Embarcation de migrants interceptée à Sangatte , deux passeurs interpellés

Embarcation de migrants interceptée à Sangatte , deux passeurs interpellés

Souvenez-vous : le samedi 6 février dernier vers 5 h 30, un migrant iranien était retrouvé en état d’hypothermie sur une plage de Sangatte. Pris en charge par les secours, il expliquait être parti de Dunkerque à bord d’une petite embarcation avec quatre autres compatriotes, dans l’espoir de rallier les côtes anglaises. Les sauveteurs en mer de la SNSM (*) de Calais secouraient alors les quatre hommes grâce à la lumière diffusée par le smartphone de l’un d’entre eux. Ils se trouvaient à cinq kilomètres des côtes françaises, entre Sangatte et le cap Blanc-Nez, en pleine tempête.

Depuis cette intervention, les deux passeurs suspectés d’avoir organisé ce passage ont été interpellés à Cherbourg. La police les a arrêtés en flagrant délit, «
alors qu’ils allaient organiser un passage par mer dans une petite embarcation, par ailleurs inadaptée, vers une ile anglo normande
», précise le procureur de Dunkerque Éric Fouard. «
Nous avions repéré le travail de cette équipe, comme habituellement par des surveillances physiques et des écoutes téléphoniques, les passeurs étant basés à Grande-Synthe, et emmenant des migrants de Grande-Synthe pour ces tentatives de passage
», poursuit-il. D’après une source proche de l’enquête, un troisième individu aurait été interpellé par la suite.

Ils étaient propriétaires de l’embarcation

Selon cette même source, ces hommes de nationalité iranienne étaient les propriétaires de l’embarcation secourue à Sangatte début février, à savoir un tout petit bateau de pêche en plastique, le Shnork, long de 3 m, et pourvu d’un moteur hors-bord. «
Lorsque
le mode opératoire a été connu, une information judiciaire a été ouverte afin de procéder à une interpellation rapide pour d’éviter toute traversée dans une zone très dangereuse. Cela a permis aussi de coordonner l’enquête sur deux lieux géographiques éloignés
», ajoute le procureur.

Les mis en cause ont été mis en examen pour aide à l’entrée et au séjour irrégulier en bande organisée, à la fois pour les passages organisés depuis Dunkerque et depuis Cherbourg. Un délit passible de dix ans d’emprisonnement. Ils ont été écroués.

Pour rappel, ce type de tentative de passage était jusqu’ici rarissime sur nos côtes : les migrants tentent traditionnellement de se cacher dans des camions en partance pour l’Angleterre. Le dernier fait du genre remontait à mai 2014, quand un migrant afghan avait tenté de traverser la mer du Nord à bord d’un radeau de fortune. On a pu observer toutefois de nouveaux faits ces dernières semaines : fin février et début mars sur les côtes de la Manche (lire ci-dessous), mais aussi le 31 mars dernier au large de Dunkerque : trois migrants (un père et ses deux fils) ont été secourus alors qu’ils se trouvaient à bord d’une embarcation gonflable. Ils étaient eux aussi de nationalité iranienne. Avec le retour des beaux jours, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord nous a d’ailleurs confié qu’elle craignait une augmentation de ces actes désespérés.

La presse normande confirme l’interpellation des deux hommes dans la nuit du 6 au 7 mars

Sur son site Internet, le gouvernement de Jersey a diffusé un communiqué, le 1er mars, concernant les tentatives de passages des migrants par mer. Le communiqué explique que la police de l’immigration à Jersey a été informée par les autorités françaises de la tentative de passage par des migrants de Barneville-Carteret (dans la Manche) à Jersey ou Guernesey, une semaine plus tôt, à bord d’un petit bateau. «
Les autorités françaises ont réussi à intercepter l’embarcation. Elles ont empêché les migrants de continuer ce qui aurait pu être un voyage dangereux, et les ont retenus pour les interroger.
» Le communiqué ajoute que les autorités jersiaises tout comme les autorités françaises ont renforcé leurs patrouilles de sécurité dans cette zone. Selon la presse locale française, la Préfecture de la Manche avait au même moment démenti toute interception de migrants en mer.

Une semaine plus tard en revanche, l’hebdomadaire normand La Manche libre et d’autres de leurs confrères relataient l’interpellation de trois passeurs étrangers en flagrant délit à Barneville-Carteret, dans la nuit du 6 au 7 mars, «
alors qu’ils s’apprêtaient à faire passer sept migrants vers Jersey
». L’article confirmait que cette interpellation, menée par la police aux frontières, «
s’inscrivait dans le cadre d’une commission rogatoire d’un juge d’instruction de Dunkerque. Juge devant lequel les trois passeurs ont été présentés jeudi 10 mars.
» Selon une source proche du dossier, trois personnes ont en effet été interpellées initialement dans la nuit du 6 au 7 mars. L’une d’elles a ensuite été relâchée.

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