Hé oh la gauche ! , les soutiens de Hollande se mobilisent pour défendre son bilan

Hé oh la gauche ! , les soutiens de Hollande se mobilisent pour défendre son bilan

Le Monde
| 25.04.2016 à 11h33
Mis à jour le
26.04.2016 à 09h25
|

Par Nicolas Chapuis

A la baguette, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, porte-parole du gouvernement et proche du président, avait fixé trois angles d’attaque : la défense des mesures adoptées depuis 2012, le rappel des propositions des Républicains et la réactivation du clivage gauche-droite. Quatre ministres avaient été sélectionnés pour jouer les avocats commis d’office : les socialistes Najat Vallaud-Belkacem (éducation) et Marisol Touraine (santé), le radical de gauche Jean-Michel Baylet (collectivités territoriales) et l’écologiste Emmanuelle Cosse (logement).

Lire l’interview de Stéphane Le Foll :
 

« L’alternative à gauche n’existe pas »

Conçu comme un rassemblement militant, avec interpellations à travers des vidéos et réponses ministérielles, l’événement, baptisé « Hé oh la gauche ! », avait autant pour objet de répondre aux critiques qui s’abattent sur M. Hollande que de montrer au reste de la gauche qu’il faudrait compter avec le sortant en 2017. Le ministre de l’économie, Emmanuel Macron, aura notamment entendu le message répété toute la soirée : « La droite et la gauche, ce n’est pas la même chose. » Jean-Daniel Lévy, de l’institut Harris Interactive, avait même été invité à venir étayer la permanence du clivage dans l’opinion française.

Dans la droite ligne de l’intervention de M. Hollande qui, sur France 2, jeudi 14 avril, avait estimé qu’en France « ça va mieux », ses partisans veulent désormais reconstruire un discours positif sur le quinquennat. « C’est un fait : tous les indicateurs macroéconomiques sont en hausse », explique l’un de ses conseillers, qui oublie sciemment la courbe du chômage, érigée en juge de paix par le chef de l’Etat lui-même.

Les proches de M. Hollande s’appuient également sur l’analyse qui veut que le problème serait moins la politique menée que l’absence de pédagogie et de récit pour l’emballer. Stratégie risquée qui consiste à imputer le désamour de l’électorat à un problème de compréhension, en niant tout désaccord de fond. A la tribune, les ministres n’ont eu ainsi de cesse de rappeler toutes « les avancées sociales » du quinquennat : la généralisation du tiers payant, le maintien de la retraite à 60 ans, la prime d’activité, la « révolution copernicienne dans l’éducation »’ L’effet de la litanie fonctionne à plein. Le tout sous les applaudissements des quelque 500 personnes présentes.

La prise de risque était toutefois minimale. La salle, composée en partie d’élus et de leurs collaborateurs, était acquise à la cause présidentielle. Au premier rang s’affichait la moitié du gouvernement, sans le premier ministre Manuel Valls, et quelques hollandais de souche le patron du groupe PS à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux, son homologue au Sénat, Didier Guillaume, le maire de Dijon, François Rebsamen, ou le numéro deux du PS, Rachid Temal. Si le premier ministre n’était pas présent, certains de ses collaborateurs avaient fait le déplacement.

Pour ne laisser aucun doute sur la bienveillance présidentielle à l’égard de l’initiative, la moitié du cabinet du chef de l’Etat avait pris place dans les gradins. Car, avant de s’adresser au reste de la gauche et aux électeurs, les partisans du président avaient surtout besoin de se rassurer entre eux. Lundi soir, l’opération reconquête avait des allures de thérapie de groupe, avec prescription de séances de motivation collective à la clé. « Comme ministre et femme de gauche, je veux vous dire que, moi, je n’ai pas renoncé à la victoire en 2017 », lançait sous les vivats Marisol Touraine, évoquant en creux le grand absent, M. Hollande.

Là était d’ailleurs toute l’ambiguïté d’une soirée assez bien résumée par ce mot d’ordre, « hé oh ! », interjection tripale à multiples usages. Largement moquée sur les réseaux sociaux, elle traduit finalement le désarroi de tout un camp politique, réduit à son expression brute. Elle s’adresse à la gauche de contestation sommée de protester moins fort, à la gauche de gouvernement invitée à soutenir plus ardemment le chef de l’Etat, et en dernier lieu à M. Hollande prié d’envoyer un signal à ses troupes déboussolées.

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