En Syrie l’EI pris en tenaille entre les Kurdes et le régime

En Syrie l'EI pris en tenaille entre les Kurdes et le régime

Le Monde
| 06.06.2016 à 12h01
Mis à jour le
06.06.2016 à 18h38
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Par Christophe Ayad

Les combattants des forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD) et soutenues par Washington, n’étaient, dimanche 5 juin, plus qu’à 5 kilomètres de la ville syrienne de Manbij, l’une des places fortes de l’organisation Etat islamique (EI) et son principal axe de ravitaillement avec la frontière turque. En prenant Manbij, les FDS couperaient Rakka, la « capitale » de l’EI en Syrie, du seul poste-frontière qu’il contrôle encore avec la Turquie, celui de Djarabulus, à une trentaine de kilomètres plus au nord. C’est par cet axe que transitent combattants, armes et argent vers les territoires sous contrôle djihadiste, de plus en plus asphyxiés.

Cette offensive, débutée la semaine dernière, reçoit le soutien de la coalition contre l’Etat islamique conduite par les Etats-Unis, dont les avions ont mené neuf frappes sur des positions djihadistes dans la région de Manbij. Selon un journaliste de l’AFP, des soldats américains des forces spéciales ont été vus sur place aux côtés des FDS. Washington a reconnu que ses soldats étaient présents sur le terrain pour les conseiller, mais sans s’impliquer dans les combats.

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Outre Manbij, l’EI fait face à deux autres offensives dans la province de Rakka. Les FDS progressent depuis le nord et ne se trouvent plus qu’à une trentaine de kilomètres de la capitale de la province, aux mains des djihadistes depuis l’été 2013. Au sud, l’armée syrienne et ses supplétifs (libanais, irakiens et afghans), appuyés dans les airs par son alliée russe, sont entrés samedi dans le sud de cette province pour la première fois depuis deux ans.

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L’armée syrienne ne se trouve plus qu’à une quarantaine de kilomètres de Tabqa, sur l’Euphrate, où se trouvent une prison contrôlée par l’EI et un aéroport militaire. Lors de la capture de Tabqa par l’EI, en 2014, les djihadistes avaient exécuté 160 soldats syriens, provoquant l’indignation de l’opinion publique syrienne dans les zones sous contrôle gouvernemental.

Face à l’affaiblissement de l’EI, une course est désormais engagée pour savoir qui dirigera les territoires bientôt perdus par les djihadistes. Damas a clairement fait savoir qu’il n’était pas question de laisser le contrôle de ses territoires repris à l’EI à la rébellion kurde autonomiste du PYD. La Turquie, en guerre contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), dont le PYD syrien est une émanation, voit d’un mauvais il l’installation d’une enclave kurde autonome à sa frontière.

Enfin, les combats ont repris à Alep, où la rébellion arabe syrienne contrôle une partie de la ville depuis 2012. Après plusieurs semaines d’accalmie, le régime syrien a repris ses bombardements intensifs des quartiers orientaux de la ville. Au moins 40 civils ont été tués  32 en zone rebelle et 8 dans les quartiers gouvernementaux ‘ et 200 blessés dimanche.

Depuis jeudi, les 200 000 habitants des quartiers rebelles d’Alep sont totalement assiégés. La route de Castello, le seul axe qui les relie à la frontière turque, est en effet systématiquement visée par des tirs de l’armée syrienne et des miliciens kurdes du PYD, présents dans la région au nord de la métropole.

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