Trois ans de prison ferme pour l’homme qui a poussé  Babu  sous le métro

Un jeune Egyptien a été condamné aux assises à Paris, mercredi 25 mai, à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, pour avoir tué en le poussant sur les rails du métro un immigré indien surnommé « Babu ».

La cour a été en deçà des réquisitions du parquet, qui réclamait de cinq à six ans d’emprisonnement contre Mohamed Fayed, poursuivi pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner ».

Elle a accordé au beau-frère et à la belle-s’ur de « Babu », parties civiles dans l’affaire, 1 euro chacun en réparation de leur préjudice moral, ce qu’ils demandaient symboliquement.

Les versions des circonstances du drame, fortement médiatisé, divergent : les raisons qui ont amené Mohamed Fayed à pousser sur les rails Rajinder Singh, entraînant son électrocution, le 29 septembre 2011 restent floues.

« Babu », héros, agresseur, puis victime ordinaire

Rajinder Singh, un Indien de 33 ans, a dans un premier temps été présenté comme un « héros », qui serait intervenu parce que Mohamed Fayed harcelait des femmes. Mais aucune femme molestée ne s’est manifestée, et les analyses toxicologiques montrent que « Babu », colosse de 1 m 87 et 92 kilos, avait 2,33 grammes d’alcool par litre de sang.

Rapidement arrêté, Mohamed Fayed accuse Rajinder Singh de l’avoir insulté et agressé. L’image du « héros » vacille.

Selon le principal témoin, Rajinder Singh a porté plusieurs coups « maladroits » à Mohamed Fayed, qui a posé « tranquillement » son sachet de bonbons à terre avant de pousser énergiquement « Babu ». Puis il a repris le sachet et s’est enfui.

« Il se préoccupe plus de ses bonbons que de la victime », a lancé l’avocat général, Bernard Farret, notant que Mohamed Fayed ne s’était pas rendu à la police.

La défense a plaidé la légitime défense et s’est efforcée d’effacer l’image « borderline » de Mohamed Fayed.

« Je n’ai jamais pensé qu’il allait tomber sur les rails », « le geste est arrivé comme ça, c’est tout », s’était défendu l’accusé, exprimant des « regrets ». Agé aujourd’hui 27 ans, il est actuellement en maison d’arrêt, mis en examen dans une autre affaire pour des violences, qu’il nie.

L’avocat des parties civiles, François des Minières, a lui fait valoir qu’« en poussant Babu’ sous le métro », l’accusé « sait qu’il l’expose à un risque de mort, et ce risque, il le prend ».

Il s’est félicité d’un verdict qui « ne retient pas Babu’ comme un héros, pas comme un agresseur, mais comme une victime ordinaire ».

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