Paris-Roubaix , entre la fin d’une époque et le début d’un règne
C’est le premier contre-pied d’une course qui n’en est, de toute façon, pas avare. Alors qu’on a levé vingt fois le nez vers le ciel pendant toute la semaine, qu’on a secoué la grenouille de Météo France dans tous les sens, qu’on s’attendait à des heures bien arrosées en attendant le jour J, les pavés présenteront une face très respectable au peloton et au public qui se pressera pour saisir furtivement un morceau de la légende, sur les secteurs du Cambrésis, de l’Écaillon, du Valenciennois ou de la Pévèle.
Paris-Roubaix s’annonce enfin ! Et avec cette 114e édition, toute décennie de domination s’achèvera, vers 17h peut-être un peu avant en fonction du vent , dans les ultimes tours de roues de Fabian Cancellara et Tom Boonen sur la piste en béton rosé du vélodrome André-Pétrieux.
Sept victoires partagées en dix ans ! Le constat nous ramène au duel que se sont aussi livrés Eddy Merckx et Roger De Vlaeminck, entre 1968 et 1977 (également sept succès à eux deux).
C’est le moment d’entamer une profonde inspiration et de mesurer la profonde empreinte léguée par le duo dans l’histoire de la course. Cancellara en aura fini avec son dernier Paris-Roubaix. Boonen laisse encore planer une part de mystère sur ses intentions. « Il y a autant de chances pour que ce soit le dernier ou pas », a lâché le Belge, vendredi.
Son équipe fait des projets pour lui. Elle imagine déjà l’éclat d’un retrait définitif sur un cinquième pavé qui ferait de l’Anversois le recordman absolu de l’épreuve. « Ce serait merveilleux s’il gagnait et qu’il stoppe sa carrière là-dessus », commente son manager Patrick Lefevere. De toute façon, « Tommeke » aura le dernier mot.
Le détachement de Sagan
La nature ayant horreur du vide, la place laissée par le duo est déjà réservée à Peter Sagan, en attendant l’émergence d’un réel rival générationnel sur cette course. Il peut réussir le treizième doublé Tour des Flandres/Roubaix. Comme d’habitude, le Slovaque observe tout ceci avec détachement et amusement.
À part ça, on n’oubliera pas que Paris-Roubaix peut parfois niveler les différences entre ses prétendants. Et que la course d’équipe peut jouer un rôle plus prépondérant. Les Britanniques de la formation Sky (Rowe, Stannard) courent toujours après leur premier monument.
Brillant mais malchanceux au Ronde, le Néerlandais Lars Boom (Astana), lauréat de l’étape gluante entre Ypres et Arenberg, sur le Tour de France 2014, n’a jamais autant cru en ses chances : «
Je n’ai jamais été dans une telle forme à ce moment de la saison », répétait-il cette semaine.
Orphelins d’Arnaud Démare (blessé au Tour des Flandres), les Français risquent de subir. Ou compter sur les Nordistes (Petit, Tronet, Sénéchal qui s’était classé à la dix-septième place l’an passé) pour exister.