Roland-Garros J12 , Djokovic franchit les 100 millions de dollars de gains en tournoi

Roland-Garros J12 , Djokovic franchit les 100 millions de dollars de gains en tournoi

Novak Djokovic ne remportera peut-être jamais Roland-Garros, mais il a franchi hier la barre des 100 millions de dollars de gains en tournois. A partir de quand doit-on s’interroger sur les rémunérations délirantes des sportifs

Fabrice Santoro et Novak Djokovic. AFP PHOTO / PHILIPPE LOPEZ

La journée d’hier à Roland-Garros a été marquée par deux faits notables :1. Il n’a pas plu.2. Novak Djokovic est devenu le premier tennisman à franchir la barre symbolique des 100 000 000 de dollars de gains en tournois. En se hissant en quarts de finale, le n°1 mondial s’est assuré un prize-money minimum de 327 471 dollars à Paris qui, ajoutés aux 99 673 404 engrangés depuis le début de sa carrière en 2003, forment un total de 100 000 875 dollars, le compte est bon.

‘ La dotation de Roland-Garros dans le détail

Interrogé sur ce record à venir avant le tournoi, le Serbe avait déclaré ceci : « Très franchement, cela ne m’inspire pas grand-chose. Premièrement, parce que je ne joue pas pour gagner de l’argent, et deuxièmement parce que ce n’est pas réaliste de comparer les gains en tournois pratiqués aujourd’hui par rapport à ceux qui avaient cours il y a vingt ou trente ans. Gagner un Grand Chelem actuellement rapporte, je ne sais pas, trois, quatre ou cinq fois plus qu’il y a vingt ou trente ans, donc, à mes yeux, ce n’est pas une comparaison raisonnable. Et enfin, je ne suis pas matérialiste. »

.@DjokerNole is the sport’s first US$100 million man passes prize money milestone at #RG16 https://t.co/hHPQhhnyRa pic.twitter.com/TSn1aYqMuC

‘ ATP World Tour (@ATPWorldTour) June 1, 2016

Ne nous amusons pas ici à calculer combien Björn Borg ou Jimmy Connors auraient amassé si les dotations de l’époque avaient été celles d’aujourd’hui. Il est évident que les joueurs du 21e siècle ont bénéficié d’une spectaculaire inflation des sommes reversées par les tournois, qui permet à certains au palmarès famélique comme Tomas Berdych et David Ferrer (1 Masters 1000 chacun) de figurer dans le Top 10 des joueurs les mieux payés de l’histoire, avec respectivement 24,8 et et 29,1 millions de dollars de gains, à comparer aux quelques milliers de dollars que le Grand Chelem qu’ils avaient réussi à l’époque avait rapportés à Rod Laver (1969) ou Margaret Smith Court (1970).

‘ Le Top 10 des joueurs les mieux payés de l’histoire, par Tennis Magazine

A Roland-Garros, la dotation globale a connu un bond de 70% en quatre ans, pour s’établir à 32 millions d’euros aujourd’hui (28 pour l’Open d’Australie, 36 pour Wimbledon, 37 pour l’US Open), dont deux millions rien que pour le vainqueur du tournoi (masculin et féminin). Les énormes machines à cash que sont les tournois du Grand Chelem peuvent se permettre de reverser des sommes folles aux joueurs, car eux-mêmes engrangent des revenus gigantesques chaque année en billetterie, en droits télé, en contrats de sponsoring. Après avoir grassement payé Novak Djokovic et Cie, la FFT pourra aisément financer l’ensemble des Ligues régionales grâce à l’argent que lui rapporte Roland-Garros.

« SI CET ARGENT NE VA PAS AUX JOUEURS, OÙ VA-T-IL  »

Devant l’augmentation extravagante des dotations, Troisième Balle avait imaginé, une année, poser la même question à tous les joueurs pendant Roland-Garros : « Y a-t-il une limite, sur le plan de la morale, à ce qu’un joueur de tennis peut gagner  » Question finalement assez difficile à caser en conférence de presse d’après-match face à un joueur qui a encore la tête qui fume. Avant Roland, on a pu la poser, au calme, à Andy Murray. « Dans le sport, de manière générale, on gagne beaucoup d’argent », avait sobrement répondu l’Ecossais, qui avait ensuite évoqué les énormes disparités, qu’il souhaitait voir réduites, entre joueurs du haut du panier et ceux des bas-fonds, voire du ventre mou.

‘ Andy Murray : « Il y a trop d’argent dans le sport »

Relance un brin poujadiste de notre part : « Le vainqueur de Roland-Garros ­touchera 2 millions d’euros. Un joueur éliminé au premier tour, 30 000 euros. Pendant ce temps, un enseignant gagne autour de 2 000 euros par mois. De telles ­disparités vous semblent-elles être le signe d’une ­société qui fonctionne bien ‘ » Réponse du n°2 mondial : « C’est très difficile de répondre à cette question. Je pense qu’il y a trop d’argent dans le sport. Mais je ne peux parler que du tennis. Oui, les joueurs qui perdent au premier ou au second tour à Roland-Garros remportent une immense somme d’argent, parce que les sponsors paient, les télévisions paient. Mais si cet argent ne va pas aux joueurs, où va-t-il  » Excellente question.

