Procès Fouquet , 18 ans de prison pour le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd
La cour d’assises de Paris a condamné huit hommes à des peines de un à 30 ans de prison pour un braquage raté qui avait coûté la vie à la policière municipale Aurélie Fouquet, dont une peine de 18 ans pour le médiatique caïd Redoine Faïd.
Deux hommes ont été condamnés dans la nuit de mercredi à jeudi pour le meurtre lui-même, le 20 mai 2010 : Daouda Baba à 20 ans de prison, et Olivier Tracoulat, jugé en son absence, à 30 ans.
Un neuvième homme, Georges Mosheh, a été acquitté, conformément au réquisitoire.
Pour le reste, l’avocate générale Maryvonne Caillibotte avait requis entre trois et trente ans de prison contre les accusés, pour avoir pris part, de près ou de loin, à une attaque de fourgon blindé qui a mal tourné.
Repéré par des policiers, un groupe de braqueurs s’était lancé dans une course folle sur l’autoroute, tirant sur les forces de l’ordre et blessant des automobilistes.
À Villiers-sur-Marne (Val-de-Marne), ils avaient mitraillé une voiture de police municipale qui arrivait, tuant Aurélie Fouquet, 26 ans, et blessant son coéquipier, avant de prendre la fuite.
Ni l’enquête, pauvre en preuves matérielles, ni sept semaines de procès, marquées par la loi du silence, n’ont permis de distribuer exactement les rôles, laissant cette lourde tâche aux jurés.
Les accusés ont, à deux exceptions près, nié toute participation.
L’avocat fera appel
L’avocat de Redoine Faïd, Christian Saint-Palais, a fait savoir qu’il allait faire appel.
Il avait plaidé l’acquittement, faute de preuves accablantes contre son client. Le braqueur multirécidiviste a martelé qu’il n’avait «rien à voir» avec cette affaire, assurant qu’il était bel et bien repenti, avec la verve qui a contribué à lui faire une place de choix dans les médias.
Peu sensible à ses «fables», l’avocate générale l’avait placé «au centre» de l’association de malfaiteurs et de la tentative de vol à main armée.
Maryvonne Caillibotte avait requis 22 ans contre cet accusé théâtral jusqu’au moment de l’énoncé du verdict. Entendant les «reconnu coupable» qui s’accumulaient contre lui le président a fait la fastidieuse lecture de chacune des 287 réponses aux questions posées à la cour , Redoine Faïd a gesticulé et fait le geste de visser son index sur sa tempe.
Il doit repasser l’an prochain aux assises, pour la quatrième fois, pour répondre d’une spectaculaire évasion avec prise d’otages en 2013.
Les autres condamnations
Olivier Tracoulat, grand absent à l’audience, car sans doute mort après avoir été blessé à la tête le 20 mai 2010, est le seul à avoir, avec son sang, signé de manière indiscutable sa participation à la fusillade de Villiers-sur-Marne.
Chargé à l’audience par d’autres, il est aussi le plus sévèrement condamné (30 ans).
La cour a estimé que les charges étaient suffisamment accablantes pour condamner Daouda Baba pour meurtre. Le plus jeune accusé, 32 ans, s’est agité à l’énoncé du verdict, lançant «Vous me tuez, là», et manquant de se faire expulser.
Mais les jurés n’ont pas suivi l’avocate générale, qui avait désigné un troisième meurtrier, Rabia Hideur. Ce dernier a toutefois été condamné à dix ans pour avoir pris part au projet de braquage.
Malek Khider, premier interpellé le soir du 20 mai 2010, avec un fourgon gavé d’armes et d’équipements, a écopé d’une peine de 15 ans.
L’avocate générale voulait le voir emprisonner pour 25 ans, mais n’a pu convaincre la cour de son implication dans une autre affaire, raccrochée in extremis au procès Fouquet : celle d’un braquage raté de décembre 2010 à Gentilly près de Paris, jamais élucidé.
Deux «logisticiens» de l’équipe, Olivier Garnier et Wlliam Mosheh, ont été condamnés à cinq ans. Jean-Claude Bisel, jugé pour avoir veillé Olivier Tracoulat blessé pendant une nuit, a été condamné à un an de prison pour le délit de «recel de malfaiteurs».
Elisabeth Fouquet, mère de la policière morte, a dit, d’une voix étranglée par l’émotion, sa volonté de continuer le «combat». Cette fois contre Fisal Faïd, frère de Redoine, qui aurait été dans le box s’il ne s’était précipitamment enfui en Algérie le 21 mai 2010.
Son absence, comme celle d’Olivier Tracoulat, a plané sur tout le procès.