Profs non remplacés dans les Hauts-de-France , l’exaspération des parents d’élèves

Profs non remplacés dans les Hauts-de-France , l'exaspération des parents d'élèves

«
Cela fait des années qu’on subit le manque de remplaçants mais cette année, c’est pire que tout !
» Ça c’est la colère des parents d’un groupe scolaire d’Hellemmes. «
Ces heures de cours manquantes créent une rupture dans l’égalité des chances !
» Ça, c’est dans un collège de Valenciennes. Même exaspération dans les lycées pour des heures manquantes en maths (Boulogne), en philo (Montreuil) ou en allemand (Saint-Pol-sur-Ternoise).

À Lille, des parents de collégiens ont même posté une annonce sur le site Internet Le Bon Coin pour un remplacement en maths. Du jamais vu. Mi-février, la FCPE (association de parents d’élèves) du Nord comptait 700 jours de cours non assurés depuis la rentrée.

La situation empire

Même genre de constat pour la FSU, syndicat d’enseignants, qui ne compte que 70 % de remplacements en janvier et février dans le département chez les primaires et maternelles. «
Nous n’avons pas eu accès aux chiffres pour le Pas-de-Calais, ce qui n’est jamais bon signe !
», s’alarme Catherine Piecuch de la FSU. Pour la FCPE, les remplacements sont, de toute façon, «
quasiment absents en maternelle et rares en primaire
». «
Cette année, la situation, qui n’a jamais été terrible, a empiré
», constate Anne Gauffard, présidente FCPE pour le Nord.

Comme source de tous les maux, parents et enseignants pointent, forcément, du doigt le manque d’effectifs : «
On est passé de 1905 remplaçants dans l’académie de Lille en 2007 à 809 en 2015 !
», s’indigne Catherine Piecuch. Même son de cloche à l’UNSA, autre syndicat d’enseignants : «
II y a eu tellement de suppressions avec Sarkozy que les créations faites avec Hollande ne compensent pas, note ainsi Nicolas Penin, et puis la formation prend du temps.
» À titre d’exemple, on compte un pool de remplaçants de 15 enseignants pour 22 écoles lilloises. Résultat : le rectorat fait de plus en plus appel à des contractuels qui ne sont pas formés au métier d’enseignant.

Toujours à l’UNSA, Olivier Laby souligne aussi la disparité du territoire : «
Il faudrait un rééquilibrage du nombre de remplaçants non titulaires entre Cambrai, par exemple, où ça ne va pas trop mal, et Dunkerque où c’est problématique.
» Voilà pour les problèmes de fond, accentués cette année par la réforme du collège : «
Les formations qui se font sur le temps de travail ne sont pas remplacées
», note la FCPE. Autre particularité de la rentrée 2015 : les effectifs en hausse en collèges et lycées. «
Forcément, les collègues sont plus fatigués
», note Catherine Piecuch. Ce qui fait dire à N., un élève lillois de 3e
: «
Le problème, c’est que, pendant ce temps, on prend du retard. J’ai dû récupérer d’anciens cours de maths pour me mettre à niveau en dehors des cours, ce n’est pas très normal.
»

Contacté, le rectorat n’a pas souhaité communiquer.

« Le rectorat doit nous rembourser »

Pour ses deux enfants plus âgés scolarisés dans le même lycée de Boulogne-sur-Mer, Christelle n’a jamais eu de problèmes. Mais cette année, les absences non remplacées s’accumulent
: «
En terminale, il manque un trimestre de philo en S et ES, un bon mois d’anglais en TS et plus d’un mois en sciences physiques ! Vous imaginez
»

Élève de terminale ES, son fils a dû prendre des cours de philo privés pour pallier le trimestre manquant
: «
Les gamins se débrouillent tout seuls, c’est n’importe quoi. Mon mari et moi, on s’en rendrait presque malade. C’est l’âge où tout se construit et l’Éducation nationale n’est pas fichue de leur offrir les moyens de préparer l’après-bac !
»

Au total, la dizaine d’heures de cours particuliers leur a coûté 500 euros et le couple envisage d’en payer une trentaine en plus pour que leur fils puisse rattraper son retard : «
Nous, on y arrive mais les autres parents Ce système renforce les inégalités !
» Du coup, Christelle a écrit au rectorat pour demander à être remboursée
: «
C’est une question de principe ! Il faut qu’on se batte pour nos enfants mais aussi pour les futurs élèves de ce lycée.
»

En chiffres

700 : C’est le nombre de jours d’absence non remplacés comptabilisés par la FCPE du Nord depuis la rentrée. Un chiffre qui se base sur les déclarations faites sur le site de la FCPE « ouyapacours ».

17 : Selon le syndicat d’enseignants FSU, le Nord dispose d’un fonds suffisant pour faire appel à 40contractuels afin de pallier les non-remplacements. Pour le moment, seuls 17 ont été embauchés. Pour rappel, il suffit, pour être contractuel, d’avoir le niveau de la licence.

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