Les rémunérations extrêmes des meilleurs sportifs et vous pouvez multiplier par deux ou trois les 100 millions de « Djoko », en raison des contrats publicitaires et des « garanties » offertes par les tournois s’expliquent très bien du point de vue de la logique économique. Ces gens gagnent d’immenses sommes, parce qu’ils génèrent d’immenses sommes. Et sur le plan de la morale Qui décide de ce qui est moralement acceptable Manifestement, dans une société comme la nôtre, ces rémunérations doivent l’être, puisque personne ne s’insurge contre les disparités sidérantes entre un n°1 mondial et un n°100, entre un joueur de tennis et un type qui balaie les lignes.

« ILS NE SONT PLUS DE NOTRE MONDE »

La hausse continue de la dotation de Roland-Garros est entrée en collision avec un incident cette semaine : les spectateurs de la rencontre Djokovic Bautista Agut, interrompue par la pluie, n’ont pas été remboursés car l’interruption est survenue au bout de 2 h 01, soit juste après le délai contraignant la FFT à leur rendre au moins la moitié du prix du billet. L’affaire a vaguement fait jaser, mais tant qu’il y aura des gens prêts à subir ce genre de désagréments, tant qu’il y aura des gens qui acceptent l’augmentation du prix des places chaque année, tant qu’il y aura des joueurs du dimanche qui acceptent que le prix de leur licence gonfle tous les ans, tant qu’il y aura de gens prêts à débourser 7 pour un infâme hot-dog dans les allées de Roland-Garros, il n’y a aucune raison que les choses changent.

Dans son émission « Répliques », sur France Culture, samedi dernier, qui posait la question « faut-il maudire ou bénir l’argent  », Alain Finkielkraut soulignait que les salaires des grands patrons suscitaient régulièrement l’indignation de l’opinion publique, alors que personne ne s’offusquait des revenus délirants des vedettes du cinéma, de la musique et du sport. « Notre égalitarisme frénétique s’arrête devant le monde des demi-dieux que sont les artistes et les sportifs, estimait son invité, Pascal Bruckner. Ils sont tout d’un coup gratifiés d’une sorte d’indulgence absolue parce qu’ils ne sont plus de notre monde, donc on admire en eux des performances dont nous ne nous sentons pas capables. »

LE TOURNOI S’ACHÈVERA-T-IL DIMANCHE OU LUNDI

Il y aurait sans nul doute une longue étude philosophique à mener sur le sujet, et on promet d’organiser un jour un débat Finkielkraut / Djokovic autour de ces questions. Mais pour l’heure, il y a un tournoi à terminer, et on devrait justement savoir aujourd’hui quand il se terminera : dimanche, comme prévu, si les quarts de finale messieurs de cet après-midi vont jusqu’au bout. Lundi si ce n’est pas le cas. Car il faudrait alors les achever demain, et il est inconcevable d’enchaîner quart de finale vendredi, demi-finale samedi et finale dimanche quand on joue en cinq sets surtout que Wawrinka et Murray, qualifiés pour le dernier carré depuis hier, seraient bien trop avantagés en termes de récupération.

Météo France annonce des pluies éparses dans l’après-midi. Il sera intéressant de voir si, après les monceaux de critiques qui lui sont tombés sur la tête hier, venus notamment de Novak Djokovic (opposé à son souffre-douleur favori, Tomas Berdych) et David Goffin (qui affronte Dominic Thiem dans un quart de finale inattendu et séduisant), l’organisation laissera jouer des rencontres sous le crachin, comme elle l’a fait mardi.

Henri Seckel

A PART ÇA, on a apprécié la poignée de main d’Ernests Gulbis à l’arbitre hier, après sa défaite en huitième de finale face à David Goffin.

Gulbis gives so much love.#gulbis #RG16 pic.twitter.com/MKBDobgBOG

‘ FourtyLove.com (@FourtyLoveAce) June 1, 2016

Et on a adoré la volée de Dominic Thiem face à Marcel Granollers, qui ne fut pas sans rappeler celle de Benoît Paire lors du dernier tournoi de Bercy.

Hotshot par Dominic Thiem ! #RG16 https://t.co/BgDLTrAyMB

‘ Roland Garros (@rolandgarros) May 31, 2016

LE PROGRAMME COMPLETCoup d’envoi à 13 heures sur chaque court. Entre parenthèses, la nationalité, le numéro de tête de série et le score des matchs interrompus hier, à savoir aucun, c’est un petit miracle.

Court Philippe-ChatrierNovak Djokovic (SER, n°1) Tomas Berdych (RTC, n°7)Serena Williams (USA, n°1) Yulia Putintseva (KAZ)

Court Suzanne-LenglenDominic Thiem (AUT, n°13) David Goffin (BEL, n°12)Kiki Bertens (HOL) Timea Bacsinszky (SUI, n°8)

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