Sébastien Chenu l’ex-secrétaire national de l’UMP et nouvel homme fort du FN dans le Nord
« J’étais sur les bancs de la fac de droit à Lille quand je me suis engagé en politique. Nous suivions les cours de l’Action française et Charles Maurras était notre maître à penser. »
Alors que Guy Cannie raconte son parcours dans la pure et innommable tradition de l’extrême droite française, assis à la même table, Sébastien Chenu ne cille pas. Et pourtant… Lui s’est engagé très jeune, mais à droite. Membre de Démocratie Libérale, il a fondé Gaylib, travaillé au cabinet de Christine Lagarde, a exercé dans la comm’, tissé ses réseaux dans les milieux culturels parisiens : de Sevran à Pierre Bergé. Il n’aime pas le terme « bobo », « on aurait pu dire que j’en suis un ». Et on sait comment le FN les aime.
Profil « propre »
Maisen décembre 2014, le secrétaire national de l’UMP rejoint Marine Le Pen. Candidat aux départementales à Beauvais, sa ville, puis tête de liste aux régionales dans la Somme, il est aujourd’hui vice-président de groupe FN à la Région. Et vient d’être nommé secrétaire départemental du FN du Nord, en charge d’unifier les trois ex-fédé de Lille, du Hainaut et de la Flandre. Comme trésorier, il a choisi’. Guy Cannie.
Fait de la reine : Chenu le nouveau venu est déjà patron. Son profil colle davantage à l’image ripolinée souhaitée. Mais il déroule aussi ses brevets en « extrême droite crédibilité » : « à
Démocratie Libérale, j’étais proche de Gérard Longuet ou Claude Goasguen, qui ont donné dans l’action musclée. » Avec Occident, mouvement d’extrême droite à l’idéologie héritière de’ Charles Maurras.
D’accord, mais un parti libéral économiquement « J’ai voté contre Maastricht », se défend-il.
De la part de son ancienne famille, il a essuyé procès en traîtrise et en arrivisme. Xavier Bertrand ou Caroline Cayeux, maire de Beauvais, qui l’a eu dans son équipe, ne veulent même pas en parler.
Dans sa nouvelle famille, on dit aux journalistes tout le bien que l’on pense de ce nouveau camarade. Mais Philippe Eymery reconnaît qu’une telle ascension suscite des jalousies («
pas moi »). Il se dit que Chenu pourrait être directeur de campagne pour la présidentielle de Marine Le Pen. Le Dunkerquois Franck Dhersin l’a vu arriver tout jeune à Démocratie Libérale : « Je le compare à Romero, parti lui du RPR au PS. Dans une famille pas toujours ouverte, son combat avec Gaylib n’a pas été facile. »
Hors familles, Sylvie Houssin du PS a été candidate face à lui aux cantonales et l’a vu démarrer : «
Je n’ai pas été très surprise car il a toujours été réac. Mais surtout, il avait les dents longues, voulait être aimé et élu. Or, à Beauvais, la droite lui a fait des coups pendables. Et idem à Paris avec (l’anti-FN) NKM. à l’UMP, il n’y arrivait pas. » Au FN, oui. Le « nomade », comme il se décrit, cherche un appartement à Lille. Il (y) est arrivé. Et veut même s’installer.