Un numéro vert pour éviter les expulsions dans le Pas-de-Calais

Un numéro vert pour éviter les expulsions dans le Pas-de-Calais

> Agir dès le premier impayé

Objectif du dispositif : aider le plus tôt possible. Autrement dit, dès le premier loyer impayé. Et faire de la prévention en répondant aux questions. «
Très souvent, les situations sont déjà extrêmes lorsque l’alerte est donnée
», indique Xavier Czerwinski, secrétaire général adjoint de la préfecture du Pas-de-Calais, en charge de la cohésion sociale, qui a déjà eu l’occasion de constater un triste record de 19 000 de dette locative sur le secteur.

«
Un mois de retard, puis deux, puis trois’ C’est l’engrenage infernal. Tôt ou tard, on est rattrapé, résume Jean-Louis Cottigny, vice-président du conseil départemental. Les gens ont honte d’en parler. Or, on est là pour se pencher sur leur situation, pas pour les juger. »

> Des chiffres 2015 guère réjouissants

La Caisse d’allocations familiales du Pas-de-Calais recense 280 000 familles dans ses fichiers. En 2015, la situation de 1 121 ménages a été placée sous surveillance et 1,350 M a été «
dépensé afin de les aider à rester dans leur logement, informe Jean-Louis Cottigny.
Mais il y a aussi 896 portes qui sont restées fermées. Avec ce numéro vert, on veut qu’elles s’ouvrent. »

Ces deux dernières années, précise Jean-Claude Burger, directeur de la CAF, «
l’augmentation des impayés a été très forte, jusqu’à 10 % en 2015. » Et les sources d’inquiétude sont réelles : «
Depuis le début d’année, on doit verser la prime d’activité1. On nous avait annoncé une enveloppe de 14 000′, on en avait prévu 16000 par précaution. Or, le chiffre grimpe à 60 000 !
»

> À qui s’adresse le numéro

À tous les habitants du Pas-de-Calais. «
Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie », rappelle Jean-Louis Cottigny. Le numéro s’adresse aussi bien aux locataires qu’aux propriétaires, bailleurs et surtout occupants n’arrivant plus à rembourser leur prêt immobilier. «
Ils sont encore plus frileux à parler de leur problème, alors que les chiffres doivent s’équilibrer
», estime le sous-préfet.

> Qui au bout du fil

Une conseillère juriste, basée à Arras et mise à disposition par l’Agence départementale d’information sur le logement (ADIL), qui dans le Nord expérimente un dispositif similaire depuis plusieurs années, Dix-sept conseillers répondent aux appels. Dans le Pas-de-Calais, deux autres personnes prendront leurs fonctions cet été. «
Nous allons proposer six juristes permanents
», annonce Xavier Czerwinski.

> Qui finance

L’État, le Département et la CAF du Pas-de-Calais sont les financeurs. Ils ont confié la mise en place du dispositif à l’Agence départementale pour l’information sur le logement (ADIL) du Nord, qui traite déjà des milliers d’appels depuis des années. Le Pas-de-Calais ne dispose pas d’ADIL.

«
On travaille ensemble pour augmenter l’offre du service public
», insiste Xavier Czerwinski. Lequel aimerait voir diminuer le nombre de recours à la force publique, qu’il perçoit comme «
un échec collectif et insoutenable. »

1 Elle remplace, depuis le 1er janvier, le RSA activité et la prime pour l’emploi.

0 805 29 62 62

Le numéro vert est gratuit depuis un poste fixe ou un portable. La ligne est ouverte du lundi au vendredi, de 8 h 30 à 12 h 30 et de 13 h 30 à 17 h 30, ainsi que le samedi matin.

Les juristes répondent aux questions en matière d’impayés de loyer, de remboursement de prêt ou d’expulsion. Ils font un premier point sur la situation et orientent vers le service le plus à même d’aider.

Le bilan des quatre premiers mois

– 155 appels ont été reçus sur le numéro vert ;

– Plus de la moitié des interrogations exprimées portaient des situations d’impayés de loyer locatif ;

– 83 % des appelants étaient locataires ;

– Ces locataires occupent autant de logements sociaux que de logements privés, «
souvent dans de mauvaises conditions. D’ailleurs, si 83 % des appelants sont locataires, cela suppose que les propriétaires n’appellent pas tout de suite, analyse Xavier Czerwinski.
Certains ont bien compris que notre système était extrêmement généreux
» et, peut-on traduire, profitent des aides qui leur sont directement versées le plus longtemps possible.

– 40 % des appelants sont seuls et sans enfant ;

– 83 % d’entre eux étaient en cours d’expulsion.

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