Valls à propos de Macron ,  C’est au président de la République de le traiter 

Valls à propos de Macron ,  C'est au président de la République de le traiter 

Le Monde
| 28.04.2016 à 14h27
Mis à jour le
28.04.2016 à 19h49
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Par Bastien Bonnefous (Nouméa, envoyé spécial)

Et maintenant, voici l’initiative de Manuel Valls. Le premier ministre va organiser d’ici à l’été plusieurs « réunions publiques » en régions avec un objectif : défendre l’action et le bilan de son gouvernement. « Je vais faire d’ici à juillet entre quatre et six réunions publiques en régions, avec des ministres, des élus », a-t-il expliqué à la presse dans l’avion qui l’a conduit jeudi 28 avril en Nouvelle-Calédonie pour une visite de trois jours. « Il faut nous battre, être moins dans la comparaison avec la droite et plus dans la défense de ce que l’on fait », estime le premier ministre, qui rappelle que « défendre le bilan, je l’ai fait, je l’ai toujours fait, et je vais le refaire ».

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Son initiative vient s’inscrire dans la foulée des meetings « Hé oh la gauche ! » dont le premier s’est tenu, sans M. Valls, lundi soir à Paris lancés par le ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, pour défendre le quinquennat de François Hollande. Pas de concurrence à prévoir entre les deux dynamiques, assure néanmoins le premier ministre. Mais au contraire, de la complémentarité. « Je suis totalement en lien avec Stéphane Le Foll et Jean-Christophe Cambadélis, avec Hé oh la gauche ! et la Belle Alliance populaire. Comme chef de la majorité, je dois tout faire converger, c’est mon rôle », explique M. Valls, qui qualifie la réunion de lundi soir de « première étape très réussie ».

A un an de l’élection présidentielle, les initiatives se multiplient donc tous azimuts pour préparer la future campagne. Officiellement, cette machinerie politique doit à terme se mettre au service de François Hollande, si le chef de l’Etat décide dans les prochains mois de se présenter à sa propre succession. Mais l’agenda de M. Valls fait également écho à celui d’Emmanuel Macron, qui doit lui aussi, d’ici à l’été, entamer un tour de France avec son nouveau mouvement politique En marche !

Ecuries pré-présidentielles

Le patron de Bercy a enchaîné ces derniers jours les déclarations polémiques à l’égard du PS et du gouvernement, persistant à entretenir le doute sur sa propre candidature en 2017. Interrogé sur ses relations souvent décrites comme tendues avec son tempétueux ministre de l’économie, M. Valls ironise : « Je crois que ce n’est pas avec moi maintenant que c’est tendu », glisse-t-il, dans un sourire, en direction de l’Elysée et de M. Hollande. Pour le premier ministre, il appartient désormais clairement au chef de l’Etat de s’occuper du cas politique Macron. « Emmanuel Macron n’a pas de permis de critiquer, mais c’est aussi au président de la République de le traiter », explique M. Valls.

Le chef du gouvernement considère ainsi qu’il n’est pas comptable des libertés prises par M. Macron. Au contraire, selon lui, ce sont M. Hollande et plusieurs de ses proches qui sont responsables de son émancipation. « Ce ne sont pas Carlos Da Silva, Luc Carvounas ou Jean-Marie Le Guen [trois proches de M. Valls] qui ont coaché Emmanuel Macron. Ce n’est pas moi non plus qui l’ai invité à des réunions à l’Elysée en petit comité », lâche-t-il. Une manière de dire que si la créature Macron semble échapper à son maître Hollande, le premier ministre, lui, n’y est pour rien.

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D’autant que sur le fond, M. Valls dit partager dans ses grandes lignes la lecture politique de son ministre de l’économie. « Je n’ai aucun problème de fond avec Emmanuel. On partage tous les deux l’idée qu’il y a besoin d’une recomposition politique, mais elle doit se faire d’un camp, elle ne peut pas venir de nulle part. Moi je m’exprime de la gauche », précise-t-il quand M. Macron confie qu’il ne se sent ni de droite, ni de gauche.

Macron, Le Foll, Cambadélis, et maintenant Valls, les écuries pré-présidentielles se préparent. Mais pour quel champion à l’arrivée ‘ « Il faut réfléchir, ouvrir de nouveaux chantiers en 2017 : le candidat de la gauche doit être capable de créer un mouvement, de dépasser la gauche », estime M. Valls. Sans préciser s’il parle de M. Hollande ou de quelqu’un d’autre.

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