Roubaix , les nuisances font leur retour dans la rue des harcelés du Pile

Roubaix , les nuisances font leur retour dans la rue des harcelés du Pile

«
Franchement, c’est encore pire qu’avant !
» Face aux élus qui animent la réunion publique des quartiers est, jeudi soir, cette dame met les pieds dans le plat. Cette mère de famille parle de tapage nocturne, de dégradations, de vols, de déchets jetés par les fenêtres.

Elle parle de la rue Desaix, au Pile, où elle vit depuis trente ans. Là où il y a un peu plus d’un an, les caméras de la France entière avaient débarqué : la famille Godefroy avait raconté le calvaire qu’elle vivait dans cette rue où des petits délinquants tenaient les murs et faisaient la loi. L’attention médiatique avait entraîné une réaction policière immédiate, le départ des fauteurs de troubles, et un retour au calme.

« Moi, contrairement à eux, je bosse, je me lève le matin »

«
Sauf que ça n’a duré que six mois
», soupire cette dame. Elle raconte que dans la maison où vivaient les Godefroy avant leur exfiltration, et dans quelques habitations voisines, plusieurs familles sèment la pagaille dans la rue. Plus tard, en aparté, elle précise avoir été trois fois privée d’électricité après que ses fusibles ont été dérobés. Que tous les soirs, jusque tard dans la nuit, des enfants et des adolescents jouent dans la rue, dégradent les voitures, font le tour du quartier à scooter, jouent au football et envoient les ballons dans les fenêtres et les portes. «
Moi, contrairement à eux, je bosse, je me lève le matin, il faut que je dorme si je veux faire correctement mon travail. Avec l’été qui arrive, ça va être pire !
», insiste-t-elle.

Une autre dame présente à la réunion publique confirme. «
Personne ne se sent en sécurité au Pile. Moi, j’habite rue Desaix contrainte et forcée, parce que je n’arrive pas à vendre la maison. Il y a six maisons murées dans la rue. J’ai les nerfs tendus en permanence. Personne ne veut habiter là.
»

« Mes enfants ne dorment pas »

Plus tard, quand on se rend dans la rue pour interroger les riverains, le discours est similaire. Cet homme qui nettoie sa voiture concède que «
ce n’est quand même pas l’enfer
», mais se plaint du bruit, des dégradations sur sa voiture, du cambriolage qu’il a subi. «
Là, je n’ai plus de boulot, mais quand je partais le matin, je n’étais jamais tranquille.
»

Un peu plus loin, un père de famille s’agace. «
Moi, mes gosses, je les couche à 20h, mais ils n’arrivent jamais à dormir, à cause de mes voisins qui laissent traîner leurs enfants dans la rue. On appelle parfois la police, mais rien ne change.
» Il avoue qu’il ne travaille désormais que dans un seul but : économiser assez d’argent pour quitter la rue Desaix le plus vite possible.

L’impuissance des élus

Quand il s’agit de parler voirie, stationnement, urbanisme, Milouda Ala, adjointe en charge des quartiers est, et Max-André Pick, premier adjoint au maire de Roubaix, ont su trouver les mots pour répondre aux habitants de manière précise, jeudi soir.

Dès qu’il s’agit de sécurité, le ton est plus résigné. «
Il faut quand même redire, parce que c’est important, que c’est à l’État de gérer la sécurité
», lance Max-André Pick (LR), qui rappelle quand même l’engagement de la ville de doubler le nombre de caméras de vidéosurveillance pendant la durée du mandat.

Milouda Ala (LR), elle, indique qu’une fois que les caméras ont quitté la rue Desaix, il y a un an, «
on s’est retrouvé tout seuls et on a fait avec nos moyens et nos capacités d’action
». Elle convient que «
les nuisances se réitèrent
» mais avoue son impuissance : «
On ne peut pas choisir les locataires qui sont logés dans des maisons privées. On ne va pas pouvoir les expulser.
» L’élue fait donc une seule promesse : «
On va revoir la situation.
» Il semble y avoir de nouveau urgence.

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