IDEX , les universités de Lille et les grandes écoles repartent à l’attaque
C’est acté. Les universités lilloises, les instituts de recherche et les grandes écoles vont tenter une nouvelle fois leur chance pour que Lille décroche l’IDEX et entre dans le gotha des places universitaires nationales, européennes voire mondiales. à la clef, quinze millions d’euros par an et un pactole de six cent millions au bout de dix ans. Le tout étant essentiellement destiné à la recherche. Ce dernier rebondissement mérite quelques explications et il faut pour ce faire se souvenir de l’amertume voire la colère à peine dissimulée d’un troisième échec en ce début d’année.
Plus l’envie
Il ne reste plus qu’une chance, un dernier appel, mais les protagonistes du dossier ne sont même plus sûrs d’avoir envie de la saisir. Quand, en avril, le secrétaire d’état à l’enseignement supérieur, Thierry Mandon, vient à Lille pour tenter de les en convaincre, le scepticisme reste de mise. Les Lillois demandent comme garantie qu’il n’y ait pas qu’un lauréat au final. Car leur adversaire Lyon est jugé supérieur.
Cette assurance n’est pas venue, mais d’autres éléments sont intervenus. Une rencontre avec Louis Schweitzer, le président du commissariat général à l’investissement, «
nous a fait comprendre que c’était un concours de beauté’, qu’il fallait qu’on se lâche, que c’était le jury international qui décidait…
», développe Xavier Vandendriessche, président de Lille 2. Et Pierre Mathiot, au nom des grandes écoles, de préciser : «
Nous nous sommes rendu compte que nous devions être très précis dans la manière dont nous nous structurerons, nous recentrer sur moins de domaines d’excellence, cesser de nous comparer à des standards nationaux. Ce n’est pas la Ligue 1 que nous visons, mais la Ligue des champions. »
La fusion des universités lilloises est toujours en marche
Et en face, le jury international est intransigeant. Il a disqualifié deux lauréats de 2012 lors de l’évaluation intermédiaire fin avril et pas n’importe lesquels : Toulouse et Paris Sorbonne Cité qui comprend Sciences Po Paris.
Le voilà l’élément déterminant de la candidature lilloise La perspective que ces places pourraient être reversées (et donc démultiplier les chances de Lille) Xavier Vandendriessche balaie la question, ne voulant pas avoir l’air de se réjouir du malheur des autres. Mais le tout fraîchement élu président de Lille 1, Jean-Christophe Camart, ainsi que Pierre Mathiot n’éludent pas : «
C’est sans certitude, mais il y a fort à penser qu’au final, il y aura en effet deux lauréats
», glisse ce dernier. Dépôt des dossiers en octobre. En attendant, la fusion des universités de Lille en une seule (70 000 étudiants) est en marche (objectif 2018), avec trois présidents élus (M. Pamart) ou réélus (M. Vandendriessche et Fabienne Blaise à Lille 3) pour quatre ans, à fond pour. Et ça aux yeux du jury, c’est un point excellent.
Face au géant lillois, des nouvelles têtes pour résister
C’est un peu comme si nous vous annonions la nomination de trois grands patrons. A leur charge, les meilleures années de près de 30 000 jeunes et l’emploi de plusieurs milliers de personnes, enseignants et administratifs. Retenez ces noms : le Lensois Pasquale Mammone est le nouveau président de l’université d’Artois (10 000 étudiants), Abdelhakim Artiba celui de l’université Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis (11 000 étudiants). Et Hassane Sadok succède à Roger Durand (10 000 étudiants) à l’université du littoral Côte d’Opale (ULCO). Tous trois ont été élus dans la continuité de leurs pairs qui ne se représentaient pas. Et tous trois ont vocation à poursuivre leur mission d’université de proximité : permettre à des jeunes issus de familles modestes qui, pour beaucoup, ne se rendraient pas à Lille de poursuivre leurs études. Le taux de boursiers de ces trois entités avoisine les 50%.
En revanche, leurs stratégies divergent un tant soit peu. L’université d’Artois veut innover pédagogiquement et travailler davantage avec les entreprises, mais se concentre moins sur des spécialisations, à la différence de l’ULCO ou de l’université du sud du nord. La première, sise à Dunkerque, Boulogne et Calais, mise sur la spécialité de la mer, mais aussi la logistique et la dépollution, en lien avec les sites Seveso de Dunkerque. A Valenciennes, les transports et la logistique sont mis en avant. Si bien que le nouveau président envisage par exemple de développer des navettes électriques sur le campus, ce modèle anglo-saxon auquel l’Artois veut aussi donner tout son sens sur son site arrageois.
Davantage qu’à Lille, les étudiants vivent chez leurs parents. Mais à Valenciennes par exemple, le président veut néanmoins développer une vraie vie étudiante !
Car leur défi à tous trois est immense : survivre scientifiquement et rester attractives face au futur géant que sera l’université de Lille, d’autant plus si celle-ci décroche l’IDEX. Pasquale Mammone organise la résistance : «
Le temps est aux fusions, aux concentrations. Pour nous, cela commence par de la coopération optimisée avec le Littoral, Valenciennes, Douai et Amiens.
» La recomposition du paysage universitaire est en marche.
L. D.