 2017 550 agents (490 opérateurs, 60 cadres) dont 150 par équipe en semaine et 90 le week-end.

Les dates clés

Mars 2014

Après des semaines de conflit, l’accord de reprise par les dirigeants de La Redoute est signé. Il prévoit la suppression de 1178 postes, mais aussi la construction d’un nouveau site logistique. Plan social et investissements sont financés par le cédant, Kering.

Janvier 2015

En quête d’un bâtiment pour aménager son nouveau centre de préparation de commandes, La Redoute reprend le bâtiment de DSV, tout près de la Martinoire.

Mai 2015

Les premiers coups de perceuse se font entendre sur le chantier de montage des équipements.

De juin à octobre 2015

Jusqu’à 200 personnes travaillent sur le chantier du site, baptisé Quai 30.

Avril 2016

Signature de l’accord sur le temps de travail, qui permet le fonctionnement du site.

Mai-juin 2016

Arrivée des premières marchandises dans le stock de La Redoute à Quai 30.

Juillet 2016

Les premières commandes de la collection automne-hiver commencent à être préparées à Quai 30.

Septembre 2016

Les derniers articles sont expédiés de la Martinoire. Les stocks commencent à être vidés.

Novembre 2016

C’est l’arrêt définitif de la Martinoire et des deux sites de La Redoute à Tourcoing.

Un changement d’époque

Ils ont à eux deux 30 ans de Redoute et sont parmi les premiers de la boîte à venir à Quai 30. Avec son binôme, Jérémy travaillait jusqu’ici aux expéditions. Le voilà formateur de ses collègues dans cet outil tout nouveau qu’il va falloir apprivoiser. «
On a vu le bébé grandir. On ne le connaissait qu’en 3D et par rapport à notre première visite, il fallait avoir beaucoup d’imagination. Mais là, tout est en place
», constate-t-il impressionné. Johann, le plus ancien, craignait «
que ce soit plus complexe. Il faut tout réapprendre. Mais en fait, ce sera simple, et l’avantage c’est qu’on sera polyvalents
».

Ce n’est pas tant les tâches nouvelles qui vont les perturber, mais de travailler avec des personnes qu’ils ne connaissent pas bien. Car la construction de cet outil et la façon de l’exploiter vont radicalement changer la vie des 550 personnes qui vont y travailler (le site a une capacité de 600 salariés).

Nouveaux horaires

Ils étaient 1380 avant la reprise de La Redoute. Tous les départs volontaires ont eu lieu ; il ne reste plus que les dernières préretraites d’ici 2017. «
Il n’y aura pas de départ contraint à la direction industrielle
», insiste Patrice Fitzner, le patron de la logistique. De sérieux changements vont venir des horaires : deux équipes entre 6 h et 21 h 20. «
83 % des effectifs ont obtenu l’horaire de leur choix
», insiste le responsable de Quai 30 qui comprend qu’il y ait «
une crainte du changement
». Il souligne qu’avec l’adaptation des postes «
les conditions de travail seront moins pénibles
».

Le travail du moment pour Patrice Fitzner, c’est de tracer les plannings pour les semaines à venir, quand Quai 30 fonctionnera. Et il le mesure. «
Ce sera un changement d’époque
».

Leave A Reply