Le quotidien de Mathieu Foucaut atteint de la maladie de Lyme

16 août 2009. Mathieu Foucaut n’est pas près d’oublier cette date. Ce jour-là, le jeune homme fête ses 26 ans, chez lui, à Boulogne-sur-Mer. L’après-midi, il assiste même au premier match de l’US Boulogne en Ligue 1, dans le bouillant stade de la Libération. Une journée idéale pour ce fou de sport, qui enchaîne cyclisme, foot, tennis, natation’ Il est même correspondant sportif pour La Voix du Nord. Sauf que dans la soirée de ce 16 août, il ressent soudainement «
de vives douleurs au genou
». En une quinzaine de jours, il va perdre cinq kilos. «
C’était très brutal, se souvient-il, une fonte musculaire.
» Des symptômes incompréhensibles. «
Quinze jours avant les premières douleurs, je montais le Ventoux à vélo !
»

Aujourd’hui, et depuis plusieurs années, c’est sur un tricycle électrique que se déplace Mathieu. Seuls les trajets les plus courts peuvent être effectués à pied. Et s’il a repris le vélo, c’est sur un appareil d’appartement qu’il pédale désormais pour stimuler ses muscles, qui se sont atrophiés. En quelques années, il a perdu 25 kg.

Il aura fallu de longs mois, quelques années même, pour qu’un nom soit posé sur son mal mystérieux : la maladie de Lyme. Il a dû passer des examens en France, en Allemagne, est allé rencontrer un professeur reconnu à New York, le docteur Horowitz’

Piqué sans s’en apercevoir

Lyme Une maladie infectieuse chronique, qui se transmet par les tiques, les puces, les poux… Mathieu Foucaut avait sûrement été piqué plusieurs années plus tôt, sans s’en apercevoir. On recenserait chaque année 30 000 nouveaux cas en France, 300 000 aux États-Unis. «
Pourtant, déplore Mathieu, c’est une maladie totalement passée sous silence, car on ne sait pas la soigner aujourd’hui. Chaque cas est différent, d’où la complexité d’éventuels traitements.
» Lui-même a interrompu le sien depuis un an, en raison des effets secondaires sur l’intestin, le système respiratoire, neurologique’

C’est pour sortir cette maladie du silence que Mathieu Foucaut a écrit l’an dernier Maladie de Lyme, l’épidémie silencieuse. Un livre «
porte-voix
», où il raconte son parcours, son combat face à la maladie : «
Ça a été un exutoire.
» Une façon, aussi, d’affronter l’incompréhension à laquelle il était confronté avec ce mal insidieux, invisible. «
Si je n’avais pas écrit ce livre, je ne sais pas où je serais aujourd’hui’
», n’hésite-t-il pas à lâcher. L’ouvrage lui a au contraire regonflé le moral, de même que les nombreux témoignages qu’il reçoit encore aujourd’hui, plusieurs mois après la publication du livre. Des malades soulagés, heureux de rompre avec l’isolement.

Mathieu, lui, a quitté Lille, où il vivait depuis quelques années, pour s’installer à Arles fin mai. Une installation comme un nouveau départ. Avec l’interruption de ses traitements, il s’astreint à des exercices exigeants, à «
une hygiène de vie irréprochable
».

Il constate un léger mieux, de petites victoires quotidiennes. Il peut se rendre à pied jusqu’à la librairie de la maison d’édition Actes Sud, à vingt mètres de son nouveau chez-lui. La lecture, c’est une de ses récentes passions, bouleversé par le livre de d’Ormesson, C’est une chose étrange à la fin que le monde. À la rentrée, peut-être même dédicacera-t-il son livre dans cette librairie. Serein et combatif, il est aujourd’hui convaincu qu’«
il faut savoir profiter de chaque journée qui nous est donnée
».

Quelques conseils face aux tiques

‘ Si vous sortez en forêt, couvrez-vous bien et appliquez un répulsif sur vos vêtements avant de les laisser sécher un moment.

‘ De retour de la promenade, inspectez bien votre corps, vos vêtements et ceux de vos enfants. Les bains ou les douches permettent également de repérer les tiques.

‘ Si vous trouvez une tique, ne l’écrasez surtout pas entre vos doigts et ne tentez pas de la tuer avec de l’éther ou de l’alcool, cela risquerait de provoquer sa régurgitation (et donc le passage d’encore plus de bactéries dans votre organisme) ou une morsure plus forte.

‘ Ôtez la tique à l’aide d’un tire-tique (disponible en pharmacie) ou, à défaut, d’une pince fine type pince à épiler. Retirez-la doucement en prenant soin de ne laisser aucune partie de la bête dans la peau.

« Maladie de Lyme, l’épidémie silencieuse ». Éd. Josette-Lyon. 18 .