Voici venu le temps du palmarès’ Ce dimanche soir au festival de Cannes c’est la ruée vers l’or !
Nos articles sur le Festival de Cannes
« L’art ne sert qu’à une chose, disait Henry Miller, nous apprendre à vivre. » Durant ces douze jours, pas d’autre choix que de rester connecté, suspendu aux paroles et aux images de cinéastes qui font valser les faits divers, les maux de société, les quêtes existentielles, les cas de conscience. L’inquiétude morale, la perte des valeurs, la chute des idéaux ont pointé leur museau.
Au fil des films, la désobéissance et la rébellion se sont imposées. Le thème de la culpabilité en a foudroyé quelques-uns. Ici et là, la bourgeoisie, celle dont Luis Buñuel évoquait naguère le charme discret, s’est fait tailler quelques shorts.
Le cercle familial, gangrené par les ranc’urs et le non-dit, n’en sort pas grandi. Les guerres que ne cessent de se livrer les êtres dits humains nous ont laissé un goût de cendres. Il fut pas mal question de tabous : un zeste d’inceste par-ci, un doigt de cannibalisme par-là, les tendances nécrophages et sadomasochistes de certains, le sexe explicite toutes options confondues des autres. La comédie a fait valoir ses droits, le rire satirique nous a fait grimper au rideau. Tout juste reprochera-t-on aux organisateurs un excès de concession aux montées de marches.
Nos pronostiques
Dans le viseur du jury, sept trophées : Palme d’or, Grand Prix, prix du jury, mise en scène, scénario, interprétation féminine et masculine.
La Palme d’or, Pedro Almodovar, Bruno Dumont et Jim Jarmusch la méritent assurément.
Le Grand Prix tomberait dans l’escarcelle d’Andrea Arnold, de Kleber Mendonça Filho ou de Cristi Puiu qu’on n’y trouverait rien à redire.
Les féministes seraient « fin bénache » si l’Allemande Maren Ade se voyait récompensée pour le scénario de Toni Erdmann.
Paul Verhoeven si drôle, si féroce et Jeff Nichols peuvent prétendre empocher un prix de la mise en scène.
Pour le trophée d’interprétation féminine, nulle autre que la Brésilienne Sonia Braga ne le mérite davantage. Si impressionnantes sont Isabelle Huppert, Ruth Negga, Elle Fanning, Sandra Hüller.
Côté mâle, Fabrice Luchini en immersion dans Ma Loute compose tellement que la qualité de son interprétation ne souffre pas d’être discutée. Son « Apéri, son apéri, son apéritif », son « wisseky » resteront dans les annales, même si le Britannique Dave Johns, alias Daniel Blake, assure un parcours sans faute, certes moins extravagant.
Ken Loach, Cristian Mungiu ont-ils encore besoin de repartir garnis Réponse à toutes ces interrogations, ce soir, à partir de 19 h 15 à la télé !
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Et la Palme d’or de la 69e édition est décernée à’
Pendant que le jury délibère sous haute surveillance, la presse étrangère fait état de sa fatale attraction pour Toni Erdmann, de Maren Ade puis Paterson, de Jim Jarmusch et Aquarius, du Brésilien Kleber Mendonça Filho. Les Parisiens s’enflamment pour Baccalauréat, de Cristian Mungiu et pour Toni Erdmann. Suivent ensuite Ma Loute, de Bruno Dumont et Julieta, de Pedro Almodovar.
Dans les rangs de la presse quotidienne et magazine, chez nos confrères d’outre-Quiévrain, les avis sont davantage partagés.
Rappelons enfin et surtout qu’il ne s’agit pas de pronostics mais bel et bien de coups de c’ur, d’élans spontanés et passionnels.
Avec, par ordre alphabétique :
‘ Sophie Avon, Sud-ouest
: Baccalauréat.
‘ Marie-Aimé Bonnefoy, La Charente libre
: ex aequo Baccalauréat et Moi, Daniel Blake.
‘ Jean- François Bourgeot, Midi libre
: Paterson.
‘ Fabienne Bradfer, Le Soir
: ex aequo Juste la fin du monde, de Xavier Dolan et Toni Erdmann.
‘ Isabelle Danel, Bande à part
: Aquarius.
‘ Hugues Dayet, RTBF : Toni Erdmann.
‘ Fernand Denis, La Libre Belgique
: Paterson.
‘ Philippe Dupuy, Nice-Matin
: Ma Loute.
‘ Jean-Philippe Guérand, Le Film français
: Loving, de Jeff Nichols.
‘ Philippe Lagouche, La Voix du Nord
: ex aequo Paterson et Julieta.
‘ Xavier Leherpeur, La 7e obsession
: Aquarius.
‘ Christelle Massin, France 3 : Aquarius
‘ Pierre Murat, Télérama
: Paterson.
‘ Arnaud Schwartz, La Croix
: Baccalauréat.
Cristian Mungiu, réalisateur de «Baccalauréat», apprécié par la critique. AFP