Patricia Rizzo 48 ans #EnMémoireBruxelles

Patricia Rizzo 48 ans #EnMémoireBruxelles

Adventure of a Lifetime, de Coldplay. C’est sans doute le dernier morceau de musique que Patricia Rizzo a écouté. Elle le passait en boucle dans sa voiture, une chanson aux sonorités un peu folk qui donne l’envie de se lever pour danser follement, en faisant virevolter ses jupes. Et la danse, cette Italienne née en Belgique il y a quarante-huit ans l’adorait. « Elle pouvait danser cinq heures d’affilée ! Quand je pense à Patricia, je la vois en train de danser, un grand sourire aux lèvres », dit un de ses proches.

C’est autour de la danse qu’elle se réunissait avec ses amis, au casino de Namur. Et c’est à un cours de valse qu’elle avait rencontré son mari, Christopher, un Belgo-Suédois subjugué ce jour-là par sa cavalière, ravissante et élégante Méditerranéenne, aux longs cheveux lisses et aux yeux de biche.

« Solaire », « lumineuse », « souriante »’ Ce sont les mots les plus utilisés pour décrire Patricia Rizzo. Ce sourire contagieux était même remarqué dans le bus qu’elle prenait le matin pour aller travailler à Bruxelles après avoir garé sa voiture sur un parking de Wavre, la ville où elle habitait, à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale belge.

Mardi 22 mars, après le bus, elle a pris le métro. Et c’est à la station de Maelbeek qu’elle a été tuée, dans l’attentat, à 9 h 11. Les proches de Patricia n’ont eu la confirmation de sa mort que le vendredi, après de longues recherches. Le soutien et les hommages ont afflué, de Belgique et d’Italie, de connaissances, d’amis et d’officiels des deux pays.

Une allure impeccable

« Je garde un bellissimo ricordo’ [un très beau souvenir] d’elle. Je ne l’ai jamais vue fâchée », se souvient une amie italienne. « Nous avons perdu une des nôtres », déclarera le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Diplômée en secrétariat de direction de l’ECSEDI à Bruxelles, Patricia est en effet le seul membre des institutions européennes tué dans les attentats de Bruxelles. Elle travaillait depuis octobre 2015 dans une agence du conseil européen de recherche, comme assistante du responsable des ressources humaines.

Depuis 1990 elle avait collaboré à diverses agences européennes à Bruxelles, ainsi qu’en Italie. Mais sa famille lui manquait et elle était revenue en Belgique. Petite-fille d’immigrés italiens, elle était très attachée à la Belgique, même si elle retournait parfois dans le village d’origine de sa mère, Calascibetta, sur une colline sicilienne.

« Ses parents (restaurateurs), nos parents, nous parlaient du déracinement, des conditions d’immigration, de l’effort pour s’en sortir ; ce qui a forgé son goût du travail bien fait, du respect et d’une allure impeccable en toutes circonstances, témoigne Mario Leonora, son cousin, qui a grandi avec elle. Nous étions enfants uniques, elle me considérait comme son frère, parfois son confident. J’ai perdu la seule s’ur que j’aie eue. »

Patricia était aussi très proche de ses parents, qui habitaient non loin de leur fille et de son fils de 19 ans, Jonathan. Il était « plus que la prunelle de ses yeux », et les photos laissent éclater la fierté de la mère pour son fils unique. Avec le père de Jonathan, Christopher, elle gardait une très grande complicité, malgré leur récent divorce. Patricia avait aussi un peu trouvé une fille en Olivia, 9 ans, l’enfant de son cousin Mario, qui « était super fière de l’avoir pour marraine. Et Patricia était très honorée ».

Sophie Devillers (« La Libre Belgique »)

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