Immigration système de santé , les promesses intenables du camp en faveur du  Brexit 

Immigration système de santé , les promesses intenables du camp en faveur du  Brexit 

Iain Duncan-Smith, ancien ministre du gouvernement Cameron, et partisan du « Brexit », a résumé assez justement la situation dimanche 26 juin sur la BBC :

« Nous ne nous sommes pas engagés. Nous avons seulement fait une série de promesses, qui étaient des possibilités. »

Quatre jours seulement après le vote des Britanniques, ceux qui sont favorables au Brexit sont déjà revenus sur deux promesses de leur campagne : le financement du système de santé et la régulation de l’immigration.

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Le financement du système de santé britannique

Ce que les partisans du Brexit disaient pendant la campagne. C’était l’argument principal de la campagne Vote Leave (« votez quitter » l’Union européenne) : le Royaume-Uni envoie chaque semaine 350 millions de livres (450 millions d’euros) à Bruxelles, une somme qui, en cas de Brexit, pourrait revenir au National Health Service (NHS), le système de santé publique dont les Britanniques sont si fiers.

Ce chiffre a été largement diffusé, sur les tracts, par courriel et même sur les bus dans lesquels le camp favorable au Brexit sillonnait le pays. Il a pourtant été contesté rapidement, et il a été prouvé que le pays n’envoie en réalité que 136 millions de livres (164 millions d’euros) par semaine.

Cette approximation a même provoqué la défection, deux semaines avant le vote, de Sarah Wollaston, députée à la tête de la commission santé de la Chambre des communes, qui a préféré rejoindre le camp hostile au Brexit, gênée par les mensonges à propos du NHS de la part de la campagne Vote Leave.

Ce que les partisans du Brexit disent maintenant. Le 24 juin, quelques heures après la divulgation des résultats, Nigel Farage, leader du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) était interviewé sur la chaîne ITV. Quand la journaliste lui a demandé s’il pouvait « garantir que les 350 millions de livres envoyées à l’Union européenne iraient bien au NHS », M. Farage a répondu : « Non, je ne le peux pas et je ne l’ai jamais prétendu. C’était une erreur faite par le camp du leave. »

Iain Duncan-Smith a lui aussi affirmé, dimanche, qu’il « n’avait jamais dit cela » pendant la campagne. « Nous avons en fait dit qu’une partie significative de cette somme irait au NHS », a-t-il rectifié, et il a précisé que d’autres secteurs, comme l’agriculture, devraient bénéficier aussi de l’argent jadis envoyé à l’Europe.

Une photo de l’ancien ministre parlant, tout sourire, devant un bus de campagne lui a toutefois rappelé cette promesse déjà abandonnée.

La régulation de l’immigration

Ce que les partisans du Brexit disaient pendant la campagne. Quand les chiffres officiels ont révélé, le 26 mai, que le nombre de migrants s’élevait en 2015 à 333 000, les partisans de la sortie du Royaume-Uni en ont fait un thème de campagne. Ils n’ont pas manqué de souligner qu’il s’agissait là d’un échec du premier ministre David Cameron, qui avait promis en 2010 de faire baisser ce chiffre sous 100 000.

La situation est « hors de contrôle », selon Boris Johnson, ancien maire de Londres et leader de la campagne en faveur du Brexit : « Bruxelles nous a pris notre contrôle de l’immigration », déclarait-il. C’est plus précisément l’immigration intraeuropéenne qui était visée : grâce au marché unique et à la libre circulation dans l’Union, les arrivées se sont multipliées et sont perçues par certains comme une menace pour l’emploi et l’économie.

En février, M. Cameron a négocié un statut spécial pour le Royaume-Uni dans l’Union, qui inclut une limitation des aides sociales pour les migrants européens, mais cela n’a pas suffi à calmer les revendications du camp en faveur du Brexit.

Ce dernier a milité pour une sélection des migrants, grâce à un système de points inspiré du modèle australien, signifiant de facto la fin de la libre circulation des personnes dans l’Union européenne.

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« Brexit » : l’immigration au c’ur de la campagne

Le UKIP a aussi mis l’accent sur l’arrivée de migrants en provenance de pays en guerre, comme la Syrie. Une semaine avant le vote, le parti avait dévoilé une affiche montrant une colonne de réfugiés barrée du slogan « Breaking point » (« point de rupture »). Le document a été jugé xénophobe et nauséabond, y compris par des partisans du Brexit.

Ce que les partisans du Brexit disent maintenant. Selon M. Johnson, qui a publié lundi une tribune dans The Telegraph, les électeurs qui ont choisi le bulletin « quitter » l’Union « n’avaient pas pour principale raison leur crainte de l’immigration ». L’affirmation est étonnante, alors que la campagne pour le Brexit a donné une très large place à ce thème.

L’ex-maire de Londres a cependant continué à plaider pour un maintien dans le marché unique assorti d’un contrôle de l’immigration. Une éventualité que la chancelière allemande Angela Merkel a repoussé net mardi : « Celui qui sort de la famille ne peut pas s’attendre à ce que tous ses devoirs disparaissent et que ses privilèges soient maintenus. »

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L’Union européenne doit résister aux demandes de la City

Dès vendredi 24 juin, l’eurodéputé conservateur Daniel Hannan insistait sur la nécessité de maintenir l’accès du Royaume-Uni au marché unique, ce qui suppose « la libre circulation de la main-d »uvre ».

Autrement dit, la promesse sur le contrôle de l’immigration a vécu. « Franchement, résumait M. Hannan, si les gens qui nous regardent pensent qu’il y aura désormais une immigration zéro en provenance de l’Union, ils vont être déçus. »

La perspective d’une volte-face sur le sujet est assez sérieuse pour que M. Farage s’en émeuve. Les déclarations de M. Hannan « m’ont mis mal à l’aise », a-t-il commenté mardi. Pour M. Farage, « l’idée qu’un Royaume-Uni post-Brexit conserve des frontières ouvertes, même simplement pour des travailleurs, est totalement inacceptable ».

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