Poursuivi par Julie Gayet  Voici  pose la question du statut de la compagne du président

Poursuivi par Julie Gayet  Voici  pose la question du statut de la compagne du président

Le Monde
| 08.06.2016 à 00h40
Mis à jour le
08.06.2016 à 01h22
|

Par Clémentine Bille

« Julie Gayet n’est pas une femme comme les autres. » C’est l’argument de l’avocat de Rolf Heinz, PDG du groupe Prisma Media en France, et donc directeur de la publication de Voici, au tribunal correctionnel de Nanterre, mardi 7 juin. Il comparaît pour avoir publié en 2014 des clichés volés de l’actrice et de François Hollande, attablés sur la terrasse des appartements privés du président à l’Elysée. « Depuis le début de leur liaison, on ne les avait jamais vus ensemble ! », annonçait en « une » le magazine le 21 novembre. Les photographies, de mauvaise qualité, ont été prises quelques semaines plus tôt de la fenêtre d’un salon. Julie Gayet porte plainte pour violation de la vie privée.

Lire aussi :
 

L’Elysée, nid d’espions’

L’auteur des images reste inconnu. Rolf Heinz se trouve seul sur le banc des prévenus. Lors des précédents procès intentés par l’actrice contre des magazines people, elle a toujours gagné. D’abord contre Closer pour des images de l’actrice dans sa voiture, une semaine après les révélations parues en 2014 sur le couple qu’elle forme avec François Hollande. Mais aussi contre VSD et Voici pour des clichés du couple à la résidence présidentielle de La Lanterne.

« De l’intérêt public »

Me Olivier D’Antin, avocat du magazine, ne se démonte pas. Il avance : « Quel est le statut de Julie Gayet de par sa présence à l’Elysée Voilà la question que pose la publication de Voici. » Ainsi, « ces images sont bien de l’intérêt public. » Selon lui, Julie Gayet est ce qui se rapproche le plus d’une première dame. Et la précédente, Valérie Trierweiler, disposait de 400 000 euros de budget annuel pour ses affaires personnelles, et 80 000 euros de frais pour sa protection.

Lire aussi :
 

L’actrice et le président, le tableau d’un couple brossé par petites touches

« Si Louis XIV disait le peuple, c’est moi ; désormais le peuple, c’est nous », clame l’avocat de Rolf Heinz, enfonçant le clou : « L’Elysée, c’est 100 millions d’euros de budget annuel. » Et les Français ont le droit de savoir comment ils sont utilisés, plaide-t-il. Les Français ont le droit de savoir que Julie Gayet organise des dîners onéreux au palais de l’Elysée, où l’un des invités, Joey Starr, avait par la suite vanté la succulence du rhum haïtien. Des dîners qui ont eu lieu pendant le temps de l’enquête où Julie Gayet, la plaignante, n’a pas souhaité répondre à une audition. Problème d’emploi du temps, d’après l’actrice. Une réponse que Me Olivier D’Antin qualifie de désinvolte.

Que la compagne du président vive « au c’ur du pouvoir » n’a pas persuadé le procureur. Pour lui, le président a le droit à une vie privée. « Après La Lanterne, l’Elysée, jusqu’où iront les journalistes pour vendre des magazines », s’enquit-il. Il requiert, d’après la demande de l’avocat de la plaignante, un euro symbolique pour préjudice moral et la publication du communiqué sur la décision de justice dans Voici. Délibéré le 5 juillet.

Lire aussi :
 

Doutes sur la sécurité du chef de l’Etat

Leave A Reply