Jeux vidéo , un premier pas vers une future  fédération française d’e-sport 

Jeux vidéo , un premier pas vers une future  fédération française d'e-sport 

Le Monde
| 27.04.2016 à 14h05
Mis à jour le
27.04.2016 à 15h04
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Par Damien Leloup

Il n’y avait pas de supporteurs, aucun ordinateur ni de mise en scène avec musique et projecteurs, comme pour les grands tournois : mercredi 27 avril, c’est dans les très sérieux locaux du ministère de l’économie et des finances qu’est officiellement née France eSports, une association qui regroupe la plupart des acteurs majeurs du sport électronique. Autour de la table, les représentants d’une dizaine d’entreprises et d’associations : des organisateurs de tournois (Lyon eSport, Turtle Entertainment France), des médias spécialisés (Ogaming, Webedia), des syndicats professionnels (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, Syndicat national du jeu vidéo)’

Le cadre se voulait justement formel, pour cette annonce en présence de la secrétaire d’Etat chargée du numérique, Axelle Lemaire. D’une part parce que le monde du sport électronique lutte depuis des années pour obtenir une reconnaissance qui serait à la fois « de principe », mais qui comporte aussi des éléments très concrets sur le statut des compétitions aujourd’hui situées dans une « zone grise » juridique dès lors que des prix en argent sont attribués et des joueurs.

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Des éléments qui sont justement au menu du projet de loi pour une république numérique, dont l’article 42, qui porte sur le sport électronique, doit justement être discuté au Sénat cette fin de semaine. « La commission des lois a modifié la proposition de texte, ce qui a abouti à rigidifier le régime des compétitions d’e-sport pour l’assimiler à celui des casinos. Ce n’était pas l’esprit de la proposition [issue du rapport parlementaire sur le sport électronique], il y aura donc un débat intéressant au Sénat », a dit Mme Lemaire. La secrétaire d’Etat dit compter sur « la mobilisation des gamers », qui avaient largement participé à la consultation en ligne sur ce projet de loi pour demander qu’un encadrement de l’e-sport y soit inclus.

L’association créée mercredi a avant tout vocation à « structurer » et à « cartographier » la communauté de l’e-sport, et constitue « une première étape pour favoriser son émergence comme un sport à part entière ». Derrière l’association, à terme, c’est bien une fédération que souhaitent de très nombreux joueurs et organisateurs, pour être à pied d’égalité avec les sports « classiques ». « On bute encore sur des conservatismes, ou l’argument erroné que l’e-sport ne nécessite pas d’effort physique », note Matthieu Dallon, le président de l’association, qui estime que la création d’une fédération prendra encore « cinq à dix ans ». Il devrait cependant pouvoir compter sur le soutien de Bercy « les e-sportifs sont des gens qui travaillent, qui transpirent réellement », a dit Mme Lemaire en ouverture de son discours.

Faire de la France un pays organisateur de tournois

Car au-delà d’une communauté non négligeable qui suit les débats législatifs sur le sujet, les compétitions de sport électronique représentent aussi un enjeu d’image et d’emploi, estime le gouvernement, qui voit une opportunité pour que la France se positionne comme l’un des grands pays organisateurs de tournois, aux côtés de la Corée, de la Suède ou des Etats-Unis.

Reste toutefois une difficulté importante, qui suscite la méfiance des parlementaires et est l’un des rares points de division au sein de la communauté des joueurs : la place des jeux faisant intervenir une part de hasard. Si la plupart des jeux de compétition ne laissent aucune place à la chance (Starcraft, League of Legends, Call of Duty’), d’autres, comme le populaire jeu de carte en ligne Hearhtstone, comportent une part d’aléatoire, ce qui complique l’établissement d’un statut unique pour les tournois.

« Ce n’est pas notre rôle d’adouber tel ou tel jeu, explique M. Dallon. Mais on voit bien que les jeux qui comportent une trop grande part de hasard ne rentrent pas vraiment dans l’e-sport, pour des raisons juridiques, mais aussi pour des raisons d’équité sportive. Pour des jeux comme Hearthstone, on voit bien qu’il y a des joueurs qui gagnent de façon régulière, et que le hasard ne joue pas un rôle central d’ailleurs, l’éditeur privilégie depuis quelque temps une évolution du jeu qui laisse de moins en moins de place à la chance. »

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