L’hôpital de Calais désormais agréé par la sécu britannique a accueilli son premier patient anglais

L'hôpital de Calais désormais agréé par la sécu britannique a accueilli son premier patient anglais

En septembre, après sa première crise de douleurs abdominales, Tim, 54 ans, habitant de Lyminge dans le Kent, s’est rapproché de son médecin. Le diagnostic est rapidement tombé : l’ablation de la vésicule biliaire était nécessaire. Délai estimé : dix-huit semaines environ. Soit l’attente moyenne pour une intervention chirurgicale en Grande-Bretagne. À la fin du mois de janvier, Tim n’avait toujours pas de rendez-vous pour se faire opérer et décidait alors de se tourner vers la France. «
J’avais déjà vu un reportage sur la possibilité de venir se faire opérer à l’hôpital de Calais. Je me suis renseigné sur Internet et j’en ai parlé avec mon médecin
», explique le patient.

Un nouvel agrément

Depuis le début d’année, deux établissements du Pas-de-Calais détiennent l’agrément du NHS (National Health Service, l’équivalent de la Sécurité sociale en Angleterre) et sont en quelque sorte des hôpitaux anglais comme les autres : l’hôpital de Calais et l’Institut Calot de Berck-sur-Mer, réputé pour l’opération des pathologies orthopédiques et neurologiques. À Calais, le dossier de Tim a été transféré à l’hôpital via des données cryptées pour davantage de sécurité. En février, le premier contact est pris avec l’établissement. Mi-mars les rendez-vous avec le chirurgien et l’anesthésiste, bilingues, sont fixés dans la même journée. Jeudi, Tim est arrivé à l’hôpital avec son épouse Kelly pour l’intervention programmée hier. «
On habite à quinze minutes de l’entrée du tunnel sous la Manche, on est venu avec le Shuttle. En une heure on est à Calais. C’est plus rapide que d’aller à Londres », explique Tim, qui, premier patient oblige, s’est prêté aux interviews des journalistes français et anglais, curieux de cette première collaboration entre les deux pays.

« C’est très facile »

Il est ravi d’avoir passé le détroit pour cette intervention : «
C’est très facile.
» Les patients n’ont en effet pas de frais à avancer (les frais de déplacement restent néanmoins à charge), un accompagnant peut dormir sur place, il n’y a pas de barrière de la langue car le personnel a été formé à l’anglais. Hier l’opération s’est bien déroulée, Tim devrait ressortir ce samedi matin, avec son dossier médical traduit en anglais. Il reviendra à Calais pour la consultation post-opératoire.

Un partenariat gagnant des deux côtés de la Manche

Désormais agréé par le NHS (équivalent anglais de la Sécurité sociale), l’hôpital de Calais peut accueillir les patients d’outre-Manche dans les mêmes conditions administratives que les établissements du Royaume-Uni (sauf pays de Galles). Les malades n’ont plus de frais à avancer et ils disposent de toutes les informations orales et écrites dans leur langue.

Première en France

Dans cette collaboration, une première en France, le centre hospitalier de Calais et l’Angleterre ont tout à y gagner. En Grande-Bretagne, dans un système de santé défaillant, les délais d’attente sont excessivement longs : «
Il y a de grosses difficultés dans les hôpitaux concernant les délais d’opération. L’objectif à tenir c’est dix-huit semaines mais ce n’est pas toujours tenu. De plus, les hôpitaux en Angleterre sont vieillissants, ce qui fait que le taux de maladies nosocomiales est important. Il y a parfois six à huit lits par chambre
», explique Thadée Ségard, président de l’association Opale Link, qui milite pour le développement des échanges économiques et culturels avec l’Angleterre. Il a été un intermédiaire précieux pour l’hôpital calaisien dans les négociations avec le NHS, d’abord politiquement opposé à cet échange.

De ce côté de la Manche, le Calaisis a un hôpital neuf (construit en 2012), volontairement surdimensionné par rapport à la population, disposant de professionnels de santé bilingues et d’un équipement de pointe. Tout pour attirer une patientèle British, du Kent surtout. Une campagne de presse avait été lancée en 2015 pour sensibiliser les potentiels patients et les 160 maisons médicales du comté.

Après l’accueil du premier patient hier, le directeur de l’hôpital, Martin Trelcat, espère rapidement mettre en place un planning d’opérations programmées et vise les 300 patients par an en 2018. En orthopédie, ophtalmologie mais aussi chirurgie digestive, en neurologie et en gynécologie. Une opportunité qui pourrait rapporter un million d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire. Une somme non négligeable pour un hôpital dont le déficit serait estimé en 2016 à 2 M’. En 2015, le centre hospitalier a eu une activité en hausse malgré une fréquentation en baisse à cause de la situation migratoire. Des patients préférant se tourner vers d’autres établissements du littoral.

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