Trois jours de procès d’assises pour comprendre pourquoi le policier Stéphane Gatteau est mort en 2012 à Arras

Trois jours de procès d'assises pour comprendre pourquoi le policier Stéphane Gatteau est mort en 2012 à Arras

C’est libre que Mickaël Morvan, 37 ans, comparaîtra dès lundi devant la cour d’assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer. L’homme, accusé d’avoir provoqué la mort d’un policier lillois (en civil) en 2012 en lui assénant plusieurs coups de poing et de pied, a en effet été remis en liberté le 23 mai 2013, à peine six mois après avoir été mis en examen et placé en détention provisoire. Ce qui avait provoqué l’émoi et la colère de la famille de Stéphane Gatteau, que ses amis appelaient « kiki ».

Des coups de pied et coups de poing

Rappel des faits. Le 11 novembre 2012, une altercation éclate dans un bar du centre-ville. Des coups sont échangés derrière le beffroi, place de la Vacquerie, jusqu’à l’angle de la rue Delansorne où Mickaël Morvan, poursuivi par deux hommes, tombe sur Stéphane Gatteau, face au Crédit Mutuel. Le policier est en civil et intervient. M. Morvan lui assène un violent coup de poing, puis d’autres coups, notamment de pied alors que la victime est au sol. Le 14 novembre, Stéphane Gatteau décède.

Mickaël Morvan est accusé de violences ayant entraîné la mort sans l’intention de la donner. Mais pour Yann Osseyran, l’avocat de la mère et de deux des frères de la victime, la vidéo de l’agression doit balayer la version selon laquelle M. Morvan aurait pris peur. «
Pourquoi n’a-t-il pas donné un coup de poing puis tourné les talons Là, il l’a roué de coups
», assure l’avocat.

« Qu’on me prouve que ce sont bien les coups qui ont provoqué la mort »

Faustine Broulin, l’avocate de M. Morvan, est en revanche moins catégorique. «
La vraie question, c’est qu’est-ce qui a provoqué la mort M. Gatteau n’est pas mort tout de suite. Ce n’est pas aussi évident que cela. J’attends qu’on me prouve que ce sont bien les coups qui ont provoqué la mort. Il va y avoir une discussion scientifique lors du procès, cela s’impose.
»

L’avocate concède toutefois ne toujours pas savoir pourquoi son client, qui «
n’a pas le profil d’un délinquant
», a réagi comme cela. «
La rapidité d’exécution et l’ancienneté des faits font que c’est difficile pour lui de l’expliquer. Mais il n’y a pas un jour où il n’y pense pas. Il a conscience qu’il va retourner en prison après ce procès. Il est dans la peur de tout perdre, d’affronter la cour d’assises et de se replonger dans cette histoire.
»

Une immense émotion après le drame

Suite au drame, une immense vague d’émotion avait submergé le centre-ville d’Arras. Le 16 novembre 2012, après l’annonce du décès de Stéphane Gatteau, trois cents personnes s’étaient recueillies, bougies à la main. Avec une banderole « Non à la violence ». C’est d’ailleurs cet appel du c’ur qui ornera par la suite la plaque dévoilée le 11 décembre en mémoire du défunt.

« Incapables de revenir en centre-ville »

À l’aube du procès qui s’ouvre ce lundi à 14 heures, nous avons voulu savoir dans quel état d’esprit se trouvait la famille de Stéphane Gatteau. Sa mère Andrée et ses trois fils nous ont fait savoir qu’ils étaient «
incapables de s’exprimer.
» «
Elle, comme ses fils d’ailleurs, sont toujours incapables de revenir en centre-ville d’Arras, sauf pour me voir à mon cabinet
», explique Yann Osseyran, l’avocat d’Andrée Gatteau et de deux de ses fils, le troisième étant représenté par Me Antoine Vaast.

Du procès, la maman de la victime n’attendrait pas forcément grand-chose. Simplement des «
explications, non pas pour faire le deuil car ce sera très compliqué, mais au moins pour commencer ce travail
», poursuit Me Osseyran.

L’avocat a aussi été marqué par d’autres propos tenus par la mère. «
J’espère que ça me permettra d’aller seule au cimetière, voilà ce qu’elle m’a dit car elle n’arrive pas à y aller sans être accompagnée de ses fils, décrit Me Osseyran. Pour elle, le cimetière n’est pas la place de Stéphane. Elle dit qu’en toute logique, c’est elle qui aurait dû y être avant lui. Elle culpabilise, c’est dire sa détresse.
»

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