Migrants sur l’A16, une nuit avec les agents de la DIR dans le Calaisis

Migrants sur l'A16, une nuit avec les agents de la DIR dans le Calaisis

Le ministre à Calais vendredi, l’A16 bloquée lundi

Alors que la journée de lundi s’annonce très tendue dans le Calaisis un collectif de transporteurs routiers, de commerçants, d’agriculteurs et d’agents portuaires appelle à un blocage illimité de l’A16 , nous avons appris hier que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve viendrait à Calais demain. L’action de lundi était programmée à partir de 7 h : deux cortèges sont censés partir de Loon-Plage (près de Dunkerque) et de Boulogne-sur-Mer, pour se rejoindre à Calais sous forme d’une opération escargot. L’idée étant de bloquer l’autoroute de façon «
illimitée
», pour obtenir une date de démantèlement de la « jungle ». La préfecture du Pas-de-Calais n’a pas encore décidé si elle interdisait ou non cette manifestation. D’ici là, Bernard Cazeneuve tentera probablement de négocier avec les organisateurs. Mais ses possibles annonces suffiront-elles à apaiser les esprits

Entre 7 et 9 000 migrants à Calais

On compte actuellement entre 7 000 (chiffre préfecture) et 9 000 (associations) migrants à Calais. 10 000 selon le syndicat Alliance. Des chiffres jamais égalés. Ils sont regroupés en périphérie de la ville, le long de la rocade : environ 2 000 d’entre eux vivent dans des structures mises en place par l’État, les autres s’entassant dans une « jungle » que l’État souhaite, à terme, démanteler. Les dispositifs créés pour désengorger Calais en emmenant les migrants dans des centres de « répit » un peu partout en France sont aujourd’hui saturés. Quant aux tentatives de passage en Angleterre, elles sont de plus en plus dangereuses face à une frontière qui s’est considérablement sécurisée. Depuis avril, les migrants posent toutes les nuits des barrages sur l’A16 et la rocade portuaire, afin de stopper les camions en partance pour l’Angleterre via le port ou le Tunnel.

«On a déjà été caillassés plusieurs fois»

C’était en décembre 2015, Bertrand était en train de ramasser des débris posés par les migrants : «
Ils se sont mis à me jeter des pierres… Ça a été un peu traumatisant.
» D’autres équipes se sont fait caillasser en intervention : «
Des collègues se sont fait exploser les vitres de leur fourgon avec des cailloux et des barres de bois.
» Si bien que certains ont fait valoir leur droit d’alerte. Une démarche différente du droit de retrait, comme l’explique Hugo Delplace, le chef de centre de Peuplingues : «
Ça leur a permis de signaler les risques encourus et de demander qu’on mette en place des moyens pour protéger leur intégrité physique.
»

Une « équipe migrants » créée en juin

Des changements considérables ont été réalisés début juin. Désormais, les agents sont systématiquement escortés par un fourgon de CRS. Alors qu’ils étaient jusqu’ici d’astreinte la nuit, ils réalisent à présent des horaires de nuit de 22 h à 6 h, avec heures supplémentaires si besoin. En plus des deux agents de la DIR chargés des interventions « classiques », quatre agents forment donc chaque nuit une «
équipe migrants

», qui intervient exclusivement sur les barrages. L’objectif de la DIR, «
c’est de rendre la voie circulable

» : «
On doit donc déblayer au plus vite la chaussée, sachant que les migrants ne sont pas loin
», explique Claude Ganier. Directeur adjoint de la DIR-Nord, il reconnaît que ses agents «
ne travaillent pas toujours en sécurité
». Il estime qu’il faut continuellement s’adapter face à des migrants déterminés à créer un bouchon, et qui savent eux-mêmes «
très bien s’adapter à nous
». Au cours du reportage, l’utilisation d’une déneigeuse a été testée (sans grand succès) pour tenter de rendre les interventions plus efficaces. Les agents espèrent que le défrichage des abords de la rocade et de l’A16 qui doit débuter ces jours-ci , et le retour de l’éclairage entre Calais et Coquelles annoncé d’ici la fin de l’année leur facilitera la tâche.

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