Les drôles de mesures de crues sur le zouave du pont de l’Alma

Les drôles de mesures de crues sur le zouave du pont de l'Alma

« Le zouave a les pieds dans l’eau » est synonyme d’ennuis pour les Parisiens et très probablement pour les habitants en amont et en aval de la capitale.

Mais de qui parle-t-on ‘ Ce dicton très parisien fait référence à la statue d’un zouave, soldat appartenant à l’armée d’Afrique dont le corps d’infanterie a participé à la campagne de Russie de 1854, qui trône au pied du pont de l’Alma du nom de la bataille d’Alma en Crimée et qui permet visuellement de mesurer le niveau de la Seine.

Depuis quelques jours, des milliers de photos ou de vidéo ont montré cette sculpture. Bien souvent en la comparant à des clichés du même endroit en 1910, date de la plus grande crue qu’ait connue la capitale.

Mais le problème, c’est qu’on ne compare pas exactement la même chose. En 1970, le tout automobile dans la capitale pousse les autorités à détruire le pont de l’Alma, construit entre 1854 et 1856, pour l’élargir. Dans la foulée, le pont passe de deux « piles » (ou piliers) à une seule.

Résultat, le zouave est déplacé, passant de l’aval à l’amont du pont. Mais les orteils du soldat n’ont manifestement pas toujours été au même niveau par rapport au lit du fleuve. « Il a été rehaussé », peut-on lire parfois ; « il allait boire la tasse en 1910 » quand la Seine atteignait les 8,62 m.

Nous avons tâché d’y voir plus clair, et donc de comprendre si ce zouave avait été déplacé plus haut ou plus bas qu’à son emplacement d’origine. Et selon nos calculs, il faudrait aujourd’hui, pour l’engloutir, que la Seine monte 30 à 40 cm de moins qu’il y a un siècle. Car il a en réalité non pas été rehaussé, mais’ abaissé.

Un écart significatif

La statue mesure 5,2 mètres. Vendredi 3 juin, elle avait de l’eau à mi-cuisse (avec un fleuve qui émargeait à 5,60 m). En utilisant une bête règle de trois, on obtient que le sommet du crâne du combattant correspond à un niveau d’eau d’environ 8,9 m. En 1910, soit bien avant l’élargissement du pont, la statue avait de l’eau jusqu’au menton alors que l’eau était montée jusqu’à 8,62 m. Selon le même calcul, le sommet du crâne du zouave atteint à ce moment-là environ 9,15 m.

Reste à comparer avec l’eau au même niveau. Ainsi en janvier 1968, la Seine est montée à 4,10 mètres et la sculpture avait tout juste les orteils mouillés.

Quarante ans après la destruction du pont et son élargissement, en décembre 2010, l’eau chatouillait à nouveau les orteils du soldat, alors que Vigicrue donnait la Seine à 3,7 mètres de hauteur. Il semble donc qu’il faut un niveau d’eau moins élevé qu’auparavant pour mouiller le zouave.

Contactés par nos soins, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Île-de-France et la Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie n’ont pas été en mesure de répondre à nos questions sur la hauteur du zouave.

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