La Russie au c’ur d’un système de dopage pendant les JO de Sotchi

La Russie au c'ur d'un système de dopage pendant les JO de Sotchi

L’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou Grigory Rodchenkov a affirmé au New York Times que des athlètes russes avaient bénéficié durant les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi, en 2014, d’un système de dopage supervisé par le ministère des sports du pays.

Dans un article publié jeudi 12 mai, l’homme explique avoir développé un cocktail associant trois stéroïdes anabolisants qu’il mélangeait à de l’alcool pour réduire le temps durant lequel ils pouvaient être détectés. La substance aurait, selon lui, été distribuée à des dizaines d’athlètes, « dont quinze médaillés olympiques » :

« Nous étions très bien équipés, nous savions ce que nous avions à faire et nous étions parfaitement préparés pour Sotchi, comme jamais auparavant. Cela a fonctionné comme une horloge suisse. »

Les services secrets seraient de leur côté intervenus pour changer les échantillons urinaires. Selon M. Rodchenkov, ils remplaçaient, avec son aide, durant la nuit ceux prélevés après les compétitions par d’autres « propres » prélevés plusieurs mois en amont, pour éviter ainsi que les athlètes russes ne soient déclarés positifs.

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Une petite trappe pour échanger les échantillons

Pour étayer ces accusations, M. Rodchenkov a fourni au New York Times des échanges de courriers électroniques avec le ministère des sports, dans lesquels sont mentionnés les noms des sportifs profitant de ce programme. Il a également fourni une photo montrant une petite trappe dans le laboratoire antidopage de Sotchi, utilisée par les services secrets pour échanger les échantillons.

L’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou explique enfin qu’il recevait chaque jour d’un fonctionnaire du ministère des sports la liste des athlètes dont les prélèvements devaient être échangés.

La Russie a terminé à la première place du tableau des médailles à Sotchi, avec trente-trois podiums, dont treize titres olympiques. M. Rodchenkov a, lui, été contraint de démissionner à la fin de 2015, après le début du scandale qui éclabousse l’athlétisme russe et pourrait le priver des JO de Rio. Craignant pour sa vie, il s’est installé en 2016 aux Etats-Unis.

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Informations « absurdes » pour Moscou

Le Comité international olympique (CIO) a réagi à ces révélations en faisant part de « son inquiétude » et en demandant à l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’« ouvrir immédiatement une enquête ». « En fonction des conclusions de l’AMA, le CIO n’hésitera pas à agir, conformément à sa tolérance zéro pour le dopage et à sa défense des athlètes propres », conclut le communiqué.

Le ministre des sports russe, Vitali Moutko, a lui qualifié d’« absurdes » ces informations. « Je pense que les gars [mis en cause par le New York Times] sont des athlètes exceptionnels. Les accusations portées contre eux sont sans fondement. Nous allons analyser cet article et décider comment nous réagirons », a-t-il déclaré, selon l’agence de presse russe TASS.

Ces accusations font écho à celles de Vitali Stepanov, ancien contrôleur de l’agence de lutte contre le dopage russe, à l’origine du scandale qui a ébranlé l’athlétisme russe en novembre 2015. Il a affirmé la semaine dernière à la chaîne de télévision américaine CBS, sur la foi de conversations avec M. Rodchenkov, que quatre champions olympiques de Sotchi étaient dopés.

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