Emmanuel Macron démissionne pour entamer une nouvelle étape Michel Sapin lui succède

Emmanuel Macron démissionne pour entamer une  nouvelle étape  Michel Sapin lui succède

Dans une allocution depuis Bercy, vers 18h, Emmanuel Macron a fait allusion à plusieurs reprises à l’élection présidentielle, sans toutefois déclarer explicitement sa candidature. « Je suis déterminé à tout faire pour que nos valeurs, nos idées, nos actions puissent transformer la France dès l’année prochaine », a-t-il néanmoins dit pour conclure son intervention.

«Dans notre Ve République, le seul moment où les débats nécessaires pour décider ces transformations peuvent utilement avoir lieu sont les campagnes présidentielles», avait-il d’abord déclaré, assurant avoir démissionné du gouvernement après avoir «touché du doigt les limites de notre système politique», estimant que ces dernières avaient contrecarré sa volonté de réforme. Notre système «pousse à des compromis de dernière minute, car le travail d’explication est rarement mené. Il fait la part belle aux peurs des uns et des autres», a-t-il estimé.

 

Faisant le bilan de ses deux années passées au ministère de l’Economie et des Finances, Emmanuel Macron a regretté que certaines sociétés aient eu, malgré son action, à « connaître le chômage, comme Sambre et Meuse », mais il s’est félicité que d’autres aient « pu redémarrer, comme Arc International».

Démission à l’Outre-mer

Emmanuel Macron, démissionne «pour se consacrer entièrement à son mouvement politique» avait-on auparavant déclaré à l’Elysée, où a également été annoncée la démission pour «raisons personnelles» de la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin, qui sera remplacée par la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité réelle, Ericka Bareigts.

Il «n’entendait plus se conformer à ces règles»

L’entourage du chef de l’Etat a également précisé qu’Emmanuel Macron «a souhaité démissionner parce que le président avait fixé des règles très claires qu’il avait encore rappelées le 14 juillet sur la cohérence et l’efficacité de l’action gouvernementale». Or, Emmanuel Macron qui «voulait se consacrer entièrement à son mouvement politique, n’entendait plus se conformer à ces règles».

Avec Michel Sapin, François Hollande «a fait le choix de l’efficacité, avec un pilotage unique de Bercy», la «solution la plus simple et la plus efficace pour poursuivre la politique conduite depuis 2012», a-t-on encore commenté de même source.

Ont-ils parlé de la présidentielle «Non ils se sont concentrés sur l’action de l’exécutif, sa cohérence, son efficacité», a encore assuré l’entourage du président. Interrogé sur le virage à gauche souhaité par une partie du PS, on assure de même source que l’exécutif «continuera» à «suivre avec ténacité, détermination, efficacité» sa ligne actuelle.

Emmanuel Macron avait annoncé à ses collaborateurs mardi matin qu’il s’apprêtait à remettre sa démission. L’information avait d’abord été révélée par nos confrères du journal Les Échos , qui assurent que sa lettre de démission était prête depuis cet été.

Proche de M. Macron, le maire de Lyon, Gérard Collomb, a explicité devant des journalistes la démarche du futur ex-ministre: «la voie suivie aujourd’hui qui consiste à dire ‘on va attendre décembre pour savoir si Hollande y va’, c’est intenable car si personne n’est prêt, ce sera la débandade».

Provocations

Parmi les ministres les plus appréciés de l’opinion, M. Macron, 38 ans, multipliait depuis plusieurs mois les provocations, entre le lancement de son mouvement, «En marche», et ses déclarations tapageuses.

Il y a quelques semaines encore, il avait expliqué, aux côtés de Philippe de Villiers lors d’une visite au Puy-du-Fou, que «l’honnêteté (l’)obligeait à dire» qu’il n’était «pas socialiste».

Manuel Valls ne cachait plus non plus son agacement à l’égard de son ministre, qui lui disputait le créneau de la gauche réformiste.

L’ultime avertissement était venu de François Hollande lui-même, qui avait dû entamer la traditionnelle interview du 14 juillet par un énième recadrage, deux jours après un premier meeting parisien de son mouvement, En Marche, créé en avril.

Hollande défié par ses anciens ministres

Emmanuel Macron sera donc resté deux ans, quasiment jour pour jour, à Bercy où il avait été nommé en août 2014 après le tonitruant départ du gouvernement d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon, tous deux d’ores et déjà candidats à l’Elysée pour 2017.

Enarque de la promotion Senghor (2004) et jeune inspecteur des finances, il fUt aux côtés de François Hollande à l’Elysée durant les deux premières années du quinquennat, comme secrétaire général adjoint et conseiller pour les affaires économiques. Il est présenté comme l’un des inspirateurs du CICE et du Pacte de responsabilité, cette politique de l’offre honnie par la gauche du PS et ses alliés.

A Bercy, le jeune ministre a laissé son nom à une vaste loi «pour la croissance et l’activité» finalement adoptée, après des mois de débats, sans vote, au moyen du 49-3.

Mais au delà de ce texte aux vastes ambitions, ce sont surtout ses multiples déclarations iconoclastes qui avaient fini par constituer la marque de fabrique d’Emmanuel Macron.

La série avait débuté avant même sa prise de fonction, avec une interview publiée par Le Point dans laquelle il se disait favorable aux dérogations aux 35 heures par accord majoritaire.

M. Macron a aussi largement rempli les pages des journaux people, avec comme dernier épisode un reportage de Paris Match sur ses vacances à Biarritz avec sa compagne Brigitte. Sans négliger d’adresser quelques signes à la droite en évoquant les racines de la France lors de la fête de Jeanne d’Arc à Orléans et, plus récemment, en s’affichant au Puy-du-Fou.

Son départ du gouvernement renforce encore l’incertitude à gauche dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017. François Hollande n’entend pas dire avant la fin de l’année s’il souhaite solliciter un deuxième mandat, via la primaire organisée par le PS et prévue fin janvier.

Mais le président sortant, toujours très impopulaire dans les sondages, est d’ores et déjà défié par trois de ses anciens ministres: les socialistes Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, qui l’a encore appelé à renoncer mardi matin, et l’écologiste Cécile Duflot. Et si M. Hollande venait à renoncer, M. Macron risquerait en outre de croiser, sur la route de l’Elysée, un certain Manuel Valls qui a de nouveau peaufiné sa stature de recours lors d’un meeting lundi soir à Toulouse.

«C’est un coup de bambou»

L’annonce de la démission d’Emmanuel Macron a en tout cas suscité de nombreuses réactions, à gauche comme à droite. «C’est un coup de bambou» pour le chef de l’Etat, a regretté un ministre. «Pour François Hollande, c’est un rétrécissement nouveau de sa majorité», se désole un proche du président, quelques mois après la démission de Christiane Taubira. En revanche, pour un autre ministre, proche de M. Hollande, «ça clarifie les choses et les conséquences seront beaucoup plus faibles que s’il l’avait fait il y a quelques mois». «C’est tout sauf une surprise», a déclaré Olivier Faure, porte-parole du PS.

 

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