Procès du récidiviste Sofiane Rasmouk ,  le procès d’un homme pas d’une institution 

Procès du récidiviste Sofiane Rasmouk ,  le procès d'un homme pas d'une institution 

Près de trois ans après les faits qui lui sont reprochés, Sofiane Rasmouk fait face, pour la première fois, à celles qui l’accusent. Son procès s’est ouvert lundi 23 mai devant les assises du tribunal de Nanterre, où il est jugé pour viol, tentative de viol, tentative de meurtre et vol avec violence sur deux jeunes femmes à Colombes (Hauts-de-Seine) en août 2013.

Celui que les médias ont surnommé « le monstre de Colombes » aurait agressé à deux minutes d’intervalle, les deux jeunes femmes qui ne se connaissaient pas, le 7 août 2013 au soir. Il s’en serait d’abord pris à Priscilla, 31 ans au moment des faits. Rouée de coups, laissée pour morte en bas de chez elle, elle a également été dépouillée de son portefeuille et de son portable avant d’être retrouvée un quart d’heure plus tard, inconsciente, gisant dans une mare de sang. Son pantalon portait des traces ensanglantées des doigts de l’agresseur, entre les cuisses notamment, prouvant une tentative d’agression sexuelle pour les enquêteurs.

Laxisme judiciaire

Quelques minutes plus tard, Sandra, 19 ans au moment des faits, a été agressée à son tour. Sofiane Rasmouk est accusé de l’avoir violée, à deux reprises, entre deux voitures, de l’avoir frappée au visage et menacée avec un couteau. Plus tard, sur les lieux du crime, les enquêteurs avaient retrouvé le portefeuille volé de Priscilla, la première victime.

Filmé par des caméras de surveillance et trahi par son ADN, Sofiane Rasmouk est arrêté le 14 août. L’homme a un casier bien rempli, avec pas moins de vingt condamnations pour divers méfaits entre 2002 et 2012. Surtout, il était placé sous le régime de la semi-liberté, déjà condamné par la justice pour agression sexuelle en septembre 2010.

Après l’agression d’août 2013, l’enquête a montré que l’homme n’avait pas toujours respecté les conditions de son régime de semi-liberté, et ce, sans que son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation ne s’en soit inquiété. Par neuf fois, sans justification, il s’était présenté en retard au centre de détention où il passait la nuit. Le 27 juillet, c’est toute une nuit qu’il « a oublié » de passer en détention. Autant de dysfonctionnements qui n’ont pas manqué à l’époque de relancer le débat sur les régimes de semi-liberté et la récidive.

Une plainte qui vise le juge d’application des peines

La mère d’une des deux jeunes femmes agressées en 2013 avait déposé plainte contre X auprès du doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Nanterre, pour « mise en danger d’autrui », par l’intermédiaire de son avocat maître Gilles-Jean Portejoie. Une plainte qui vise clairement le juge d’application des peines, responsable de la mise en semi-liberté de Sofiane Rasmouk, et son conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation, chargé de son suivi.

Renvoyée auprès du doyen des juges de Lyon, « l’affaire est en cours d’instruction », explique l’avocat. Mais pour ce dernier, le procès, qui s’est ouvert lundi 23 mai aux assises du tribunal de Nanterre, « est le procès d’un homme, pas d’une institution ».

Car c’est bien cela que craignent l’avocat et son collègue Franck Berton, chargé de la défense de Sandra : que Sofiane Rasmouk ne cherche à « édulcorer sa responsabilité » dans les faits qui lui sont reprochés. Si la question des responsabilités de l’administration pénale et de la justice risquent de s’inviter dans le procès qui vient de s’ouvrir, « le rôle de la cour d’assises est de principalement s’intéresser à la personnalité de l’accusé, et aux faits qu’il a commis, martèle Me Gilles-Jean Portejoie. La responsabilité des uns et des autres doit être appréhendée dans des cadres distincts ».

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