L’Écho du Pas-de-Calais change de main mais pas de dessein

L'Écho du Pas-de-Calais change de main mais pas de dessein

La rédaction de L’Écho du Pas-de-Calais, caisse de résonance de l’actualité départementale, restera-t-elle sur la place Jaurès La question se pose pleinement. L’association qui porte cette publication a en effet fait l’objet d’une reprise d’activité par le Département au 14 mars dernier.

D’abord contributeur à hauteur de la moitié du budget, le conseil départemental a accru sa part dans le financement de l’association au fil des années, à mesure des baisses d’activités commerciales’ «
On était arrivé à 80 % de financements départementaux
», relève Jean-Yves Douchez, directeur adjoint du cabinet de Michel Dagbert. Pour «
simplifier et clarifier
» la situation, le transfert de l’asso vers le Département a été décidé. «
Une proposition a été faite aux collaborateurs
» du mensuel. Sur une dizaine de personnes, deux ont refusé, comme Philippe Vincent-Chaissac, qui a depuis quitté le navire (lire ci-dessous).

Que deviendront les autres Un déménagement de Lillers n’est pas d’actualité, pour le
moment
: au mois de juin, l’asso bientôt dissoute sera propriétaire de la grande bâtisse de la place Jaurès. L’équipe sera alors locataire de son ancienne propriété’ Jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée. Dans le futur, il n’est pas exclu qu’elle rejoigne le siège arrageois de son nouvel employeur, «
mais pas dans l’immédiat
», assure-t-on à Arras.

Même ligne éditoriale

En absorbant L’Écho 62, le président du conseil départemental Michel Dagbert en devient, de fait, le directeur de publication. Même s’il y avait déjà de l’actualité politique, celle-ci s’immiscera un peu plus dans le contenu, de manière obligatoire : «
La seule page qui changera, et c’est une obligation légale, c’est l’expression des groupes politiques
», souligne-t-on, avec une pointe d’embarras.

C’est que, en intégrant le Département, les rédacteurs ont perdu leur carte de presse et une certaine forme d’indépendance, même si l’on se veut rassurant et respectueux envers leur travail. Car changer la formule reviendrait à se tirer une balle dans le pied : «
On a un taux de pénétration de 70 % dans les foyers, ce serait idiot. On fera évoluer le support mais il n’y a pas de velléité de changement pour le contenu.
» Qu’on se le dise, L’Écho ne sera pas celui du président du Département. «
De toute façon, la propagande, ça ne fonctionne pas.
» À bon entendeur.

De l’Écho rural à «L’Échodu Pas-de-Calais»

Créé par Jean-Yves Vincent à Busnes en 1976, L’Écho rural s’est rapidement développé. De 10 000 exemplaires distribués, on est arrivé à 280 000 journaux, distribués hors villes. Avant de s’installer à Lillers, le journal a déménagé à Saint-Pol.

En 1982, suite à la décentralisation, le Conseil général décide d’accompagner le travail du journal. En 2002, L’Écho rural laisse place à L’Écho du Pas-de-Calais, qui couvre désormais 100 % du territoire.

Philippe Vincent-Chaissac tourne une sacrée page

Vous l’avez déjà peut-être aperçu. Sur une course cycliste, un chemin de rando ou au bord des terrains de foot. Philippe Vincent-Chaissac, Auchellois pur jus, promène ses baskets et sa bonhomie dans tout le Pas-de-Calais. Ce journaliste du cru fut directeur de la rédaction de L’Écho du Pas-de-Calais avant de quitter la rédaction, le 1er avril dernier, tout pile vingt-cinq ans après y être entré. Et ce n’est pas une blague.

Dans la balance de cette reprise d’activité, la liberté de plume a pesé. «
Même si je ne doute pas de la sincérité du conseil départemental, on perd notre carte de presse et notre indépendance
», dit-il très posément, derrière son nouveau bureau. C’en est donc fini pour celui qui joue désormais à domicile, à Burbure.

Sport, toujours

Son départ du titre a précipité ses projets. Finalement, «
j’anticipe ce que je voulais faire à la retraite
», se marre-t-il. Le farniente Pas question. Pas maintenant. Et comme l’homme n’est pas du genre à n’avoir qu’une seule casserole sur le feu, il continuera de cuisiner l’actu locale depuis son bureau clair, qui sent le neuf et la dynamique. «
Ce qui m’a toujours motivé, c’est ce que les gens font
», sourit-il. Dans la vie active, dans le milieu associatif, qu’il connaît bien’ «
Je voudrais développer des blogs.
» Et surtout, continuer à mettre en lumière les sports méconnus, «
parce que je ne suis pas prêt à couper avec le sport !
» Ni avec les humains qui font le sel de ce métier. «
J’ai toujours pensé qu’on devait être le lien entre les gens
», confie-t-il. Le mur d’archives soigneusement rangées en est une belle preuve.

Parole au rédac’chef

La première édition sortie en avril sous la direction de Michel Dagbert «
Rien n’a changé. C’est le même chemin de fer, les mêmes rubriques, la même ligne éditoriale
», explique Christian Defrance, rédacteur en chef de L’Écho du Pas-de-Calais.

Cet ancien journaliste qui a uvré dans le secteur ne s’inquiète pas davantage du devenir de ses locaux, même si un certain « flou » existe, il le reconnaît. Mais Lillers reste une position centrale pour aller explorer le département et continuer «
à parler des gens, des associations et du monde rural
», car c’est bien cela l’ADN du journal.

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