La SNCF fait désormais payer 5 euros l’échange des billets

La SNCF fait désormais payer 5 euros l'échange des billets

Bonne fille, ou bon fils, vous avez acheté un billet de train pour déjeuner chez votre maman le 29 mai, jour de la fête des mères. Vous l’appelez pour lui annoncer la bonne nouvelle. Et là, votre chère maman répond qu’elle vient justement de réserver un billet pour vous rendre visite ce jour-là. Il va falloir annuler l’une de ces réservations. Et cette opération va coûter 5′.

40% du prix du billet. A compter de ce dimanche 1er mai, la SNCF modifie en effet les conditions de remboursement de ses billets. Jusqu’à présent, il était possible d’échanger ou annuler un trajet, sans frais, jusqu’à la veille du départ. Désormais, un échange à moins de 30 jours du voyage sera facturé 5′. La veille et le jour du trajet, la soustraction atteindra 40% du prix du billet, toutefois plafonnés à 15′ pour les TGV et 12′ pour les trains Intercités où la réservation d’une place est obligatoire (Toulouse-Paris via Limoges, par exemple).

Son. A écouter ici, les explications de Valérie Delhinger, chargée du marketing à la branche « Voyages » (grande vitesse) de la SNCF.

Pratiques gênantes. La compagnie ferroviaire justifie cette taxation, annoncée en janvier, par les pratiques de certains voyageurs. Ceux qui, par exemple, achetaient plusieurs billets de train pour la même destination, mais à des dates ou horaires différents. La veille de leur départ, ils annulaient toutes les autres réservations. Autant de billets désormais disponibles, mais pratiquement invendables par la SNCF, puisque remis sur le marché bien trop tard.

Éléments de langage. En mettant fin à ces pratiques, la compagnie ferroviaire aimerait augmenter le taux d’occupation de ses TGV, qui stagne aujourd’hui en moyenne à 65%. L’opération permettrait même, selon les éléments de langage de la compagnie, de « baisser les prix » à l’avenir. Mais personne ne dit quand.

Les réactions des habitués font peu de cas de cet argumentaire officiel. « A nous de vous faire préférer la voiture », s’amuse-t-on sur Twitter et Facebook. « Un bon coup pour Blablacar », lâche un internaute. « La SNCF aussi rigide que Ryanair », ironise un troisième. « Les frais d’annulation passerait encore si les billets n’étaient pas de plus en plus nominatifs et de moins en moins cessibles », comme le signale « Ano » en commentaire, ci-dessous.

La @SNCF qui va faire payer 5′ l’échange de billet à partir de dimanche. Ça va la vie est belle’

‘ Ayu’| D-5 (@AyuminaEngel) April 29, 2016

Echanger 1 billet @sncf coûtera de 5 à 15 ! Heureusement ce n’est pas comme si les prix étaient déjà exorbitants https://t.co/P4J0pkcJdD

‘ Catherine Petillon (@cathpn) April 29, 2016

Compagnies aériennes. Mais d’autres clients volent au secours de la SNCF. Mathieu Marquer, qui voyage beaucoup et connaît bien les politiques tarifaires, souligne que les compagnies aériennes ne remboursent jamais intégralement un billet d’avion annulé. Moins d’un mois avant le départ, le niveau de remboursement est même ridicule : à peine 90′ pour un aller-retour Paris-Montréal acheté 477′ à Air France, selon un exemple vécu récemment.

Les compagnies ferroviaires européennes ne sont pas en reste. La Deutsche Bahn facture ainsi chaque échange 17,5′, rappelle opportunément Rachel Picard, qui dirige la branche Voyages de la SNCF. La FNAUT, association des usagers des transports, interrogée sur Europe 1, ne conteste pas non plus la logique adoptée par la compagnie ferroviaire française.

Multiples exceptions. Mais si la mesure paraît simple, elle est assortie de multiples exceptions qui compliquent sa compréhension. Ainsi, les titulaires de cartes commerciales, dédiées aux jeunes, aux seniors, aux adultes voyageant avec un enfant ou aux amateurs de week-ends, continueront à bénéficier d’un échange gratuit jusqu’à l’avant-veille du départ.

Grosse ficelle. La compagnie ferroviaire en profite d’ailleurs pour tenter de convaincre le grand public de souscrire à l’une de ces « offres ». Mais la ficelle est un peu grosse. Ces annonces alléchantes feraient pâlir de jalousie les services marketing des grands distributeurs (le communiqué ici).

« Des prix bas même sur les petits prix ». Les titulaires des cartes se voient donc gratifiés de multiples petits avantages que les passionnés des tarifs ferroviaires sauront sans doute apprécier à leur juste valeur : « des offres exclusives à petits prix jusqu’à la dernière minute », « 25% de réduction sur le tarif loisir du jour » ou 25% de réduction vers quelques pays d’Europe. Sans oublier cet énigmatique « Des prix encore plus bas, même sur les tout petits prix », ce qui signifie que les porteurs des cartes commerciales pourront bénéficier d’une réduction de 10% sur les tarifs Prem’s, les plus avantageux. Et enfin cette promesse : « les réductions deviennent encore plus simples et plus avantageuses ». Plus avantageuses, on veut bien le croire, mais « encore plus simples », franchement’

Les clients y gagneront-ils ‘ « C’est difficile à dire », analyse Mathieu Marquer. Ainsi, explique-t-il, le tarif de référence n’est plus le « plein tarif loisir » mais le « tarif loisir du jour », le « jour » en question étant celui de l’achat, et qui change donc… chaque jour.

Usine à gaz. En pratique, lorsqu’on achète un billet de train, on n’a pas forcément en tête le tarif auquel il serait « normal » ou « logique » d’acheter ce billet. Pour s’y retrouver, Captain Train, agence de voyages en ligne concurrente de Voyages-sncf.com, avait publié, pour l’année 2012, un tableau des prix moyens des billets pour les principales destinations au départ de Paris. Un indicateur qui date un peu, mais certainement plus simple à consulter que la foire aux tarifs de la SNCF.

Olivier Razemon,  sur Twitter, sur Facebook et maintenant Instagram.

Les promotions de la SNCF pour remplir ses TGV :

Ouigo, un TGV « pas pour les Parisiens » (février 2013)

Le forfait illimité IDTGV, comment ça marche’ (janvier 2015)

TGVPop, le train à la demande, mode d’emploi (juin 2015)

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