Grande-Synthe , l’État et la ville veulent remettre de l’ordre au camp de migrants de la Linière

Grande-Synthe , l'État et la ville veulent remettre de l'ordre au camp de migrants de la Linière

«
Je ne remercierai jamais assez Utopia 56
». Les mots de Damien Carême sonnent comme un adieu. Il n’y a plus de doute sur le départ de cette association qui, pendant deux mois, a mis en route, dans l’urgence, le camp de migrants de la Linière.

Oui mais voilà, on ne gère pas un camp de réfugiés comme on encadre une rave-party au festival des Vieilles Charrues. Depuis plusieurs semaines, les associations « historiques » uvrant sur le terrain se plaignent d’une organisation « olé olé ». En termes plus familiers, la Linière est un « joyeux bazar ». Entre les bénévoles qui fument des joints dans le camp, les intrusions sur l’A 16, les tensions qui éclatent entre migrants, les passeurs qui se sentent comme chez eux, les bénévoles d’Utopia, bien que pétris de bonnes intentions, semblent dépassés. Ils ne sont pas formés pour exercer des missions répondant aux normes internationales préconisées par le Haut Commissariat aux réfugiés.

Terminé le bricolage !

Les responsables d’Utopia ont bien demandé au maire de Grande-Synthe de les guider vers une professionnalisation, allant jusqu’à financer une cinquantaine de postes salariés. «
Mais

nous n’aurons pas le temps d’aller vers une professionnalisation
», a indiqué, jeudi, Damien Carême, qui cherche un nouvel opérateur sur le camp.

Il n’a guère le choix. Fini le bricolage ! «
Car l’État sera partenaire dès lors que le camp entrera dans une gestion sécurisée et autour d’objectifs clairement définis
», a déclaré jeudi Michel Lalande, le préfet de Région, de retour de sa visite à la Linière. Les financements de l’État pour le camp «
sont en négociation
», précise le préfet, et suspendus à la concrétisation des nouveaux objectifs, doit-on comprendre.

Parmi ces objectifs figurent la scolarisation des enfants dans les écoles de la République, des règles de vie plus rigoureuses dans le camp, une réponse aux normes de sécurité exigées par l’État (espacement des chalets, lutte contre les risques d’incendie, protection des infrastructures comme l’A16 et la voie ferrée). Surtout, le préfet veut une «
présence de la puissance publique dans toute sa diversité
afin que
le droit et tout le droit de la République irriguent ce camp
». Cela va de la protection de l’enfance à la présence des forces de l’ordre. Damien Carême a acquiescé, ajoutant : «

Pour une
gestion plus rigoureuse, les réfugiés qui viendront troubler l’ordre public par un comportement intolérable seront expulsés du camp
», faisant référence aux incidents qui ont émaillé la Linière : caillassage des CRS, rixes, traversées sauvages de l’autoroute’

L’école de la République obligatoire

Une des conditions imposée par l’État s’il venait à apporter son aide financière pour le camp humanitaire, c’est la scolarisation des enfants.

Actuellement, ce sont des bénévoles qui assurent cette charge, mais sans véritable cadre, sans matériel, ni locaux dignes de ce nom.

«
Dès ce soir, je vais entamer les démarches pour établir une convention avec l’Éducation nationale. Ces enfants doivent être scolarisés dans les écoles de la République le plus rapidement possible et encadrés par des enseignants professionnels. Même si la Linière est un lieu de passage et pas une fin en soi, c’est un devoir d’offrir à ces gens un avenir
», a annoncé jeudi le préfet.

Un système de navettes pourrait être mis en place afin d’acheminer chaque jour les enfants dans les établissements de Grande-Synthe.

Ils pourront être accueillis dans des classes spécialisées. Le maire de Grande-Synthe a accueilli cette initiative avec enthousiasme et a assuré qu’il mettrait tout en place, au niveau de la ville, pour faire aboutir au plus vite cette nécessité.

Le camp poursuit sa décrue

Au dernier comptage, jeudi, 1 020 migrants ont été dénombrés à la Linière, soit 500 de moins qu’à l’ouverture du camp il y a deux mois.

Comment expliquer cette décrue «
L’effort réalisé pour inciter les réfugiés à demander l’asile en France porte ses fruits. Rien que sur la journée de jeudi, 28 personnes ont accepté de rejoindre des centres d’accueil et d’orientation pour entamer des démarches de régularisation
», a indiqué le préfet, Michel Lalande.

L’État a compris que les réfugiés s’adaptaient mal dans les zones rurales où ils étaient dispatchés auparavant. On se rappelle du démantèlement de Téteghem, et de l’envoi des migrants au fin fond du Cantal. Ce fut un échec. «
Les demandes d’asile fonctionnent mieux dans des zones urbanisées
», a précisé le préfet.

Damien Carême a réaffirmé que dès qu’une famille quittera la Linière, l’abri serait démonté, afin de poursuivre la réduction de la capacité d’accueil du camp.

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