Inondations , les budgets des communes à l’épreuve de la reconstruction

Inondations , les budgets des communes à l'épreuve de la reconstruction

L’arrêté de catastrophe naturelle pour 782 communes situées dans seize départements a été pris mercredi 8 juin en conseil des ministres, ouvrant la voie à une indemnisation plus rapide des sinistrés, victimes des inondations. Il sera publié dès jeudi au Journal officiel.

L’état de catastrophe naturelle permettra aux habitants des communes concernées d’être indemnisés au titre de cette garantie, dans les limites et conditions des contrats d’assurance souscrits. Par ailleurs, 215 dossiers de communes sont en attente de traitement.

Devant l’ampleur des inondations et leurs conséquences pour près d’un millier de communes, le président de la République, François Hollande, avait annoncé, le 2 juin, que « l’état de catastrophe naturelle sera reconnu dans les territoires qui ont été les plus touchés dès le prochain conseil des ministres ». « Le fonds de soutien aux collectivités locales touchées par les événements climatiques sera immédiatement activé », avait-il ajouté devant le congrès des maires de France, porte de Versailles, à Paris.

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Une deuxième liste de communes en préparation

Dans une communication publiée à la sortie du conseil des ministres, mercredi, le premier ministre et le ministre de l’intérieur précisent que cette première liste de communes serait complétée « dans les jours qui viennent, pour tenir compte des communes pour lesquelles la décrue n’est pas encore achevée, ou dont le dossier nécessite des renseignements supplémentaires ».

Dans l’ensemble des départements touchés, les maires attendaient avec impatience l’arrêté interministériel. A Nemours (Seine-et-Marne), petite ville de quelque 13 000 habitants, dont le centre a complètement disparu sous les eaux du Loing, les dégâts vont être considérables. Mercredi matin, pour la première fois depuis deux semaines de crise, le cours d’eau vient de retrouver son niveau normal. « On est en train d’évaluer les dégâts, mais la voirie a énormément souffert, le goudron des routes a explosé, la mairie elle-même et la bibliothèque ont été inondées, nous allons avoir des dépenses totalement imprévues », explique Valérie Lacroute, maire et députée (Seine-et-Marne, Les Républicains).

Pour la maire de Nemours, il faut que l’Etat lui vienne en aide financièrement. « Nous avons voté le budget fin janvier et il est hors de question que la ville fasse des emprunts. J’attends donc, outre les indemnisations, des avances pour que les travaux soient rapidement engagés », déclare-t-elle.

A une dizaine de kilomètres en amont, dans le bourg de Souppes-sur-Loing, 5 700 habitants, le maire, Pierre Babut, confirme attendre « tout » de la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, « surtout que les assurances fassent leur travail, et le plus vite possible ». « Cela va permettre que l’ensemble des dégâts soit en très grande partie remboursé par les assurances, espère l’édile. Sans ça, les budgets communaux ne pourront pas supporter à eux seuls les frais de remise en état de l’ensemble de nos installations communales qui ont été impactées : deux écoles, les espaces culturels, les gymnases et les différents services. » Car les inondations n’auront épargnées personne, ni les 45 commerces de proximité « tous par terre », déplore le maire ni les habitations des particuliers entre 300 et 400 seraient impactées ni les établissements communaux, écoles comprises.

Pour l’heure la mairie évalue ses dégâts à 2,5 millions d’euros, « mais on est sûrement en deçà de la vérité », estime Pierre Babut. Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, en déplacement dans la commune, mardi 7 juin, a annoncé qu’un « mécanisme d’aide forfaitaire au redémarrage » serait mis en place « d’ici ce week-end ». Selon Bercy, environ 15 000 entreprises auraient été touchées par les inondations en Ile-de-France.

Inondations et pollutions

Partout, le scénario est le même. La volonté d’aller vite dans les travaux de nettoyage, de réfection et de mise en sécurité des installations, se conjugue avec l’inquiétude de toucher rapidement les fonds nécessaires, de l’Etat ou des assurances. Le village de Charny (Seine-et-Marne) a déjà évalué à plus de 500 000 euros les premiers travaux de réfection des trottoirs et des routes endommagés, de nettoyage des canalisations, de vérification des deux ponts sur le Loing que compte le village.

« Il y a maintenant la pollution qu’il va falloir prendre en compte, explique le maire délégué de la commune nouvelle de Charny-Orée-de-Puysaie (qui regroupe désormais quatorze villages), Eric Jublet. Quatre cents mètres de rues ont été entièrement pollués par une cuve de vidange qui a débordé, et toutes les maisons sont touchées. »

A Longjumeau (Essonne), ville de 22 000 habitants, les dégâts sont déjà évalués par la mairie à 2,8 millions d’euros : véhicules municipaux endommagés, mobilier urbain, passerelles sur la rivière Yvette et aires de jeux sur lesquelles il va falloir faire des diagnostics, réseau d’assainissement et surtout la voirie, ravinée par les eaux. La maire (LR) de Longjumeau, Sandrine Gelot-Rateau, native de la commune, avait déjà obtenu la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, en juin 2013, pour des pluies d’orage bien moindres.

« Mais là, la dimension est quasi-nationale », souligne-t-elle, en espérant que l’ampleur exceptionnelle de la catastrophe ne ralentira pas le processus d’indemnisation des sinistrés, « et que les services, l’Etat et les assureurs sauront gérer la dimension de masse ». A Longjumeau, une vingtaine de commerces ont été inondés et quelque deux milles personnes ont dû être évacuées.

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Entre 900 millions et 1,4 milliard d’euros de dommage

Sandrine Gelot-Rateau souligne aussi la mise sur pied d’un fond d’urgence de la région d’Ile-de-France d’un million d’euros. Plusieurs départements ont aussi décidé la création de tels fonds, comme l’Essonne ou encore la Seine-et-Marne (600 000 euros). Manuel Valls avait, lui, annoncé la création, lundi 6 juin, devant l’Assemblée nationale, d’un « fonds d’extrême urgence », qui doit être doté de 30 millions d’euros pour les sinistrés ayant des besoins urgents.

Cette aide devrait s’élever à « 500 euros en moyenne par foyer », dépendant du nombre de personnes par foyer, a précisé le premier ministre, en évoquant une possible augmentation de cette enveloppe.

Les premières évaluations, réalisées par les mairies elles-mêmes, devront être confirmées, réévaluées par des experts. A compter de la parution de l’arrêté de catastrophe naturelle, les assurés ont jusqu’à dix jours pour adresser leur déclaration de sinistre à leur assureur. Selon l’Association française de l’assurance (AFA), les assureurs, attentifs à la situation des assurés seront flexibles, certains laissant jusqu’au 30 juin pour effectuer leur déclaration, qui peut se faire par courrier simple, par téléphone ou par internet. Les assureurs ont, de leur côté, deux mois pour verser une première provision et trois mois pour indemniser intégralement.

Mardi, l’AFA a évalué « le montant final des dommages assurés » occasionnés par les inondations à un montant compris entre 900 millions et 1,4 milliard d’euros « à ce stade ».

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