Pfizer , tu ne tueras plus !

Pfizer , tu ne tueras plus !

Pfizer ne sera plus l’auxiliaire du bourreau aux Etats-Unis. Le géant pharmaceutique américain a annoncé sur son site Internet, vendredi 13 mai, qu’il refuse que sept de ses produits soient utilisés dans les exécutions. Il rejoint ainsi les autres industriels du médicament. C’était le dernier laboratoire homologué par la Food and Drug Administration (FDA), le gendarme sanitaire américain, dont les substances pouvaient se retrouver dans les prisons.

« Pfizer fabrique ses produits pour améliorer et sauver la vie des patients, souligne le groupe installé à New York. Conformément à ces valeurs, Pfizer s’oppose à l’utilisation de ses produits dans des injections létales pour la peine capitale. »

Satisfaction des associations abolitionnistes

Le numéro 2 mondial du secteur s’y opposait déjà, mais il a franchi une nouvelle étape, à la plus grande satisfaction des associations abolitionnistes : il va resserrer sa politique de distribution de ces substances et ses clients, notamment publics, devront s’engager à n’en faire qu’un usage médical ; il surveillera et sanctionnera ceux qui auraient la mauvaise idée de les revendre à des institutions qui les utilisent dans les injections létales, comme les administrations pénitentiaires des 31 Etats américains qui appliquent encore la peine de mort.

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Sans doute Pfizer a-t-il été un peu plus incité à le faire après l’acquisition d’Hospira, en 2015, pour 17 milliards de dollars (15 milliards d’euros). Cette dernière affirme s’être « toujours publiquement opposée à l’utilisation de ses produits pour servir la peine de mort ». Sans doute veut-il aussi se montrer irréprochable sur ce dossier sensible, alors que ses dirigeants font preuve, depuis deux ans, d’une boulimie d’acquisitions. Après ses échecs de rachat des géants AstraZeneca (2014) et Allergan (2016), il a annoncé, lundi 16 mai, la reprise de la société de biotechnologie Anacor.

Difficile de concocter le cocktail mortifère

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A l’image de l’industrie pharmaceutique, Pfizer ne veut plus et ne peut plus être « complice » des exécutions. Les produits létaux venaient souvent d’Europe et l’Union, qui a banni la peine capitale, mène la vie dure au secteur. Elle interdit aux groupes qui produisent sur son territoire de les exporter, s’ils peuvent être utilisés pour la torture, pour des traitements cruels ou pour des exécutions. Il devient de plus en plus difficile aux Etats américains de concocter leur cocktail mortifère : un produit pour endormir, un autre pour paralyser et un dernier pour arrêter le c’ur du condamné.

Est-ce l’industrie pharmaceutique qui condamnera l’application de la peine de mort ‘ On en est loin, même si les abolitionnistes pensent que la pénurie de produits explique en partie la baisse du nombre d’exécutions aux Etats-Unis. Ces substances sont quand même responsables, selon eux, du décès de 1 260 condamnés depuis 1976, année où la Cour suprême a réintroduit la peine capitale. En juin 2015, elle a confirmé que la méthode d’exécution par injection létale n’était pas contraire à la Constitution.

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