Les villages du Nord-Pas-de-Calais se battent pour conserver leurs petits commerces

Les villages du Nord-Pas-de-Calais se battent pour conserver leurs petits commerces

Des volets fermés et une sonnette cassée. Au c’ur du village de Hantay, 1 193 habitants, au sud-ouest de Lille, l’épicerie Au petit marché n’accueille plus ses clients depuis le 22 avril. Son gérant, Denis Picque, a dû lancer une procédure de liquidation après deux années d’activité : impossible pour lui de se payer, assommé par le poids des taxes. La clientèle, présente mais peu nombreuse, ne suffisait pas. Pourtant, les habitants du village y avaient leurs habitudes. En témoigne cette jeune femme qui lui demande s’il va rouvrir en le voyant devant le volet fermé. Impossible. Les clés du bâtiment, qui appartient à la mairie, sont dans le bureau du commissaire-priseur.

En 2014, l’épicier s’installe dans le local de la rue Mirabeau, entièrement rénové et meublé par la commune. Un investissement de 15 000 , sans compter les 4 500 pour l’installation d’une passerelle pour les personnes handicapées. Le loyer Dérisoire. À peine 50 . L’épicier est associé à chaque manifestation, comme le 30 octobre 2015, pour l’événement Lille 3000. Ce soir-là, Denis pleure en découvrant le chiffre d’affaires. Sept mois plus tard, il pleure de nouveau au moment de fermer boutique.

« L’épicerie est un service public »

«
On a tout fait pour l’aider, mais sur le plan humain ça ne pouvait pas continuer, explique Gérard Plancq, adjoint au maire. Ce n’est pas un échec mais une expérience dont on tirera les enseignements. L’épicerie est un service public et sera reprise. On veillera à ce que ce soit par un couple qui dispose déjà de moyens suffisants pour vivre.
»

Le secret de la réussite réside peut-être aussi dans la qualité des produits. Comme le confirme près d’Avesnes-sur-Helpe l’exemple de la boulangerie Aux petits plaisirs d’Avesnelles. «
On s’est installé en 2008 après avoir répondu à une annonce de la mairie qui cherchait un couple de boulangers, raconte Stéphanie Heuclin. Pendant deux ans ils nous ont loué les locaux qu’on a finalement rachetés en 2010.
» Aujourd’hui, la seule boulangerie du village de 2 494 habitants fédère bien au-delà. «
On s’est fait notre réputation grâce à nos produits faits maison, tout simplement. Et même si l’ancien maire M. Breucq nous a toujours associés aux événements de la commune, notre succès, on le doit avant tout à nous-mêmes.
»

Des initiatives similaires dans tout le Nord – Pas-de-Calais

Avesnelles et Hantay sont loin d’être des cas exceptionnels. De nombreuses communes ont mis en place des dispositifs similaires, ou ont exprimé le désir de le faire.

À Zudausques, 848 habitants, l’initiative date d’il y a quinze ans. Un café, une épicerie bio, une boulangerie et un coiffeur se sont installés dans quatre locaux de la rue des Courtils, loués à des prix très attractifs par le maire de l’époque, Noël Monchy. Seuls le café et le coiffeur sont encore là. Toujours dans l’Audomarois, Wardrecques, 1 306 habitants, a racheté le café, qui allait fermer, et trouvé quelqu’un pour tenir ce dernier commerce du village, et à Seninghem, 698 habitants, la commune vient de racheter la licence d’un café fermé l’an dernier pour y ouvrir un estaminet.

Dans l’Arrageois, la municipalité d’Athies, 986 habitants, aurait bien sauvé son dernier café, mais la baisse des dotations de l’État l’a dissuadée d’octroyer une aide au cafetier Franklin James.

Les épiceries, même aidées, rencontrent plus de difficultés. À Bersée, 2 220 habitants, au sud-est de Lille, la ville avait essayé d’en implanter une dans un local attenant à la mairie. Un échec. Et celle de Noyelles-lez-Seclin, 889 habitants, n’a pas fonctionné non plus.

À Camphin-en-Carembault, 1607 habitants, entre Lille et Lens, l’ancienne mairie, qui appartient toujours à la Ville, a été transformée en boulangerie l’année dernière. Tout un symbole.

Parfois, ce sont même les intercommunalités qui se saisissent du problème. Il y a trois ans, une boulangerie a ainsi ouvert à Heuringhem, 1 331 habitants, au sud de Saint-Omer, grâce au soutien de la communauté de communes.

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