Fillette noyée à Berck , Je la berce je lui donne le sein. Puis je la pose…

Fillette noyée à Berck , Je la berce je lui donne le sein. Puis je la pose...

La présidente Claire Le Bonnois prévient le public : «
Nous allons passer les photos du corps de l’enfant sur la plage, je préfère le dire.
» Immédiatement, l’atmosphère s’alourdit dans la salle. Ce sera un nouveau moment d’assises, dramatique, douloureux.

Et voici le petit corps dans sa combinaison. Des yeux fixent les écrans, d’autres se détournent. Michel Lafon, le père de l’enfant, se prend la tête dans les mains. Il restera prostré, le front sur le bois de sa table, de longues minutes au premier rang de la salle, tandis qu’à quelques mètres de lui, Fabienne Kabou, la mère, son ex-compagne, n’a pas bronché. Elle est impassible. Bouleversée, peut-être, mais alors elle le cache bien.

L’accouchement « Un émerveillement »

Que se passe-t-il donc dans la tête de cette jeune femme qui a glacé toute la salle, quelques heures plus tôt, en faisant un récit totalement insensible de son crime
On le sait depuis la veille : elle a les mots pour dire les choses. Même les sentiments. Quand la présidente lui demande ce qu’elle a ressenti lors de son accouchement qu’elle a aussi raconté avec une distance stupéfiante , elle dit bien que c’était un «
émerveillement
». Mais si le mot est juste, le ton n’y est pas.

Et pas plus quand elle nous emmène dans le froid de cette soirée de novembre, sur la plage de Berck. Tout près des vagues montantes. «
Il fait très noir.
» Par trois fois, les nuages découvrent la lune. Et Fabienne avance, son enfant dans les bras, emmitouflée dans cette combinaison qui la protégeait du froid. «
Je la berce. Je lui donne le sein. Puis je la pose.
»

C’est net. Précis. On voit bien la scène, elle y met tous les détails, mais il y a là un manque béant, une extraordinaire faille qui fait mal, presque, à cette salle bouleversée, qui pense à cette enfant, qui la voit, qui la sent et voudrait encore la sauver. Mais c’est trop tard. Et la mère, imperturbable, continue : «
Elle est sereine. Devant son absence de réaction, et devant son silence, je m’enfuis.
»

Quel silence. C’est elle qui le brise
: «
Voilà ce qui s’est passé.
»

Elle n’a pas cillé. Un peu plus tard, elle aura quelques larmes. Mais sur elle, quand on revient sur la vie à trois, qui ne lui convenait pas. Quand elle veut revenir sur son antienne : «
Je n’étais pas dans mon état normal.
» C’est alors qu’elle pleure. Enfin : «
Sinon, je ne serais pas allée à Berck pour la noyer. Je l’aurais laissée au pied d’une église, à l’Assistance publique, j’avais mille et une occasions’
»

Elle s’appelait Adélaïde. Ses parents l’appelaient Ada. Ils sont au moins d’accord pour dire qu’elle était vive, très adroite. Ceux qui l’ont croisée disent qu’elle était très belle. Elle a vécu quinze mois.

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