Un Warhemois retrouve sa s’ur après quarante-trois ans de séparation

Un Warhemois retrouve sa s'ur après quarante-trois ans de séparation

L’histoire ressemble à celles que l’on peut voir sur les plateaux télé d’émissions consacrées aux retrouvailles. Ici, pas de projecteur, ni micro, ni caméra. Mais bien des larmes, de l’émotion et un témoignage. Celui de Jean-Claude Fripp, qui raconte, les yeux embués, le moment où sa s’ur Aimée, qu’il n’avait pas vue depuis 1972, lui a ouvert sa porte un jour de novembre 2015. La scène se passe dans un village breton, non loin de Vannes. «
Je pensais qu’on serait tombés dans les bras l’un de l’autre. Mais non. Quand on s’est vus, c’est comme si on ne s’était jamais quittés. Il faut dire qu’avec mes recherches, j’étais préparé à la retrouver un jour.
C’était ma s’ur et je n’avais plus de nouvelles. Il fallait que l’on se revoie.
»

Une famille dispersée

Installé à Warhem depuis 1991, Jean-Claude, très marqué par son histoire familiale, en remonte le fil malheureux. Issu d’une fratrie de sept frères et s’urs, avec lesquels il a vécu jusqu’à ses 14 ans, il s’engage chez les pompiers de Paris en 1965. Lorsqu’il revient dans le Nord en 1968, sa famille s’est dispersée. «
On a tous quitté la maison rapidement, certains se sont mariés jeunes et sont partis habiter ailleurs. Sans que l’on ne sache où. On était une famille désunie.
» La faute à une mère au «
dur caractère
», selon Jean-Claude. «
Elle ne dit rien, elle cache tout. Elle sait ce que sont devenus chacun de ses enfants, mais elle garde tout. La vie a continué son cours et on s’est tous perdus de vue.
»

Le Warhemois a tant bien que mal repris contact avec quelques-uns des membres de la fratrie au fil des années. Mais il n’avait pas réussi à retrouver trace de son aînée d’un an, Aimée. «
La dernière fois que je l’ai vue c’était il y a quarante-trois ans, à côté de Tours. Elle s’était mariée à 17 ans et avait changé de nom.
» Au cours de ses recherches, il découvre d’abord qu’Aimée est en réalité sa demi-s’ur, née Ljuba, dans un camp de travail à Rotzkotten en Allemagne.

« Un pressentiment »

Et puis, alors qu’il se rend à Binic, près de Saint-Brieuc, dans le cimetière où est enterrée l’une de ses s’urs retrouvées plusieurs années plus tôt, il découvre entre les fleurs séchées une plaque derrière laquelle est inscrit « Fr.p Ljuba ». «
J’ai tout de suite su que c’était Aimée,
c’était comme un code pour dire qu’elle était passée sur la tombe, pointe Jean-Claude. C’est étrange, j’avais comme un pressentiment. Je savais qu’il allait se passer quelque chose.
» Le soir même, il contacte le fils d’Aimée, qu’il connaît depuis peu. Puis reçoit un appel masqué, ne décroche pas, écoute le message : «
C’est Aimée, je te rappelle dans trente minutes.
» Le lendemain, il la retrouvait chez elle, à une centaine de kilomètres de Binic. Enfin.

Des années passées à se chercher

Remariée, Aimée avait une nouvelle fois changé de nom, ce qui a compliqué les recherches de Jean-Claude. À force d’acharnement, il est finalement arrivé à ses fins. Au bout de six ans de quête. Comment

«
Je tapais au hasard dans la zone géographique où je pensais que ma s’ur pouvait vivre, explique-t-il. J’ai envoyé des courriers partout. Dans les mairies de Montreuil-Bellay (49), là où elle habitait la dernière fois que je l’ai vue, à la Chapelle-Saint-Mesmin (45), etc. J’ai même écrit à des particuliers en me disant qu’ils pouvaient l’avoir croisée, la connaître. J’ai toujours une réponse. Mais je n’avais pas le bon nom.
»

Jean-Claude accompagne ses courriers de photos, datées de son enfance. Des clichés qu’il a dégotés en fouillant dans les boîtes de sa mère. Découvrant les souvenirs des années après. Le Warhemois contacte aussi le consulat français en Allemagne, découvre que sa s’ur y est née. Puis en recoupant les informations, il réussit à contacter son neveu, le fils d’Aimée. Une trouvaille qui débloque tout et lui permet de savoir que sa s’ur vit désormais en Bretagne.

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