Loi travail  , vigilance sur le front des carburants après la réunion à Matignon

 Loi travail  , vigilance sur le front des carburants après la réunion à Matignon

Les blocages continuent, mais l’approvisionnement s’améliore

Six des huit raffineries du pays étaient toujours à l’arrêt ou au ralenti vendredi. Mais tous les dépôts pétroliers bloqués en France continentale par des opposants au projet de loi travail ont été débloqués, à l’exception de celui de Gargenville, dans les Yvelines.

Plusieurs préfectures ont par ailleurs fait état d’une nette amélioration des stocks, à l’instar de celle des Côtes-d’Armor, où les restrictions ont été levées, ou celle de l’Eure, qui estime que seulement 15 % des stations-service rencontraient des difficultés.

Chez Total, l’un des plus gros réseaux de distribution, un peu moins d’un tiers (659) de ses 2 200 stations étaient en difficulté vendredi. Le groupe a triplé sa flotte de camions habituelle pour réapprovisionner son réseau.

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Les compagnies aériennes font le plein à l’étranger

La grève a été reconduite jusqu’à lundi aux terminaux pétroliers du Havre, qui alimentent notamment les aéroports d’Orly et de Roissy en kérosène.

La Direction générale de l’aviation civile a envoyé une note aux compagnies aériennes opérant en France pour les inviter à faire le plein de carburant à l’étranger afin de pouvoir assurer deux vols consécutifs, a indiqué à l’AFP vendredi un porte-parole d’Air France. Une source aéroportuaire a précisé à l’AFP qu’il n’y avait pas « d’inquiétude particulière à avoir pour les aéroports parisiens, qui disposent de plus d’une semaine de stocks ».

Valls reçoit l’industrie pétrolière à Matignon

Le premier ministre, Manuel Valls, a réuni en fin de matinée les ministres et services concernés, les acteurs du secteur pétrolier (raffineurs, distributeurs, stockeurs) et ceux des transports (fédérations professionnelles, ports). L’objectif était de faire le point sur la situation de l’approvisionnement en carburants et sur les actions entreprises ou planifiées pour le garantir.

« La situation ce matin, c’est une situation qui s’améliore, une situation dans laquelle, dans certaines régions, nous sommes presque revenus à la normale », a déclaré le secrétaire d’Etat aux transports, Alain Vidalies, à l’issue de la réunion où se trouvait également les ministres de l’économie et de l’intérieur, Emmanuel Macron et Bernard Cazeneuve. M. Vidalies a notamment imputé cette amélioration à une « très grande mobilisation de la chaîne logistique ». « Dans d’autres régions, nous restons très attentifs mais on ne peut pas parler d’une crise qui est terminée », a-t-il ajouté.

Le gouvernement entend faire le nécessaire pour garantir aux entreprises l’accès aux stocks de carburants dans les heures et les jours à venir, a-t-il poursuivi. « Et donc les interventions de déblocage continueront si ça s’avère nécessaire (…) et je pense que cet effort devrait nous permettre d’améliorer encore la situation dans les jours qui arrivent », a encore dit le secrétaire d’Etat aux transports.

Valls et Hollande intransigeants

Interrogé par Le Parisien, le premier ministre a à nouveau assuré qu’il « irait jusqu’au bout » :

« Je n’ai pas un problème avec la CGT, ni avec Philippe Martinez. Mais la CGT demande le retrait du texte, elle a fait le choix d’une stratégie très dure et de l’impasse. Bien qu’elle signe beaucoup d’accords dans les entreprises’ Ce que je n’accepte pas, ce sont les blocages des ports, des raffineries, des dépôts qui portent atteinte à la libre circulation, gênent les salariés ou ceux qui sont à la recherche d’un emploi, en général les plus modestes qui pâtissent de cette situation. Il n’y aura pas de retrait du texte, pas de retrait de l’article 2 qui vise à décentraliser le dialogue social parce que c’est le c’ur de ce texte de loi. »

Même son de cloche du côté de François Hollande, qui est intervenu pour la seconde fois en deux jours, vendredi 27 mai, depuis le Japon, où il participait au G7, pour afficher sa fermeté : « Je tiendrai bon parce que je pense que c’est une bonne réforme, et nous devons aller jusqu’à son adoption », a-t-il dit.

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Pourtant, l’exécutif est coincé par un calendrier qui joue contre lui : l’examen du projet de loi sur la réforme du code du travail en deuxième lecture à l’Assemblée nationale ne doit pas intervenir avant le début du mois de juillet, soit une éternité dans le contexte actuel. Auparavant, le texte sera passé par le Sénat à partir du 13 juin. Mais, parallèlement, doit débuter, le 10 juin, l’Euro de football 2016, un rendez-vous important pour le pouvoir, dont l’une des obsessions est que cette compétition ne soit pas entachée par des blocages.

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L’appel des 56 députés

Dans la majorité parlementaire, les opposants au texte ne désarment pas. Une cinquantaine d’entre eux ont demandé, vendredi, dans une lettre adressée à François Hollande de reprendre le dialogue avec l’ensemble des syndicats sur le projet de loi afin de trouver une sortie de crise :

« Il est encore temps d’abandonner ces réformes qui inquiètent légitimement et divisent inutilement la gauche, qui flexibilisent et insécurisent l’ensemble de nos concitoyens, pour enfin affirmer des choix, en matière d’emploi et de code du travail en faveur desquels il existe, en France et au Parlement, une majorité à gauche. »

Et les députés d’appeler, notamment, l’exécutif à revenir sur l’article 2 de la loi, qui consacre une inversion dans la hiérarchie des normes, sujet qui a alimenté une cacophonie au sein même du gouvernement toute la semaine écoulée.

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