Franceinfo , une offre qui veut rajeunir les codes de l’information en continu

Franceinfo , une offre qui veut rajeunir les codes de l'information en continu

Le Monde
| 31.08.2016 à 11h43
Mis à jour le
01.09.2016 à 06h41
|

Par Alexis Delcambre

La première chaîne publique d’info en continu, Franceinfo, s’est lancée en direct sur Internet, mercredi 31 août, à 18 heures, un jour avant son lancement, prévu jeudi à 20 heures, sur le canal 27 de la télévision numérique terrestre (TNT).

Cette chaîne publique doit être, selon ses géniteurs, celle d’une information rapide mais non « hystérisée », factuelle mais contextualisée. C’est ainsi que le nouveau média, articulé autour de la radio France info et du site Franceinfo.fr, va tenter de se faire identifier et de creuser sa différence face à ses trois devancières  LCI, iTélé et BFM-TV.

Son enjeu sera de donner tort à ceux qui pensent qu’une quatrième chaîne d’information n’est pas nécessaire, et de démontrer qu’il peut exister une voix spécifique et légitime du service public dans ce domaine.

Lire aussi :
 

BFM-TV, i-Télé, LCI : la rude compétition de l’info en continu

« L’Atelier des modules »

Pour cela, Germain Dagognet et Laurent Guimier, les copilotes éditoriaux du projet, ont tenté de s’éloigner des codes employés par les concurrentes. « Sur les autres chaînes, on voit principalement des journaux et des talks [émissions de débat en plateau], analyse le premier. Nous essaierons de notre côté d’emprunter aux codes du Web en proposant des modules vidéo mêlant le texte et l’image et regardables sans le son, pour s’adapter, notamment, à la diffusion sur mobile. »

Une unité de quelques journalistes, baptisée « L’Atelier des modules » et placée sous la direction de Julien Pain (ex-France 24), a été constituée pour développer ces formats nouveaux.

Parmi les premières productions que Le Monde a pu visionner, l’une raconte l’histoire du dopage en une dizaine d’animations. Une autre juxtapose des déclarations de Donald Trump, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine de novembre, sur la religion. Une troisième exploite les rushs d’un reportage de France 2 à Mossoul (Irak) pour décrire la situation des combattants kurdes.

Rajeunir l’audience

Les partenaires du projet ont également développé des modules : l’Institut national de l’audiovisuel (INA) proposera ainsi quotidiennement deux « Retour vers l’info », où les archives éclairent l’actualité, et un sujet quotidien d’explication par des chiffres ou des données, baptisé « Data Culte ». De son côté, France 24 apportera un module issu de son site participatif Les Observateurs et trois « JT Monde » chaque jour.

Ces formats inspirés des sites, mais peu présents sur les chaînes en continu, seront la singularité de Franceinfo. MM. Dagognet et Guimier espèrent qu’ils permettront de rajeunir l’audience de l’information de service public, dont les téléspectateurs ont en moyenne 60 ans.

Ces modules ont aussi l’avantage d’être immédiatement publiables en ligne. Un point essentiel pour M. Dagognet, qui assure qu’il regardera « davantage le nombre de vidéos vues en ligne que les chiffres d’audience de l’antenne hertzienne » : « Nous voulons devenir leaders référents sur le Web », clame-t-il, alors que les sites Francetvinfo.fr et Franceinfo.fr viennent de réunir leurs forces en fusionnant. Lemonde.fr et Lefigaro.fr, qui dominent actuellement l’information en ligne, sont prévenus.

Lire aussi :
 

Franceinfo : le service public dans le grand bain des chaînes d’information

Eviter le sensationnalisme

Au-delà de ces modules, la grille de Franceinfo est plus classique, avec un journal toutes les trente minutes « Le Journal » et un rappel de titres toutes les dix minutes (« L’Info » à 10, 20, 40 et 50), commun avec la radio.

Sont également partagés entre la radio et la télé une interview politique avec Jean-Michel Aphatie le matin à 8 h 30 ; un talk-show, « Les Informés », le soir à 20 heures ; une émission sportive, « Le Clasico », à 21 heures ; et une émission politique le dimanche midi, présentée par Nicolas Demorand. Entre minuit et 6 heures, on retrouve l’antenne de France 24, consacrée à l’actualité internationale.

Le souci d’éviter les écueils de l’information en continu, comme le sensationnalisme ou le remplissage, résistera-t-il aux premières épreuves du feu ‘ Après l’attentat du 14 juillet sur la promenade des Anglais à Nice, une image inappropriée a été diffusée par France 2, suscitant des doutes sur la capacité de la télévision publique à tenir son engagement. « On ira vers la justesse et la prudence dans l’information », a promis la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, qui a néanmoins écrit cet été aux députés et sénateurs pour les rassurer après cet incident.

Leave A Reply