L’affaire Panama Papers secoue les paradis fiscaux, ce qu’il faut savoir pour comprendre

L'affaire Panama Papers secoue les paradis fiscaux, ce qu'il faut savoir pour comprendre

Que sont les « Panama Papers » qui donnent leur nom à l’affaire

11,5 millions de documents, regroupés sous la dénomination «Panama papers», ont été analysés. Ils proviennent du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore, entre 1977 et 2015. Comme le précise Le Monde, il s’agit de la plus grosse fuite d’informations jamais exploitée par des médias.

La manière dont les documents ont filtré n’est pas connue, mais le cabinet dont ils proviennent a déclaré que leur publication était « un crime » et « une attaque contre le Panama ». Les « Panama papers » ont d’abord été obtenus par le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung. Le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) a ensuite réparti le travail d’exploitation, qui a duré environ un an, entre les publications membres. L’ICIJ précise sur son site internet que 107 médias et 370 journalistes de plus de 70 pays y ont participé.

« Les documents montrent que les banques, les cabinets d’avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles », affirme l’ICIJ. «Cette fuite sera probablement le plus grand coup jamais porté aux paradis fiscaux à cause de l’étendue des documents» recueillis, estime Gérard Rylé, le directeur de l’ICIJ cité par la BBC.

Que révèlent-ils

L’analyse des « Panama papers » révèle que plus de 214 000 entités offshore (c’est-à-dire implantés dans des pays ou juridictions non soumis aux impôts sur le revenu et le capital) sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers le monde.

Toutes les sociétés offshores des « Panama Papers » ne sont pas illégales ou opaques, comme le précise l’article du Monde, «
mais une grande majorité d’entre elles sont utilisées comme sociétés écrans, pour dissimuler des avoirs grâce au recours à des prête-noms
».

Quelles sont les personnalités impliquées

Parmi les 140 personnalités mentionnées dans les millions de documents figurent 12 chefs d’Etat dont 6 en activité, 128 dirigeants politiques ou hauts fonctionnaires, 29 des 500 personnes les plus riches du monde. Par ailleurs, un millier de ressortissants français sont concernés.

DES CHEFS D’ETAT

Le président argentin Mauricio Macri est également cité pour avoir été membre du directoire d’une société offshore enregistrée au Bahamas, selon le quotidien argentin La Nacion qui a participé à l’enquête. Le gouvernement argentin a démenti et affirmé qu’il n’a «jamais eu de participation au capital de cette société», précisant que M. Macri avait seulement été «directeur occasionnel» de cette société.

«Je n’ai jamais caché d’avoirs», a de son côté affirmé le Premier ministre islandais, Sigmundur David Gunnlaugsson, soupçonné d’avoir dissimulé des millions de dollars aux Iles vierges britanniques.

Des associés du président russe Vladimir Poutine auraient détourné jusqu’à 2 milliards de dollars avec l’aide de banques et de sociétés écran. «Des associés de Poutine ont falsifié des paiements, antidaté des documents et obtenu de l’influence occulte auprès des médias et de l’industrie automobile russes», le consortium sur son site internet.

Des sociétés liées à la famille du président chinois Xi Jinping, qui affiche volontiers sa détermination à combattre la corruption, apparaissent également dans les documents révélés, tout comme le président ukrainien Petro Porochenko.

Des proches de Bachar El-Assad, le président syrien, ou de Mohamed VI, le roi du Maroc, sont également cités dans ces documents.

Les révélations, qui couvrent une période de près de 40 ans allant de 1977 à 2005, mentionnent encore des affaires réalisées dans les paradis fiscaux par le père aujourd’hui décédé de l’actuel Premier ministre britannique David Cameron, ou par des fonctionnaires proches d’Hugo Chavez, l’ancien président vénézuélien, mort en 2013.

LE MONDE DU SPORT

La planète foot, déjà ébranlée ces derniers mois par plusieurs scandales touchant les dirigeants de la Fifa, n’est pas épargnée : quatre des 16 dirigeants de la fédération internationale auraient ainsi utilisé des sociétés offshore créées par Mossack Fonseca. Les documents du cabinet d’avocats font aussi apparaître les noms d’une vingtaine de joueurs vedettes, évoluant notamment à Barcelone, au Real Madrid ou encore au Manchester United. Parmi eux le multiple ballon d’or Lionel Messi.

Michel Platini aurait lui eu recours aux services du même cabinet d’avocats en 2007, l’année où il été désigné président de l’UEFA, pour administrer une société au Panama. Dans un communiqué à l’AFP, il a renvoyé vers «l’administration fiscale suisse, pays dont il est résident fiscal depuis 2007».

Outre le football, d’autres sports comme le hockey et le golf sont également concernés.

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