Venu de Pologne un champignon terrasse les frênes de la forêt de Phalempin

Venu de Pologne un champignon terrasse les frênes de la forêt de Phalempin

Le frêne est en train de disparaître de toute l’Europe. La faute a un champignon qui les décime depuis les années 90. La cholarose a d’abord affecté les forêts de Pologne avant d’arriver progressivement jusqu’en France.

La forêt domaniale de Phalempin est touchée depuis 2009 environ. «
On ne peut pas empêcher la propagation. Les spores voyagent. Sans compter que les bois coupés malades traversent les frontières par bateau, camion, train et transmettent aussi la maladie’
», explique François Clais, garde forestier de l’ONF à Phalempin.

Inéluctable

Même si pour le promeneur lambda, certains frênes paraissent encore vigoureux du haut de leurs trente mètres de haut, le garde forestier repère vite les sujets malades. «
En fait, tous les frênes sont touchés quel que soit leur âge. Les jeunes pousses aux arbres centenaires, le splus vieux qu’on ait ici puisque la forêt avait été rasée en 1914 par les Allemands’ À terme, ils vont tous mourir, c’est inéluctable.
»

Par « chance », à Phalempin, la frênaie ne représente que 9 %. «
Ce n’est pas anodin, c’est quand même 60 à 70 hectares sur l’ensemble de la forêt, avec des zones où les frênes sont regroupés, et d’autres, où ils sont disséminés parmi d’autres essences. Mais certaines forêts sont composées à 80 % de frênes, comme celle de Boulogne-sur-Mer. À Nieppe, ils représentent à peu près la moitié de la forêt’ Pour ces massifs là, le coup est rude.
»

Éviter la monoculture

À Phalempin, l’impact de la maladie va tout de même être visible. Car il va falloir petit à petit abattre tous les arbres malades, avant qu’ils ne valent plus rien. Mais aussi pour pouvoir régénérer la forêt. «
On va replanter, assure François Clais. Des chênes bien sûr, mais aussi des charmes, merisiers, érables, hêtres’ On doit diversifier, car on voit où mène la monoculture.
»

Il faudra dix à vingt ans pour régénérer ces 70 hectares. «
On va étaler les coupes, suivant la gravité de la maladie dans les parcelles.
» Les promeneurs qui profitent du chemin de l’Ermitage le dimanche pourraient s’en émouvoir.

Car même si l’ONF renouvelle chaque année une partie des plantations, avec les frênes malades, l’abattage sera plus important. «
D’ordinaire, on coupe 4 m3 par hectare et par an. C’est notre production annuelle. Pendant quelques années, ce sera plus intensif’
» Vous voilà prévenus !

Avant le frêne, l’orme aussi a été décimé

Il y a un côté triste à voir une essence disparaître. Selon François Clais, le frêne va en effet être rayé de la carte d’Europe. «
Mais, c’est un cycle naturel. Il y a toujours eu des maladies qui ont fait mourir des essences. L’homme n’en est pas responsable. La champignon a dû profiter d’une fragilité, d’un stress de l’arbre pour se développer…
»

L’orme a ainsi presque entièrement disparu d’Europe à cause d’une maladie.

Des études sont toutefois menées pour créer une variété résistante.

Le bois vendu à la Chine’

L’abattage des arbres malades est lié à la régénération de la forêt mais aussi à des raisons économiques : «
Plus la maladie progresse et moins l’arbre a de la valeur marchande’
», annonce le garde forestier.

L’ONF a en effet en charge la gestion des forêts mais aussi leur valorisation commerciale, qui permettra aussi d’acheter de nouvelles essences à planter. Or, entre un arbre vendu pour du mobilier et un arbre qui partira en bois de chauffage, la valeur n’est pas la même. En moyenne, tout confondu, Phalempin commercialise ses bois 35 du mètre cube.

Pour les frênes de Phalempin, l’ONF va se charger de les faire abattre (d’ordinaire, ils sont vendus sur pied) afin de les classer par qualité et de les vendre au meilleur prix. Le risque est de voir le cours du frêne dégringoler. «
Mais, heureusement, on a le débouché de la Chine’ »

Même si l’achat massif du bois français par les Chinois fait polémique dans la filière bois, pour le garde forestier, il permet de maintenir les prix. Il arrive d’ailleurs que des Asiatiques se déplacent jusqu’à Phalempin pour choisir les arbres.

Leave A Reply