Emmanuel Macron candidat de l’extrême centre

Emmanuel Macron candidat de l'extrême centre

On ne le connaissait pas il y a deux ans. Aujourd’hui les Français placent Emmanuel Macron en position de battre Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, faisant mieux que Sarkozy et Hollande, dans un sondage Odoxa pour Le Parisien. Même les électeurs de gauche le préfèrent, de peu devant Martine Aubry, dans un sondage Viavoice pour Libération, jeudi.

Le phénomène est exceptionnel. Bien sûr la fusée pourrait exploser en vol, mais elle en dit déjà beaucoup sur les attentes de l’opinion. Ce décollage puissant et le choix de la trajectoire viennent confirmer le goût du jour pour les extrêmes et les transgressions. Une large partie des électeurs réclament une proposition politique qui casse les codes.

Selon un sondage, TNS Sofres-Onepoint pour Le Figaro, lundi, les candidats radicaux (M. Le Pen, J.-L. Mélenchon, N. Dupont-Aignan, N. Arthaud et Ph. Poutou), rassembleraient au premier tour de 48 % à 59 % des suffrages, selon les hypothèses. Le vote FN n’est pas nouveau, mais le phénomène s’aggrave et le vote Mélenchon progresse, comme si le salut était dans le repli ou l’affrontement classe contre classe.

Bien qu’antagonistes, les postures lepénistes et mélenchonistes s’appuient volontiers sur un affrontement peuple-élites ou peuple-oligarchie. Face à ce populisme symétrique, Emmanuel Macron ne choisit pas de ressusciter la très historique mais aussi très démocratique opposition entre la droite et la gauche. Il préfère un dépassement des clivages traditionnels.

Emmanuel Macron oppose à l’extrême droite et à l’extrême gauche, un extrême centre, où les centristes de droite pourraient rencontrer les centristes de gauche. Le projet du jeune ministre est ambitieux. Il veut créer deux nouveaux camps, d’un côté les progressistes, de l’autre les conservateurs, en rebattant totalement les cartes. Pour gagner l’élection reine, la sympathie de l’opinion ne lui suffira pas. Il devra s’appuyer sur un mouvement politique suffisamment puissant et hors des partis traditionnels. Il lui faudra donc rassembler partisans du libéralisme économique (plutôt à droite) et partisans d’un libéralisme culturel (plutôt à gauche), et jouer l’ouverture sur le monde. Le clivage qu’invente Emmanuel Macron est inédit : lui contre le reste du monde (politique).

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