Lille, des anomalies dans les comptes du CE de Transpole une plainte sera déposée

Lille, des anomalies dans les comptes du CE de Transpole une plainte sera déposée

Depuis des décennies, la CGT est le syndicat majoritaire chez Transpole. Mais en 2015, ses élus ont perdu la gestion du comité d’entreprise, un mastodonte au budget de deux millions d’euros pour les 2 700 salariés de la société. La nouvelle équipe (FO, SUD et CFDT) a aussitôt commandé un audit des finances de 2014 et du centre de vacances de Mieussy. «
Il y avait une gestion comptable et un classement anarchiques
», expliquent Julien Mathis, secrétaire du CE (FO), Christian Casier, secrétaire-adjoint (CFDT) et Frédéric Charbonneau, trésorier (SUD). Le rapport d’audit a été présenté vendredi dernier. Il pointe de multiples «
anomalies
», «
les comptes ne sont pas réguliers et sincères
».

300 000 euros de dépenses injustifiées

Ses constats portent sur «
des factures (qui) posent question
», l’utilisation des chèques-vacances et des bons d’achats, les mouvements d’espèces («
nous n’avons pas obtenu de livre de caisse
»), les sections culturelles et sportives, le paiement de voyages, etc. Les trois dirigeants du CE ont fait leur calcul : «
En 2014, un peu plus de 300 000 euros de dépenses sont injustifiées. On veut savoir où est passé cet argent, qui n’a pas été distribué aux salariés. Il y a eu de la mauvaise gestion, du laxisme et des irrégularités pouvant laisser supposer d’éventuels malversations ou détournements. » Le secrétaire du CE veut qu’une enquête tire cette affaire au clair et va porter plainte contre X d’ici le 15 mai.

« On n’a rien à cacher »

Mohamed Farhi, secrétaire de la CGT-Transpole, se dit serein. «
C’est presque souhaitable d’avoir le regard neutre de la justice, ce qui balaiera les suspicions. On n’a rien à cacher ni à se reprocher. » Il défend la gestion «
saine
» du CE par les élus CGT : «
Les bilans comptables n’avaient jamais été critiqués et
les salariés étaient bien servis.
» Mohamed Farhi reconnaît toutefois que la comptabilité «
n’était pas digne d’un expert-comptable
», notamment au regard des nouvelles normes des CE depuis 2015. Il dénonce «
une chasse aux sorcières contre la CGT de la part de représentants syndicaux. Ils essaient de nous coller un maximum de saletés
».

Un dossier qui tombe mal’

Ce conflit syndical pourrait aussi éclabousser la direction de Transpole, qui préside le CE
: «
On a l’impression qu’elle n’a pas exercé son droit de regard sur les comptes
», soulignent Julien Mathis, Christian Casier et Frédéric Charbonneau. Le dossier tombe mal pour Keolis-Transpole, en pleine renégociation de la délégation de service public pour 2017. Il s’ajoute à un autre, de discrimination syndicale
(lire ci-dessous).

Sollicitée, la direction de Transpole n’a pas souhaité s’exprimer.

Transpole a-t-il (trop) favorisé la CGT’

Une épine de plus pour Transpole. La direction est visée par une enquête judiciaire pour discrimination syndicale, infraction passible de 3 750 euros d’amende. Elle a débuté après le dépôt d’une plainte, en 2015, par Patrick Landry, délégué syndical SUD-Transpole. «
En 2013, la direction a donné 984 h de CAS (crédit annuel syndical) à la CGT pour préparer diverses négociations, contre 130 h pour chacun des autres syndicats, dénonce-t-il. C’est scandaleux ! »

La Direccte (inspection du travail) a également été saisie. Dans un courrier adressé en juin 2015 à SUD, ses conclusions sont édifiantes : «
les éléments recueillis ont permis d’établir à l’encontre de la société Keolis-Transpole une rupture d’égalité de traitement entre les syndicats. »

L’affaire transmise au parquet de Lille

Le rapport de la Direccte a été transmis à la brigade financière de la PJ de Lille. L’enquête s’est accélérée en mars, avec notamment l’audition du directeur des ressources humaines de Transpole. Elle a été bouclée et transmise au parquet de Lille, qui veut aller plus loin : «
Nous avons demandé des investigations supplémentaires auprès de la Direccte.
» La CFDT-Transpole a également porté plainte, le mois dernier, pour le même motif que SUD.

Selon ces deux organisations, l’histoire illustre «
l’entente entre la direction et la CGT
», majoritaire depuis des décennies Mohamed Fari, secrétaire de la CGT-Transpole, réfute : «
On est loin de se sentir favorisés. Nous sommes craints et respectés par la direction. On négocie dans l’intérêt des salariés. Nous avons mené deux grèves en 2012 et 2013 : plus rien ne circulait !
» Mohamed Fari rappelle que ce dossier «
concerne l’employeur
», qui ne veut pas s’exprimer.
B. DU.

Leave A Reply