Roubaix , les collèges appelés à manifester tous ensemble samedi

Roubaix , les collèges appelés à manifester tous ensemble samedi

1. Tout part de Baudelaire

Depuis plusieurs années, la cité scolaire Baudelaire s’inquiète d’une diminution des moyens de cet établissement qui est le seul de Roubaix à ne pas être classé en REP (réseau éducation prioritaire, ex-ZEP). En janvier, ils ont appris la perte pour l’année scolaire 2016-2017 de 93 heures d’enseignement et de cinq postes d’enseignants, à la fois à cause d’une baisse du nombre d’élèves et de l’entrée en vigueur de la réforme du collège. «
C’est une saignée majeure
», tonne Céline Huet, du syndicat SNES-FSU.

Leur mobilisation ayant été ignorée par le rectorat, ils viennent de remettre le couvert en lançant une pétition sur internet qui a recueilli pour l’heure 254 signatures. «
On essaie de nous faire passer pour un collège favorisé parce que nous ne sommes pas en REP, mais Baudelaire est un établissement mixte, nous avons 49 % d’élèves boursiers
», insiste François Pinchemel, président de la FCPE (fédération des conseils de parents d’élèves) de Baudelaire.

2. Une tentative de mobiliser tous les collèges roubaisiens

Céline Huet regrette que «
le gouvernement reste sourd aux revendications
». «
Cela fait un an qu’on se mobilise contre la réforme du collège, qui n’a pour seul but que de faire des économies
», scande-t-elle. Pour que le poing tape un peu plus fort sur la table, Baudelaire a eu l’idée de solliciter les autres établissements publics roubaisiens.

Côté parents, François Pinchemel avoue ne pas avoir beaucoup d’écho à sa demande. «
On a contacté les autres associations, mais pour l’instant on n’a pas beaucoup de réponses
». Côté profs, c’est plus facile puisque le SNES-FSU joue le rôle de facilitateur. Reste à savoir quelle sera l’ampleur de la mobilisation, samedi.

3. La réforme du collège, mais pas que

La réforme lancée par l’Éducation nationale n’est pas la seule dans le viseur de ce rassemblement, qui conteste aussi les baisses de financement du Département. La nouvelle majorité sortie des urnes en 2014 a supprimé les pass’sport et les pass’culture, diminué par deux les crédits d’« activités pédagogiques » allouées aux établissements scolaires, et ratiboisé le montant des bourses départementales, désormais accordés aux élèves les plus défavorisés. «
On va profiter de notre présence pour dire ce qu’on en pense à Max-André Pick
», sourit François Pinchemel. Le premier adjoint LR au maire de Roubaix est en effet aussi vice-président du département du Nord.

«On prend des moyens à certains pour les donner à personne»

Si la réforme du collège est critiquée par les enseignants et les parents d’élèves, c’est parce qu’elle est jugée «
improvisée
» et va concerner d’un coup tous les niveaux du collège. «
C’est du jamais vu, d’habitude, on réforme niveau par niveau pour ne pas désorienter les élèves
», soupire François Pinchemel, qui ironise sur le fait qu’«
en septembre, tous les manuels scolaires ne seront même pas encore arrivés
».

Sur le fond, la disparition de certaines options est aussi pointée du doigt. À Baudelaire, à la rentrée prochaine, il n’y aura plus de classes européennes ni de classes bilingues, qui permettaient d’apprendre l’allemand dès la 6e. «
Le ministère essaie de faire passer la pilule en disant que désormais il y a une LV2 dès la 5e, mais c’est 2 h 30 par semaine, c’est dérisoire
», estime Céline Huet.

Une prof de latin « en colère »

Les langues anciennes sont aussi frappées : Marie Dubrana, qui est professeur agrégée en lettres classiques et syndiquée au SNES-FSU, voit ses enseignements en latin et en grec fortement menacés. «
Aujourd’hui, j’ai une trentaine d’élèves par niveau, ça intéresse beaucoup, je donne deux heures de cours en 5e, trois heures en 4e et trois heures en 3e. Demain, il faudra que je monte un EPI (enseignement pratique interdisciplinaire) pour pouvoir donner une demi-heure de cours par-ci par-là sur mon quota d’heures de français
», raconte-t-elle. Cela lui ouvrira la possibilité de donner un enseignement complémentaire en latin d’une heure en 5e, deux heures en 4e et deux heures en 3e.

Elle se dit non pas frustrée mais «
en colère
». Elle sera la dernière prof de latin à Baudelaire, les postes de ses deux collègues étant supprimés pour l’an prochain. «
À Albert-Samain, il n’y aura plus de latin l’an prochain
», soupire-t-elle. La preuve selon elle que la perte de moyens dans les établissements dits favorisés n’apporte rien aux autres. Comme dit François Pinchemel, le responsable FCPE de Baudelaire, «
on prend des moyens à certains pour les donner à personne
».

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