La tragi-comédie pathétique de la droite 

 La tragi-comédie pathétique de la droite 

Dans sa chronique hebdomadaire, Gérard Courtois, éditorialiste au « Monde » analyse la crise qui a secoué la droite et la candidature de François Fillon ces dernières semaines.

Le Monde
| 07.03.2017 à 10h00
Mis à jour le
07.03.2017 à 10h29
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Par Gérard Courtois (Editorialiste)

Racine en aurait fait une tragédie. Celle d’un homme, François Fillon, habité par son destin, déjouant tous les augures, triomphant de l’adversité, porté au pinacle par le ch’ur des siens il y a trois mois, faisant taire adversaires et rivaux, puis, soudain, plongé dans une terrible tourmente, harcelé, abandonné, lapidé et voyant irrémédiablement s’échapper les rêves de gloire élyséenne qu’il caressait déjà.

Au lieu de quoi nous est offerte, depuis plusieurs semaines, une tragi-comédie pathétique où s’affrontent un candidat prêt à tout pour le rester, ses partisans enrageant de le défendre, ses adversaires acharnés à l’abattre mais incapables d’y parvenir, des électeurs abasourdis, partagés entre accablement et colère, des clans qui rallument les vendettas qui ont traumatisé la droite depuis des années et des parrains qui, dans l’ombre, tentent de préserver leur pouvoir d’influence. Il suffisait d’observer, lundi 6 mars, au siège des Républicains, les sourires de circonstance accrochés au visage de la plupart des protagonistes, prêts à la curée la veille encore, pour mesurer le ridicule de cette affaire.

Festival de coups fourrés

Si l’on n’était à moins de sept semaines d’une élection présidentielle censée tracer l’avenir de la cinquième puissance mondiale, l’on pourrait éventuellement trouver cocasse ce festival de coups fourrés et de tartufferies. Comme chez Guignol, on pourrait rire de cette élection imperdable qui menace de tourner à l’humiliante déroute. Mais, précisément, l’on n’est pas chez Guignol et, au-delà de ce médiocre psychodrame et de ses rebondissements, le constat est là : une élection présidentielle qui, quoi qu’on en pense, reste le moteur de la vie politique nationale et qui se trouve, chaque jour davantage, embourbée, empêchée, déstabilisée et dénaturée.

« Quoi qu’il fasse, les Français retiendront peu ou prou ceci :  ‘M. Propre’ avait les mains sales » 

Car si M. Fillon, avec un cran qui force l’admiration de ses proches et un entêtement qui désole tous les autres, a sauvé sa tête, si un « comité politique » composé à sa main au lendemain de la primaire lui a renouvelé à l’unanimité sa confiance, il n’a résolu aucun des problèmes qui l’assaillent. « Le débat est clos », ont martelé ses amis. Il n’en est évidemment rien.

Son image, tout d’abord, est en miettes, ce qui n’est pas tout à fait négligeable dans une élection présidentielle. Il s’était présenté à la primaire drapé de lin blanc et…

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