Quotas radiophoniques , Audrey Azoulay veut renforcer la diversité musicale

Quotas radiophoniques , Audrey Azoulay veut renforcer la diversité musicale

Le Monde
| 24.05.2016 à 11h43
Mis à jour le
24.05.2016 à 13h32
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Par Alain Beuve-Méry

L’ambiance promet d’être sportive, mardi 24 mai, lors de l’examen au Sénat du projet de loi sur la création. Le gouvernement entend en effet revenir sur un couac musical qui dure depuis deux mois et qui concerne l’épineuse question des quotas radiophoniques. Il s’agit d’un sujet hautement inflammable sur lequel s’écharpent ayants droit musicaux et maisons de disques d’un côté, dirigeants de radios indépendantes et des grands groupes (NRJ, RTL, Lagardère) de l’autre.

L’objet du litige porte sur un amendement, voté en mars à l’Assemblée nationale, après avoir été accepté par le gouvernement, qui autorisait une modulation des quotas de chansons francophones pour les radios qui prendraient « des engagements en matière de diversité musicale ». Ce possible assouplissement a aussitôt suscité la mobilisation de la filière musicale (producteurs, éditeurs, artistes), très attachée aux quotas qui imposent aux radios de diffuser 40 % de chansons d’expression francophone, mais qui, dans la pratique, ne sont pas respectés.

Pour faire fléchir le gouvernement, la filière musicale pouvait s’appuyer sur le rapport Bordes, commandé par Aurélie Filippetti et reçu en 2014 par Fleur Pellerin, deux femmes qui ont toutes deux été ministres de la culture et de la communication de François Hollande. Parmi les 18 propositions du rapporteur, figure notamment l’une disposant que « les dix titres francophones les plus diffusés sur les radios ne doivent pas dépasser 50 % de la diffusion francophone mensuelle des radios ».

« Solution de compromis »

Après deux mois de discussions, l’actuelle ministre de la culture, Audrey Azoulay, espère avoir clarifié la situation en proposant un amendement de compromis qui sera discuté, mardi après-midi au Palais du Luxembourg. Cet amendement prévoit les conditions d’une modulation, en introduisant notamment deux critères chiffrés : pour pouvoir y prétendre, les radios devront programmer 45 % de nouveautés et s’engager à ne jamais diffuser un même titre (anglophone comme francophone) plus de 150 fois dans le mois, soit 5 fois par jour.

Cette « solution de compromis » a aussitôt été saluée, lundi 23 mai, par l’ensemble de la filière musicale. En revanche, dans un communiqué commun, les radios indépendantes et celles des groupes Lagardère, NRJ et RTL se disent « consternées » et appellent les sénateurs « à ne pas reprendre les propositions du gouvernement ». Quant à Tristan Jurgensen, directeur de Fun Radio et RTL2, il estime ces critères chiffrés « inacceptables » et inapplicables pour les radios « jeunes adultes ».

Si d’aventure, l’amendement gouvernemental ne trouve pas grâce auprès des sénateurs, ce sera au tour de la Commission mixte paritaire (CMP), prévue dans une dizaine de jours, d’accorder un épilogue à cet énième épisode de la bataille des quotas radiophoniques. « Same player, shoot again ! » (Les mêmes joueurs jouent encore).

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