Pour sa rentrée la majorité socialiste torpille Sarkozy et met en garde contre les  diviseurs 

Pour sa rentrée la majorité socialiste torpille Sarkozy et met en garde contre les  diviseurs 

Plusieurs ministres ont tenu, lundi 29 août au soir, à Colomiers, dans la Haute-Garonne, un meeting de rentrée très sécurisé, sous la pression de syndicats et sur fond de dissensions ouvertes au sein du gouvernement au sujet du burkini. Une rencontre sur le thème de la république, qui devait, après l’annulation de l’université d’été du PS à Nantes, faire figure de rassemblement de substitution pour la majorité.

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Un meeting de rentrée sous haute sécurité pour le gouvernement

Après les discours du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, et des ministres Stéphane Le Foll (agriculture et porte-parole du gouvernement), Marisol Touraine (santé) et Najat Vallaud-Belkacem (éducation), le premier ministre, Manuel Valls, a clos le meeting vers 20 heures. « Soyons fiers de notre bilan, soyons fiers d’être de gauche et d’être républicains ! », a-t-il lancé.

« Si nous partons divisés, nous perdrons »

Le chef du gouvernement a évoqué la « menace considérable » que représente selon lui l’ancien président Nicolas Sarkozy, qui « impose » son agenda à la droite et qui « s’assoit sur les grands principes de la Constitution » :

« Vers où Nicolas Sarkozy est-il prêt à emporter le pays pour l’emporter (…) C’est un programme brutal, d’affrontements, qui vise les corps intermédiaires et notre modèle social »

Dramatisant l’enjeu de la présidentielle  « jamais sous la Ve République une élection n’aura été aussi importante, complexe et périlleuse » Manuel Valls a souligné « l’immense responsabilité » de la gauche dans ce « moment historique » marqué par le surgissement d’« un totalitarisme islamiste », la menace d’une « dislocation de l’Europe », la « ‘trumpisation’ des esprits ».

« Si nous partons divisés, nous perdrons à coup sûr », a-t-il mis en garde en dénonçant à l’intention d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon la « surenchère des diviseurs » et « les attaques outrancières, parfois intolérables, à l’égard même du chef de l’Etat ! ». Manuel Valls, qui s’exprimait devant un aréopage d’une douzaine de ministres, et d’environ un millier de militants dans ce fief de la gauche, a souligné la nécessité d’avoir « un projet, une vision » qui donne envie aux Français de « donner un nouveau quinquennat à la gauche ».

« Un nouveau totalitarisme »

Manuel Valls, qui s’est retrouvé isolé la semaine dernière au sein de son propre gouvernement sur la question du « burkini », a réaffirmé son attachement indéfectible à la « liberté » des femmes.

« Sur la place des femmes, nous ne pouvons transiger. Marianne, le symbole de la république, elle a le sein nu parce qu’elle nourrit le peuple, elle n’est pas voilée parce qu’elle est libre. C’est ça, la république. »

Le premier ministre a par ailleurs dénoncé, en introduction d’un discours de plus d’une demi-heure, « un nouveau totalitarisme » : « Le totalitarisme islamiste, avec une volonté : fracturer les démocraties, écraser les libertés individuelles, installer un ordre social, une société de domination des hommes sur les femmes ». Pour lui, l’islamisme « s’attaque à la France parce que nous sommes la France », « le pays de la laïcité et de la loi de 1905 » mais aussi « le pays qui a un message à adresser au monde ».

« Nous sommes face à une guerre d’un genre nouveau. Nous devons donc changer profondément notre culture de sécurité, en adaptant nos comportements, en intégrant la menace, et en même temps sans jamais renoncer à vivre ! »

« Tout refonder » en Europe

Manuel Valls a également suggéré que la gauche européenne se batte pour l’assouplissement du pacte de stabilité, qui prévoit notamment que le déficit public d’un Etat soit inférieur à 3 % de son produit intérieur brut. « La gauche européenne, sociale-démocrate, doit se faire entendre davantage sur la relance économique, sur l’assouplissement des règles du pacte de stabilité, pour lutter contre le dumping social et la fuite fiscale, sur le dossier des travailleurs détachés », a-t-il dit.

Une partie de la gauche reproche au président François Hollande de ne pas avoir réussi à réorienter les règles budgétaires de l’Europe comme il l’avait promis pendant sa campagne en 2012, acceptant de fortes baisses de dépenses publiques et hausses d’impôt pour réduire le déficit.

A la suite du « Brexit », à la fin du mois de juin, M. Valls a dit à Colomiers qu’il fallait « tout refonder » en Europe. « Rebâtir des bases saines, revenir aux fondamentaux : protection et sécurité ; croissance et emploi ; gestion des grandes crises environnementales et migratoires ». « L’Europe est une belle idée : celle de la paix qui l’emporte sur la guerre, de l’union qui transcende les nationalismes », mais, a-t-il ajouté, « pour préserver l’essentiel, il nous faut tout changer ».

Rentrée du gouvernement : des centaines de personnes font un « contre-meeting »

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi devant la mairie de Colomiers pour un « contre-meeting », à quelques pas du rendez-vous de rentrée du gouvernement. Une foule de 400 personnes, selon la police, dominée par une nuée de drapeaux syndicaux Sud, CGT, FSU et politiques Lutte ouvrière, NPA, Jeunes communistes s’est formée progressivement sur la place devant la mairie en fin d’après-midi.

« Non à la loi travail et son monde ! », disait une pancarte, quand une autre, en forme de cercueil, lançait : « Ci-gît le parti socialiste ». Une intersyndicale CGT-FSU-Solidaires-UNEF-FIDL-UET (Union des étudiants de Toulouse) avait en effet appelé à un « contre-meeting unitaire », rejoint par le NPA et des militants du Parti de gauche. Mi-août, la CGT avait qualifié de « provocation indécente » la tenue de ce meeting dans la ville natale de l’ancien leader syndical Georges Séguy, décédé récemment. 

« Ce qui est le plus détestable, c’est que [Manuel Valls] vient ici (…) au nom de la République, dans le pays de Jaurès, et que ce qu’il défend, lui, comme République est aux antipodes de ce que nous défendons en termes de fraternité et de justice sociale », a estimé Stéphane Boras, représentant Sud. Loi travail, licenciement d’un salarié d’Air France cet été : « Il y a un gros contentieux social avec ce gouvernement, ce qui justifie notre appel aujourd’hui, a estimé Jean-Philippe Gadier, membre du secrétariat départemental de la FSU. Même s’il y a moins de manifestants dans les rues, cela ne veut pas dire qu’ils sont satisfaits. Il reste une blessure béante. »

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