Le PS s’inquiète de la multiplication d’actes de vandalisme contre ses locaux

Le PS s'inquiète de la multiplication d'actes de vandalisme contre ses locaux

Le Monde
| 23.05.2016 à 12h56
Mis à jour le
23.05.2016 à 18h45
|

Par Hélène Bekmezian

Et maintenant, des tirs à balles réelles. Lundi 23 mai au matin, en découvrant douze impacts de calibre 9 mm sur le rideau de fer du siège de sa fédération de l’Isère, à Grenoble, le Parti socialiste (PS) n’a pu que prendre acte d’une nouvelle escalade dans les attaques contre ses locaux, qui se multiplient depuis des semaines. Si aucune trace de revendication n’a été retrouvée sur place et que les raisons des tirs sont encore inconnues, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, n’a pas eu besoin de ces informations pour dénoncer « une atteinte insupportable à la vie démocratique dans notre pays ». « Une enquête pour dégradation volontaire avec arme a été ouverte et confiée à la sûreté départementale de l’Isère », a-t-il également annoncé dans un communiqué.

« Nous condamnons avec la plus grande fermeté et nous allons immédiatement porter plainte », a de son côté réagi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, auprès du Monde, dans la matinée. Depuis près de deux semaines, le député de Paris, qui a écrit « à tous les partis pour leur demander de réagir », dénonce un « climat des années 1930 » qui serait selon lui en train de s’installer dans le pays dans l’indifférence générale.

Des dégradations parfois impressionnantes

« Depuis des semaines, les permanences parlementaires et les locaux du Parti socialiste font l’objet de vandalismes et de dégradations. Depuis des semaines, nous dénonçons ces actes de violence qui s’aggravent de jour en jour. Depuis des semaines, nous appelons l’ensemble de la classe politique et des responsables syndicaux à réagir à cette dérive funeste inconnue depuis les années 1930 », a ainsi écrit le PS dans un communiqué publié lundi et qui se terminait par cette question : « Faudra-t-il qu’il y ait des victimes pour que notre préoccupation soit partagée et qu’une condamnation générale et sans ambiguïté ait enfin lieu ‘ »

Dans la journée, seul le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a finalement réagi sur Twitter, dénonçant « un acte criminel inadmissible ».

Les photos, parfois impressionnantes, de dégradation de locaux publiées depuis plusieurs jours sur le blog anonyme et ironiquement appelé « PS Déco » n’ont en effet pas beaucoup ému l’opinion publique ou les médias. On peut pourtant y voir un local aux vitres entièrement brisées à Lyon, le 10 mai, une inscription « Valls on te pendra » sur la devanture du local de la section de Rouen (le 19 mai), des énormes jets de peintures roses sur tout le mur de la fédération de Lille (le 15 avril), l’intérieur du local du Havre complètement saccagé (le 11 mai)’ mais aussi des dégradations bien plus légères comme des petits tags sur les murs (Valence, le 2 mai), des murs en parpaings construits devant la porte (Toulouse, le 17 mai) voire même de simples affichettes collées avec du scotch (Rodez, le 12 mai).

31 attaques depuis décembre selon le Parti socialiste

Pour l’heure, difficile de différencier clairement ce qui relève de véritables saccages (comme par exemple à Caen où les dégâts ont été estimés à 20 000 euros) et les dégradations plus mineures. Le PS a communiqué au Monde, mardi, une liste faisant état de 31 attaques depuis le 14 décembre contre divers locaux socialistes et qui montre une nette accélération depuis la fin du mois d’avril, mais elle mêle tous les actes, quelle que soit leur gravité.

Toutefois, pour le moment, au moins trois parlementaires socialistes visés ont estimé que les faits méritaient d’être traités par la justice et ont porté plainte : Catherine Lemorton en Haute-Garonne, Laurent Grandguillaume en Côte-d’Or et Bernard Roman dans le Nord, deux fois. Quatre fédérations socialistes ont fait de même : celles de l’Hérault, du Calvados, de Seine-Maritime et de l’Isère. Cette dernière compte déposer une sixième plainte suite aux tirs à balles réelles de mardi matin.

« Des moyens pour faire pression sur les parlementaires »

A l’Assemblée, le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, a demandé il y a déjà près d’un mois aux députés de son groupe de lui faire remonter tout type d’attaques ou de dégradations. Des « moyens pour faire pression sur les parlementaires » que dénonce le député de Seine-Saint-Denis selon qui un « engrenage se met en place, certains ne savent plus s’arrêter ». D’autres n’hésitent pas à dénoncer clairement la CGT, jugée « irresponsable » par le député Christophe Borgel (Haute-Garonne), dont la permanence de Toulouse a été emmurée. « Ils mentent sur le texte, ils disent qu’avec cette loi, tout le monde pourra être licencié du jour au lendemain, que toutes les heures supplémentaires ne seront payées que 10 % de plus, ils cherchent à faire peur, soufflent sur les braises », s’énerve le député.

Mais, au PS, tout le monde n’a pas la même analyse de la situation. Pour la députée des Hautes-Alpes, Karine Berger, ces attaques ne disent qu’une chose : « La haine contre le parti socialiste », fruit d’une « accumulation » de ratages et d’une « exaspération liée au désordre ». Et, apparemment, sans distinction : qu’ils soient étiquetés frondeurs (comme Mathieu Hanotin à Saint-Denis, signataire de la motion de censure de gauche et dont la permanence a été légèrement dégradée) ou non (comme Laurent Grandguillaume à Dijon), tous les députés socialistes semblent être mis dans le même sac.

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